Droits de douane: les producteurs indonésiens d'huile de palme en quête de nouveaux débouchés

Les entreprises indonésiennes d'huile de palme sont en quête de nouveaux marchés en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient afin d'amortir l'impact de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, a indiqué à l'AFP un dirigeant de...

Indonesia accounts for more than half the global supply of the edible oil, used in making foods such as cakes, chocolate, and margarine as well as cosmetics, soap and shampoo © WAHYUDI
Indonesia accounts for more than half the global supply of the edible oil, used in making foods such as cakes, chocolate, and margarine as well as cosmetics, soap and shampoo © WAHYUDI

Les entreprises indonésiennes d'huile de palme sont en quête de nouveaux marchés en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient afin d'amortir l'impact de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, a indiqué à l'AFP un dirigeant de cette industrie cruciale pour l'économie de l'archipel. 

L'Indonésie est le premier producteur mondial d'huile de palme, utilisée à la fois dans les gâteaux, la pâte à tartiner ou la margarine mais aussi dans les cosmétiques, le savon et le shampoing. 

Le géant d'Asie du Sud-Est assure plus de la moitié de l'approvisionnement mondial.

Mais les droits de douane de 32% qu'a imposés le président américain à l'Indonésie en font l'un des pays asiatiques les plus durement touchés, même si Donald Trump a fait marche arrière mercredi en gelant ces mesures pendant 90 jours.

Malgré ce revirement, les producteurs affirment que l'incertitude les oblige à chercher d'autres débouchés.

"Cela nous donne effectivement le temps de négocier… afin que les produits puissent encore y entrer (aux Etats-Unis, ndlr). Je pense que c'est une très bonne chose", a déclaré jeudi Eddy Martono, président de l'Association indonésienne de l'huile de palme (GAPKI).

Mais il a averti que la diversification du marché "doit encore être faite" pour éviter l'impact des droits de douane s'ils entrent en vigueur ultérieurement, ajoutant que les entreprises se tourneraient vers l'Afrique, en particulier l'Egypte, premier importateur, le Moyen-Orient, l'Asie centrale et l'Europe de l'Est.

"Nous ne devons pas dépendre uniquement des marchés traditionnels", a-t-il martelé.

Les exportations indonésiennes de produits à base d'huile de palme vers les États-Unis ont augmenté régulièrement ces dernières années, passant de 1,5 million de tonnes en 2020 à 2,5 millions en 2023, selon les données du GAPKI.

M. Eddy appelle Jakarta à maintenir sa domination sur ce marché par le biais de négociations, d'autant plus que son rival, la Malaisie, se voit appliquer des tarifs douaniers plus bas.

"La part de marché de l'huile de palme indonésienne aux États-Unis est de 89 %, un chiffre très élevé. C'est ce que nous devons maintenir", a-t-il souligné.

Selon les données du gouvernement indonésien, les Etats-Unis étaient le quatrième plus gros importateur mondial d'huile de palme en 2023, derrière la Chine, l'Inde et le Pakistan.

Secteur vital

Le patron du GAPKI reste convaincu que la première puissance mondiale aura toujours besoin d’huile de palme indonésienne, même si aucun accord n'est conclu à l'expiration du délai de 90 jours.

"C'est toujours une nécessité pour l'industrie alimentaire. Je pense que nos exportations vers les Etats-Unis vont légèrement diminuer, ou du moins stagner", a-t-il prévenu, tout en relevant que "les premiers touchés, ce sont les consommateurs américains, car leurs principaux produits alimentaires ont besoin d’huile de palme".

Pour soutenir un secteur vital, la ministre indonésienne des Finances, Sri Mulyani, a déclaré qu'elle réduirait la taxe à l'exportation sur l'huile de palme brute.

Une annonce saluée par M. Eddy pour qui la menace des droits de douane reste forte. 

Même inquiétude pour Mansuetus Darto, président du Conseil national du syndicat des producteurs d'huile de palme (SPKS), pour qui la hausse de ces taxes à l'importation aura un impact considérable si aucun accord n'est conclu.

"La matière première d'huile de palme va s'accumuler et les agriculteurs ne pourront plus récolter à cause de la surcapacité des usines existantes", avait-il mis en garde avant la pause annoncée par Donald Trump.

Plutôt que la riposte, le président indonésien Prabowo Subianto, tout comme ses homologues de la région, a opté pour la négociation et va dépêcher une délégation prochainement à Washington.

Le ministre de l'Economie Airlangga Hartarto a annoncé que Jakarta augmenterait ses achats de produits américains tels que le gaz naturel liquéfié et le gaz de pétrole liquéfié pour combler le déséquilibre de la balance commerciale entre les deux pays, les Etats-Unis présentant un déficit avec l'Indonésie.

Autant de raisons d'espérer pour l'industrie indonésienne de l'huile de palme qui, faute d'accord, sera obligée de chercher de nouveaux marchés.

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