Droits de douanes: la Chine toujours menacée par Trump, répit pour le Canada et le Mexique

Donald Trump a suspendu pour un mois son projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique et doit parler avec Pékin mardi, dans un contexte d'inquiétude quant à la perspective...

Le président américain Donald Trump à la base Andrews dans le Maryland, aux Etats-Unis, le 2 février 2025 © Jim WATSON
Le président américain Donald Trump à la base Andrews dans le Maryland, aux Etats-Unis, le 2 février 2025 © Jim WATSON

Donald Trump a suspendu pour un mois son projet d'imposition de droits de douane au Canada et au Mexique et doit parler avec Pékin mardi, dans un contexte d'inquiétude quant à la perspective d'une guerre commerciale nuisible à l'économie mondiale.

La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum et le Premier ministre canadien démissionnaire Justin Trudeau ont tous deux conclu lundi des accords de dernière minute avec M. Trump pour renforcer les contrôles aux frontières afin de limiter l'afflux de migrants et de fentanyl - un opioïde meurtrier - aux Etats-Unis.

Le milliardaire républicain menaçait ses deux voisins d'instaurer des droits de douanes de 25% sur leurs produits s'ils n'entreprenaient rien dans ce domaine. Il a accepté de temporiser, en se disant "très satisfait" des négociations avec M. Trudeau et en saluant sa "conversation amicale" avec Mme Sheinbaum.

Par ailleurs, concernant la Chine, "il est prévu qu'il s'entretienne avec le président Xi (Jinping) dans les prochaines 24 heures", a assuré lundi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

Dans ce contexte, les marchés asiatiques ont rebondi mardi matin, l'indice Nikkei gagnant 1,50% à 39.097 points à Tokyo et le Hang Seng de 3,11% à 20.846 points à Hong Kong.

M. Trump menace d'imposer 10% supplémentaires sur les droits de douane déjà existants pour la Chine.

"Les guerres commerciales ne font pas de gagnant", a rappelé lundi l'ambassadeur chinois à l'ONU, Fu Cong, ajoutant qu'il ne pensait pas que rehausser les droits de douane "bénéficie aux Etats-Unis eux-mêmes".

- Soldats supplémentaires - 

Donald Trump, qui a déclaré à de nombreuses reprises que "tariff" (droit de douane) était l'un des plus beaux mots du dictionnaire, y a recours comme une arme de négociation pour obtenir des concessions politiques.

Pour tenter de l'amener à de meilleurs sentiments, le Mexique s'est engagé à envoyer 10.000 soldats supplémentaires à la frontière avec les Etats-Unis.

Le Canada a lui promis de nommer un responsable entièrement dédié à la lutte contre le trafic de fentanyl, de lancer une force d'intervention conjointe avec les Etats-Unis contre le crime organisé et d'inscrire les cartels mexicains sur sa liste des organisations terroristes.

L'ampleur des changements concédés par le Canada n'était pas immédiatement claire. Car, outre ces annonces, M. Trudeau a simplement confirmé la mise en œuvre d'un plan annoncé depuis des semaines. Il prévoit 1,3 milliard de dollars canadiens pour renforcer les contrôles à la frontière, notamment avec "de nouveaux hélicoptères" et "plus de personnel".

Au final, "près de 10.000 agents sont et seront sur le terrain pour protéger notre frontière", a assuré le Canadien.

Les marchés financiers avaient terminé dans le rouge lundi, effrayés par la perspective d'une vaste guerre commerciale et les promesses de représailles du Canada et du Mexique.

Un tel scenario fait craindre des pertes d'emplois et des augmentations de prix dans toute l'Amérique du nord. 

La tension était particulièrement vive au Canada, que M. Trump aimerait voir devenir le 51e Etat américain.

Calmer les esprits

M. Trudeau avait encouragé les Canadiens à acheter des produits locaux et à passer leurs vacances sur le sol national, et des listes de produits américains à boycotter circulent largement.

Le compromis annoncé a convaincu la province de l'Ontario, poumon économique du Canada, de renoncer lundi soir à bannir les entreprises américaines des contrats publics.

"Nous avons temporairement évité des droits de douane qui auraient gravement endommagé notre économie, donnant du temps aux négociations et pour permettre aux esprits de se calmer", a déclaré Doug Ford, le Premier ministre de l'Ontario.

Le Mexique, le Canada et la Chine sont les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis et représentent au total plus de 40% des importations du pays.

Lundi, le conseiller économique de la Maison Blanche Kevin Hassett a indiqué sur CNBC que la question n'est pas celle d'une guerre commerciale mais d'une "guerre contre la drogue".

La production de précurseurs chimiques du fentanyl en Chine, ensuite utilisés par les cartels mexicains pour fabriquer cet opioïde de synthèse meurtrier, est un phénomène bien documenté.

En revanche, le rôle du Canada dans ce trafic est extrêmement limité. Selon les chiffres officiels des services frontaliers américains, moins de 1% du fentanyl saisi aux Etats-Unis l'année dernière est arrivé du Canada.

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