Du conjoncturel au structurel…

Former aux réels besoins de compétences des entreprises et au plus proche des territoires ! La maxime est bien connue et elle est redondante chez tous les acteurs régionaux de la formation et des politiques qui entendent insuffler la meilleure dynamique en la matière. 

Les mutations sociétales et les nouveaux codes comportementaux entrepreneuriaux entraînent l’arrivée de nouvelles ingénieries pédagogiques, histoire de tenter de capter des postulants aux multiples formations aujourd’hui présentes dans la sphère régionale. Un regorgement d’offres lié à l’anticipation des besoins actuels et à venir au niveau des différentes filières stratégiques identifiées à l’échelle régionale à l’image du nucléaire, de l’hydrogène, de l’économie circulaire ou encore de la décarbonation industrielle. Si les entreprises font face aujourd’hui à des difficultés de recrutement, les organismes de formation (de toutes tailles privé ou public) apparaissent eux-mêmes confrontés à un manque de postulants. Manque de motivation, nouvelles aspirations au niveau de l’évolution professionnelle, nouvelles priorités, sans doute mais à côté de ces freins d’ordre sociétal, un problème plus que sous-jacent s’impose. «Nous sommes dans un contexte de dépression démographique, il y a un manque de postulants évident. C’est à nous d’aller vers les publics pour tenter de les capter et surtout les accompagner dans leurs démarches de formation en levant tous les freins qu’ils peuvent rencontrer que cela soit en matière de mobilité ou autres. Le problème n’est plus seulement conjoncturel, il est tout simplement structurel», assure le directeur régional d’un organisme de formation. La dernière enquête sur la démographie de l’Insee, parue mi-avril l’atteste. En 2023, le nombre de décès est supérieur à celui des naissances dans la région. Ce déficit naturel se creuse. La forte diminution des naissances est quasi historique. Avec 5 570 000 habitants au 1er janvier 2024, le Grand Est fait partie des régions où le nombre d’habitants stagne ou diminue légèrement ces trois dernières années. Une érosion démographique plus qu’interrogative à l’heure où le vieillissement de la population active va aboutir à des départs à la retraite massifs dans les années à venir. Former est crucial, mais former qui ?