Double jus dans les batteries de Renault

Fin octobre, le site Renault de Douai lançait la mise en service du premier Advanced Battery Storage (ABS). Un projet d’intégration de système énergétique où les batteries des véhicules électriques permettent des capacités de stockage qui rationalisent et assouplissent les consommations d’électricité.

Le projet de seconde vie des batteries Renault, une piste d’avenir. (©Aletheia Press / MR)
Le projet de seconde vie des batteries Renault, une piste d’avenir. (©Aletheia Press / MR)

«Ce n’est pas du recyclage», fait-on savoir chez Renault, c’est une seconde vie. Pour une voiture électrique de type Zoé, la batterie vit entre 15 et 20 ans, avec des performances de propulsion étalonnées sur 70% de l’état de santé de la batterie. Cette dernière peut être réparée ou changée pendant le cycle de vie du véhicule. Sa seconde vie, c’est le stockage et la régulation du réseau électrique. Une idée simple qui, démultipliée par le nombre des batteries, peut servir à plusieurs choses : stabiliser le réseau (pour faire plus de place à l’énergie produite la journée) et emmagasiner de l’énergie. «On est en double emploi avec nos batteries», indique-t-on chez Renault eWays, filiale du constructeur au losange. Synthétiquement, il s’agit de «gérer les écarts entre la consommation et la production d’électricité afin d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Il s’agit de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande sur le réseau d’électricité en intégrant différentes sources d’énergie dont les capacités de production sont intermittentes». Et c’est l’usine Georges Besse de Douai qui accueille la première installation. La filiale Renault eWays devrait construire plusieurs sites dont le total de production avoisinerait 50 MW/h. A Douai, un dixième du chemin sera réalisé grâce au partenaire japonais NIDEC ASI, intégrateur et fournisseur de solutions de stockage.

Un développement en France et en Grande-Bretagne

Le projet ABS est dans les intentions du constructeur depuis 2018, même si Renault a fabriqué sa première batterie en 2009. Aujourd’hui, on dénombre 350 000 véhicules électriques Renault en Europe (dont les Zoé et la dernière-née Twingo). «Même si leur durée de vie est longue, on va voir arriver de plus en plus de batteries. Il faut donc anticiper», souligne Yvan Chenot, attaché de presse du projet ABS. Renault eWays développe cette valorisation en Grande-Bretagne où le premier SmartHubs a émergé. Mieux, le constructeur n’attend pas l’arrivée des batteries issues de son parc ; il commence à en fournir en partenariat avec la Banque des territoires, le Fonds de modernisation écologique des transports géré par Demeter, et la start-up allemande The Mobility House. Dans le West Sussex, Renault Eway intégrera à terme des systèmes de production et de stockage d’énergie multiforme et à destination d’une consommation générale. Sur place, le partenariat est transversal : le consortium est dirigé par Connected Energy avec les partenaires Moixa, PassivSystems, ICAX, l’Université de Newcastle, le conseil du comté du West Sussex et Innovate UK.