Assises du port du futur à Dunkerque : les enjeux des «corridors verts» en débat
Le Assises du port du futur se sont déroulées à Dunkerque ces 24 et 25 septembre. Parmi les nombreux sujets abordés par les experts du secteur venus de toute la France et de l’Europe, les enjeux liés à la création de corridors maritimes verts, et plus globalement à la décarbonation du trafic maritime.
Les corridors verts, ces couloirs maritimes sur lequel se pratique le «zéro émission de CO2», devraient se multiplier ces prochaines années, tant la décarbonation du transport maritime - souvent décrié pour la pollution de l’air qu’il provoque -, est d’actualité. D’ailleurs, il est déjà acté que l’évolution de la réglementation va rendre obligatoire la propulsion des navires par carburants verts (électricité, hydrogène, Méthanol vert…) à l’horizon 2050.
Lors des Assises du Port du futur organisées par le Cerema, un établissement public relevant du Ministère de la transition écologique, une table ronde était consacrée à ce sujet. S’y est notamment exprimé Gauvain Haulot, directeur des liaisons Manche de la compagnie maritime danoise DFDS. Celle-ci opère les liaisons Dunkerque-Douvres et Calais-Douvres. Très engagée dans une stratégie globale de décarbonation, DFDS souhaite que l’ensemble des six ferries affectés à ces deux liaisons soient propulsés avec de l’énergie électrique d’ici 2035. «Parce que la mobilité de nos ferries représente 90% de l’ensemble de nos émissions de CO2», a-t-il précisé. Un milliard d’euros y seront consacrés. «Le temps de navigation très court sur ces trajets et les escales d’une heure à quai entre deux rotations font de la propulsion par batterie électrique le meilleur moyen de décarboner nos ferries. Mais pour cela, il faut bien sûr que les ports suivent, pour nous mettre à disposition les points de rechargement à vitesse rapide dont nous aurons besoin. C’est ce à quoi nous sommes en train de travailler».
À l’horizon 2050, c’est même l’ensemble de la flotte, soit une cinquantaine de navires, que DFDS veut décarboner en passant soit à l’électrique, soit à l’hydrogène, soit au méthanol vert, selon la distance à effectuer mais aussi le biocarburant qu’il sera possible d’obtenir en quantité suffisante d’ici là. «C’est l’un des enjeux majeurs de la décarbonation du transport maritime» a souligné Gauvain Haulot, rappelant, par exemple, que le port de Dunkerque est adapté pour fournir 3 MW quand il en faut 25 à 30 pour recharger chaque navire.
Vers le zéro émission sur les lignes transocéaniques
Claire Scharwatt, directrice des affaires publiques d’Amazon France en charge du développement durable, a, quant à elle, évoqué le groupement d’une trentaine d’entreprises américaines et européennes «ZEMBA», dont Amazon et IKEA font partie. «ZEMBA est une alliance d’acheteurs de transports décarbonés», a-t-elle expliqué. «À ce titre, nous avons lancé un appel d’offres pour le transport 'zéro émission' de 600 000 de nos conteneurs sur la ligne transocéanique Singapour-Rotterdam». C’est l’armateur basé à Hambourg Hapag-Lloyd, cinquième mondial, qui a remporté le marché grâce à ses navires propulsés au biométhane. «Nous avons lancé cet appel d’offres pour prouver que le 'zéro émission' était possible également sur des lignes transocéaniques», se félicite Claire Scharwatt. Un second appel d’offres sur une autre ligne devrait être fait d’ici la fin de l'année par le même groupement ZEMBA.
Pour les participants (plusieurs centaines de personnes), ces deux jours étaient également l’occasion d’évoquer d’autres sujets importants : l’innovation, l’adaptation au changement climatique ou encore les collaborations possibles entre les différents ports français. Des sujets sur lesquels le port de Dunkerque est très souvent engagé, voire à la pointe.