Du local au planétaire

La ville de Grande-Synthe accueillera les 26, 27 et 28 septembre prochains les 2es Assises nationales de la biodiversité. Capitale française de la biodiversité, la ville se démène pour incruster au sein de l’urbain une approche différente de la richesse globale des milieux naturels et humains.

La ville s’est souvent montrée pionnière dans d’autres domaines, que ce soit comme site pilote du dispositif Développement social des quartiers ou avec la première télévision locale de France au début des années quatre-vingt. Industrielle, la commune a vécu un développement exponentiel, passant de 2 000 à 26 000 habitants en 30 ans. Longtemps considérée comme la banlieue ouest de Dunkerque, elle s’aff irme aujourd’hui comme pôle national de la défense de la biodiversité dans les villes en étant l’hôte des 2es Assises nationales de la biodiversité après avoir été élue en 2010 Capitale française de la biodiversité.

D’Usinor au développement durable. Il y a un peu plus d’un demi-siècle, Grande- Synthe accueillait un des plus grands sites industriels d’Europe, l’usine sidérurgique d’Usinor (devenue Sollac, puis Arcelor, puis Mittal). Dizaines de milliers d’emplois, construction massive (tours et barres d’immeubles) : c’était les 30 glorieuses. Riche de cette histoire, la ville ne craint pas de jouer également, et sans paradoxe, sur la corde durable et environnementale. Son maire et conseiller régional, Damien Careme, qui rentre par ailleurs du Sommet de Rio, explique : “Il y a eu les 1res Assises à Pau. J’ai proposé Grande-Synthe et cela a plu au jury au regard de l’environnement industriel.”

12 tables rondes, 4 ateliers et 2 plénières. La culture environnementale commence à se développer en ville alors que les gouvernements restent pourtant d’une grande frilosité face à l’urgence. “Les gouvernements disent aux collectivités : allez-y, faites ce qu’il faut, vous êtes le bon échelon…” mais les financements ne suivent pas vraiment en temps de disette. Membre active de l’association Les Eco Maires, la commune pioche et abonde dans cette “boîte à outils” qu’est la structure pour les collectivités. Les ambitions ? “Préserver la biodiversité en milieu urbain. Améliorer la gestion des espaces verts. Reconquérir et réformer les friches industrielles. Recréer les corridors écologiques. Structurer la filière des métiers liés à la biodiversité. Etudier l’impact de la biodiversité sur la santé. Optimiser la protection des sols. Evaluer les avancées de la recherche et les innovations en matière de biodiversité. Dégager les outils transversaux pour des actions de coopération transfrontalière. Décliner de manière opérationnelle la Stratégie nationale pour la biodiversité à l’échelle régionale. Trouver les synergies entre biodiversité et les pratiques agricoles”. Un travail pour l’actuel millénaire sur lequel vont plancher les participants aux Assises à travers 12 tables rondes, 4 ateliers publics et associatifs et 2 séances plénières.

Une population “aiguillon”. Les problématiques sont connues, les pistes dégagées. Il s’agit de “repenser la ville en réduisant sa dépendance au pétrole”, et “agir sur les causes du réchauffement climatique à l’échelon local et limiter l’érosion de la biodiversité”. Si les villes doivent prendre une place centrale, c’est parce qu’elles abritent, certes, le plus grand nombre d’habitants, mais aussi parce qu’elles sont dotées d’instruments de gouvernance affermis par le désengagement des Etats. Les élus, les entreprises, les acteurs publics et associatifs seront présents pour partager leurs expériences qui feront l’objet d’un livre vert. Parmi les intellectuels présents, on comptera Jean Marie Pelt, botaniste et fondateur de l’Institut écologique européen (IEE), le philosophe Pierre Rabhi et le couple d’agronomes Claude et Lydia Bourguignon. Ils réfléchiront sur la manière d’intervenir sur les causes du réchauffement climatique à l’échelon local, de limiter l’érosion de la biodiversité, de réduire la dépendance des villes à l’égard du pétrole ou encore de partir à la reconquête des friches industrielles encore nombreuses dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour ce faire, le maire de Grande- Synthe promeut une méthode : “C’est la population qui doit aiguillonner les pouvoirs publics. On a aussi besoin de médiatiser ces choses et de rendre les journalistes acteurs de ce débat. D’autre part, j’aimerais qu’on discute d’une autre manière d’appréhender la biodiversité et d’évaluer ce qu’on lui doit en termes de création de richesses.