Droits de douane: Trump promet un happy end aux Américains

Le président Donald Trump a une nouvelle fois défendu jeudi son offensive douanière visant à rapatrier de la production aux Etats-Unis, même si elle s'accompagne d'un "coût", de...

Droits de douane: Trump promet un happy end aux Américains

Le président Donald Trump a une nouvelle fois défendu jeudi son offensive douanière visant à rapatrier de la production aux Etats-Unis, même si elle s'accompagne d'un "coût", de "problèmes", et de marchés en berne.

"La transition aura un coût et posera des problèmes, mais en fin de compte, ça sera une bonne chose", a assuré le président américain en Conseil des ministres. 

Le ministre des Finances Scott Bessent a affirmé pendant cette même réunion qu'il ne voyait "rien d'inhabituel aujourd'hui" sur les marchés.

A rebours des places asiatiques et européennes, Wall Street a terminé en net recul jeudi. Le Dow Jones a perdu 2,50%, l'indice Nasdaq a reculé de 4,31% et l'indice élargi S&P 500 de 3,46%.

Le pétrole et le dollar ont aussi fondu face aux craintes de ralentissement mondial de l'activité. L'or a franchi un nouveau record.

Les marchés ont réagi négativement après que la Maison Blanche a clarifié l'ampleur de la surtaxe frappant désormais les produits chinois: 145%. 

Ils avaient caressé l'espoir d'une désescalade dans la guerre commerciale lancée par Donald Trump.

Mercredi, le président américain a offert un peu de répit à près de 60 partenaires commerciaux des Etats-Unis, délestés pour 90 jours d'une surtaxe punitive sur leurs exportations vers la première puissance mondiale.

Ils restent toutefois visés depuis le 5 avril par 10% de droits de douane additionnels.

Face à la détermination de Pékin à rendre quasiment coup pour coup, Donald Trump a dans le même temps concentré ses flèches sur la Chine et alors annoncé 125% de droits de douane additionnels. 

La Maison Blanche a précisé jeudi, via un décret présidentiel, que cela porterait en fait la surtaxe sur le "made in China" à 145%, en tenant compte d'autres droits de douane de 20% mis en place par le milliardaire républicain pour punir la Chine d'héberger sur son sol des ateliers jouant un rôle dans la production de fentanyl, un opioïde responsable d'une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.

Autres subtilités: cette surtaxe touchera la majorité des produits chinois mais pas tous (les semiconducteurs sont exemptés par exemple), et arrive en supplément des droits de douane qui existaient avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Très intelligente

Désormais isolées dans leur combat face à l'administration américaine, les autorités chinoises ont continué jeudi de tenir tête à Washington, promettant de "se battre jusqu'au bout" tout en se montrant disposées à rechercher un compromis.

"La porte est ouverte pour des négociations, mais ce dialogue doit être mené sur un pied d'égalité et basé sur le respect mutuel", a prévenu le ministère chinois du Commerce.

Les autres pays ont préféré faire profil bas. 

L'Asean, bloc régional regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est, dont le Vietnam et le Cambodge, s'est engagé jeudi à "ne pas imposer de mesures de rétorsion" contre les Etats-Unis.

L'Union européenne a de son côté suspendu sa riposte pour "donner une chance aux négociations", selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

"Si les négociations ne sont pas satisfaisantes, nos contre-mesures [sur les produits américains] entreront en vigueur", a-t-elle cependant assuré.

La décision de l'UE a été qualifiée de "très intelligente" jeudi par Donald Trump. 

Un autre monde

Avec ses droits de douane, le locataire de la Maison Blanche pense avoir trouvé la martingale pour relocaliser des activités aux Etats-Unis, encaisser des recettes publiques sur le dos des importations, et pousser les pays à ouvrir leurs portes aux produits américains.

D'après Donald Trump, plus de 75 pays se sont d'ores et déjà manifestés pour négocier avec les Etats-Unis. 

Mais, selon le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, les pays ne savent pas "comment négocier" avec les Etats-Unis car "il n'y a pas de théorie économique derrière ce qu'il [Donald Trump] fait".

"C'est un autre monde", a-t-il déclaré dans une interview avec l'émission indépendante Democracy Now!

Sa politique douanière pousse les autres pays à resserrer leurs liens. L'UE a ainsi annoncé jeudi que les Vingt-Sept allaient démarrer des négociations avec les Emirats arabes unis en vue d'un accord de libre-échange.

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