Dunkerquois : la filière de la batterie conforte ses parties amont et aval
Le SPPPI (Syndicat permanent pour la prévention des pollutions industrielles) Flandre-Côte d’Opale, en commission «nouveaux projets» à Dunkerque le 18 décembre dernier, s’est penché sur les projets d’implantation d’une unité fabrication d’électrolyte pour batteries du coréen Enchem et sur celui d’une unité de recyclage de rebuts de batteries du Français Verkor.
La filière de la batterie continue de se déployer dans le Dunkerquois. Les bâtiments de la première usine géante de fabrication de batteries électriques, Verkor, sont désormais bien visibles à Bourbourg. Les essais de production doivent démarrer au premier semestre 2025 pour une livraison des premières batteries qui équiperont le modèle Alpine A390 de Renault début 2026. Dans son sillage, c’est tout un écosystème autour de la batterie qui se met en place : Projets d’implantation d’usines de fabrication de composants en amont et d’implantation d’unités de recyclage de batteries en fin de vie et de rebuts sortis d’usine en aval.
40 000 tonnes d'électrolyte par an pour Enchem
Deux de ces projets ont été examinés par le SPPPI-Flandre Côte d’Opale le 18 décembre dernier. Le premier est porté par le Coréen Enchem, qui ambitionne ni plus ni moins de devenir le leader mondial de l’électrolyte en 2025, composant indispensable au fonctionnement des batteries. Solution liquide le plus souvent, elle fait le lien entre les électrodes positives et négatives. Créé en 2012 en Asie, le groupe s’est rapidement développé en Chine et aux États-Unis. Il a ouvert une première usine en Europe, en Pologne, en 2020. Celle de Dunkerque, en proximité immédiate des usines géantes de fabrication de batteries Verkor et ProLogium, sera la deuxième et aura une capacité de production de 40 000 tonnes par an d’électrolyte. Ce matériau est composé à 80% de solvant, à 10% de sels de lithium et à 10% d’additif. Afin de stabiliser les approvisionnements et d’être compétitif, le Coréen a réalisé une joint-venture avec un groupe chinois, leader mondial de la fabrication de sels de lithium. Le groupe souhaite également, à terme, produire localement les additifs dont il a besoin.
Lors de sa présentation, le groupe a bien insisté sur sa volonté de «produire localement pour fournir localement» et de s’inscrire dans l’écosystème territorial de la batterie. Il a mis aussi en avant son expérience de plus de dix dans un process «qu’il maîtrise parfaitement» et conçu «pour réduire au maximum les émissions de CO2». Devant le sous-préfet de Dunkerque Frédéric Loiseau, qui animait la réunion, Enchem s’est peut-être montré un peu trop insistant sur la nécessité de construire l’usine au plus vite «afin d’éviter les importations de lithium chinois pour alimenter Verkor». Pince-sans-rire, le sous-préfet a répondu que «tout devait aller vite, peut-être, mais dans les règles surtout». Le groupe Enchem espère démarrer sa production en 2026, avec 80 salariés. En vitesse de croisière, la nouvelle usine devrait tourner avec environ 180 salariés d’ici 2030.
Une unité de recyclage pour Verkor
Le deuxième projet est porté par le Français Verkor. Sous l’anagramme REKOVR, le groupe souhaite implanter une unité de recyclage de rebuts de batteries au sein même de son usine géante. Avec une puissance de production de 16 GWh, les rebuts sont estimés de 5 à 6 000 tonnes par an. Et même à 20 000 tonnes, si l’usine passe à une puissance de 50 GWh d’ici 2030 comme le projet le prévoit.
L’unité de recyclage aura la double fonction de broyer les rebuts puis de trier les différentes matières obtenues : cuivre, aluminium, plastique, blackmass (dans lequel se trouve les métaux rares). Celles-ci seront ensuite envoyées vers des usines partenaires pour poursuivre le travail de recyclage et de valorisation. Pour Verkor, l’installation de cette unité de recyclage de premier niveau sur site répond à plusieurs objectifs : limiter les risques liés au déplacement de matières chimiques, simplifier la logistique et surtout éviter de faire sortir de l’usine de savoir-faire de Verkor. Le démarrage de l’unité est prévu en début d’année 2027 avec 25 personnes aux manettes.