Du réveil musculaire à la production de champignons en conteneurs
Le 28 juin dernier, les Trophées de l’Economie responsable ont récompensé la créativité et l'audace, essentiellement de TPE-PME des Hauts-de-France. Comme quoi la RSE n’est pas que l’apanage des grands groupes.
Les Trophées récompensent la démarche RSE – Responsabilité sociétale des entreprises – selon six critères d’éligibilité : sa contribution à la performance économique de l’entreprise, le caractère innovant de la démarche, le caractère d’exemplarité et l’effet d’entraînement, les relations avec les parties prenantes, l’authenticité de la démarche, sa pérennité. Pour cette 24e édition à la Cité des échanges à Marcq-en-Barœul, Réseau Alliances, organisateur de l’événement, a innové avec l’élargissement du périmètre à la Picardie. Hasard du calendrier, il a voulu également se faire l’écho du projet de loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), dont l’une des 70 mesures présentées le 18 juin dernier en Conseil des ministres (puis au Parlement en septembre prochain) propose de «repenser la place de l’entreprise dans la société. Le Code civil et le Code de commerce seront modifiés afin de renforcer la prise en considération des enjeux sociaux et environnementaux dans la stratégie et l’activité des entreprises».
La RSE diffuse
Pour Philippe Vasseur, président de Réseau Alliances, «le projet de loi Pacte montre que l’on a gagné ! La RSE arrive de plus en plus dans l’entreprise. Au début, cela ne concernait que les grands groupes, aujourd’hui toutes les entreprises s’emparent du sujet». D’ailleurs, Réseau Alliances a pu lui-même ressentir l’accélération de cette prise de conscience : il regroupe 350 entreprises partenaires investies pour une économie plus responsable, dont 150 nouvelles sur ces deux dernières années. Thérèse Lebrun, présidente d’honneur de l’Université catholique de Lille et présidente du Comité d’agrément des trophées pour la quatrième année, fait le même constat : «Depuis ces dernières années, la RSE devient un caractère intrinsèque de l’entreprise. Elle diffuse et n’est plus un élément complémentaire. On le voit notamment chez les start-up qui n’ont pas encore pu faire leurs preuves d’un point de vue économique mais qui sont d’abord guidées par cette démarche RSE.» D’ailleurs, sur quatorze trophées, deux seulement ont été remis à des grands groupes, dont Boulanger pour sa volonté de transformer l’entreprise grâce à son concept «Aventure humaine». Les PME-TPE ont été clairement valorisées lors de ce rendez-vous annuel. Philippe Vasseur a conclu la soirée par l’annonce du prochain World Forum for a Responsible Economy à Lille, sur la thématique «Entreprises et territoires : la nouvelle donne mondiale», les 16, 17 et 18 octobre prochains.
Auddicé aide la biodiversité à s’exprimer
Louis-Philippe Blervacque est le fondateur d’Auddicé – Roost-Warendin (59). Il a reçu le Trophée de l’Economie responsable mention Or dans la catégorie des entreprises de 20 à 100 salariés. Ce bureau d’ingéniérie en biodiversité accompagne les entreprises dans la valorisation de leurs espaces verts, en France et à l’étranger. «Ce trophée est un encouragement pour les collaborateurs qui s’investissent dans cette démarche depuis plus de dix ans. Gestion alternative des eaux pluviales, récupération des eaux de la toiture dans des mares avec création d’un écosystème animal (libellules, tritons, grenouilles …), haies diversifiées, vergers de maraude, prairies fleuries … voici ce que l’on installe dans les parcs d’entreprises ou des ZAC (zone d’aménagement concerté), pour en faire des espaces agréables où la biodiversité peut s’exprimer.»
T&B vergers et son réveil musculaire
David Varras est le dirigeant de T&B Vergers – Saulty (62). Il a obtenu le Trophée de l’Economie responsable mention Or dans la catégorie des moins de 20 salariés. La société produit et conditionne des pommes et poires sur 30 ha en agriculture raisonnée et biologique, avec une stratégie qui s’appuie sur le bien-être de ses salariés. «On a cherché pendant longtemps comment réduire les maux physiques liés aux TMS (troubles musculo-squelettiques) et comment donner un sens à l’entreprise pour que tous les collègues puissent se retrouver, parler d’autre chose que leur travail et qu’ils soient épanouis. Cela passe par le changement de machines pour qu’elles soient plus performantes, mais aussi par le respect du corps avec le réveil musculaire matinal, des ateliers de relaxation, de massage, d’ostéopathie, qui permettent de réduire les TMS. Nous accompagnons également l’association Artois autisme 62, avec la volonté de créer un parc au sein de nos vergers pour faire découvrir la permaculture aux personnes autistes et leurs familles.»
Domaine du Val, premier trophée picard
Xavier Menneson est le gérant du Domaine du Val – Grand-Laviers (80). Il a gagné le Trophée de l’Economie responsable mention Bronze dans la catégorie des moins de 20 salariés. Cette résidence de tourisme est située à 15 km de la baie de Somme. «Je suis le premier Picard à avoir eu ce prix qui, habituellement, était réservé au Nord – Pas-de-Calais. C’est une vraie reconnaissance du travail lancé en 2005. Au départ, on faisait de la RSE sans le savoir, puis on a commencé à structurer la démarche, qui est sans fin. Par exemple, nous avons mis en place une convention avec une ressourcerie qui recycle notre vieux mobilier au lieu de le déposer à la déchetterie. Un potager bio a également été créé, pour recycler nos déchets verts via notre composteur et animer des ateliers avec les enfants. Cela apporte une satisfaction immatérielle aux touristes de passage et c’est un avantage concurrentiel, notamment sur le marché des séminaires. Il y a de plus en plus d’entreprises qui nous sélectionnent grâce à cette démarche RSE.»
Pleurette, la revalorisation tant des matières que des lieux
Jürgen Engerisser est président de Pleurette – Lomme (59). Il a été récompensé du Trophée de l’Economie responsable mention Coup de cœur du jury dans la catégorie Espoirs de la RSE. L’entreprise cultive des champignons en carrière et dans d’anciens conteneurs maritimes, tout en recyclant le marc de café des restaurateurs lillois. «Ce prix est encourageant car notre manière d’entreprendre, de valoriser les matières et les lieux est exigeante. Notre politique RSE s’appuie sur notredémarche de reverse logistic auprès de nos clients de la restauration, pour éviter qu’une camionnette revienne à vide par exemple. C’est aussi l’innovation produit, avec la vente de nouveaux produits apéritifs dînatoires, fabriqués à partir de résidus de champignon, dès la rentrée. Enfin, ça passe également par une qualité de vie au travail, avec le souci de la diversité des tâches de chacun et une gouvernance collective.»
Palmarès
- Entreprises de plus de 1 000 salariés : Boulanger 59 Lesquin (mention Or) et SNCF mobilités Hauts-de-France 59 Lille.
- Entreprises de 20 à 100 salariés : Auddicé 59 Roost-Warendin (mention Or) et Davigel – Sysco France 59 Lomme.
- Entreprises de moins de 20 salariés : T&B vergers 62 Saulty (mention Or), Maison Canler 62 Campagne-les-Wardrecques, Le Colonel Moutarde 59 Lille, Le Domaine du Val 80 Grand-Laviers.
- Espoirs de la RSE (entreprise de moins de 3 ans) : Pleurette 59 Lomme (Coup de cœur du jury), Citéliv 59 Lille, Cozyair 59 Villeneuve-d’Ascq, Etnisi 59 Marcq-en-Barœul (Coup de cœur de l’économie circulaire), La vie est belt 59 Tourcoing, Les Petits Radis 59 Villeneuve-d’Ascq (Coup de cœur innovation sociale).