Dix-huit ans de réclusion pour l'ex-jihadiste toulousain Jonathan Geffroy
Le "repentir" revendiqué de l'ex-jihadiste toulousain Jonathan Geffroy n'a pas convaincu la cour d'assises spéciale de Paris qui a condamné en appel l'ancien combattant de l'organisation Etat islamique (EI) à 18 ans de réclusion criminelle...
Le "repentir" revendiqué de l'ex-jihadiste toulousain Jonathan Geffroy n'a pas convaincu la cour d'assises spéciale de Paris qui a condamné en appel l'ancien combattant de l'organisation Etat islamique (EI) à 18 ans de réclusion criminelle assortie d'une période de sûreté des deux tiers.
C'est exactement la peine qu'avait réclamé l'avocate générale à son encontre et dont avait déjà écopé M. Geffroy en première instance.
L'épouse marocaine de M. Geffroy, Latifa Chadli, qui comparaissait libre, a été condamnée pour sa part à cinq ans de détention dont trois ans assortis d'un sursis probatoire de trois ans. Ayant passé deux ans en détention provisoire entre septembre 2017 et septembre 2019, elle ne retournera pas en prison.
L'avocate générale avait requis contre elle sept ans de prison avec mandat de dépôt.
Mère de deux enfants français, elle échappe à l'expulsion du territoire systématiquement prononcée pour les ressortissants étrangers dans les affaires de terrorisme, a rappelé la présidente en prononçant son verdict.
"Je ne suis pas quelqu'un de dangereux", n'a cessé de proclamer M. Geffroy durant l'audience. "J'ai toujours cherché à être droit et coopératif avec la justice", a-t-il insisté sans convaincre la cour malgré des rapports pénitentiaires qui indiquent qu'il se refuse à tout prosélytisme en prison.
Il a accueilli le verdict debout dans son box, avec abattement.
Jonathan Geffroy "n'est ni un repenti, ni un collaborateur de justice", avait affirmé l'avocate générale dans ses réquisitions, "il cherche à servir au mieux ses intérêts et n'a jamais voulu solder ses comptes avec la justice française".
Le couple qui avait rejoint la zone irako-syrienne avec leur enfant âgé de trois mois en février 2015 était jugé en appel pour association de malfaiteurs terroriste et et "abandon matériel et moral de mineur".
Noyer le poisson
Originaire de Toulouse, converti à l'islam et rapidement radicalisé au contact de futurs jihadistes de l'EI comme Quentin Lebrun ou Chahid Tahiri, Jonathan Geffroy, 41 ans, avait rejoint la Syrie en février 2015 après un long séjour en Egypte où il a notamment rencontré Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah qui assassina en 2012 à Toulouse et Montauban, trois militaires ainsi que trois enfants et un enseignant juifs.
Au cours de l'audience, il a prétendu s'être rendu en zone irako-syrienne pour "faire de l'humanitaire" et devenir "ambulancier".
En réalité, Jonathan Geffroy a servi dans les rangs de la katiba (brigade) Anwar al-Awlaki, un détachement de l'EI regroupant quelques dizaines de Français dont les frères Jean-Michel et Fabien Clain, deux responsables de la propagande de l'EI qui ont revendiqué les attentats du 13 novembre 2015 en France.
Il a combattu également à Ramadi (Irak), dans les rangs de la katiba d'élite Tariq Ibn Zyad dont ont fait partie les assaillants du Bataclan, a rappelé l'avocate générale.
En novembre 2016, alors que les choses tournaient mal sur le terrain pour l'EI, Jonathan Geffroy avait contacté la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour demander de l'aide. Il avait finalement été capturé début 2017 par l’Armée syrienne libre (ASL) alors qu'il cherchait à fuir la Syrie.
Le couple et ses deux enfants - dont l'une née après leur interpellation en Turquie - ont été remis aux autorités françaises en septembre 2017.
Jonathan Geffroy a choisi de parler aux enquêteurs et a révélé notamment que l'EI envisageait d'envoyer des enfants-soldats en Europe.
L'avocate générale a minimisé les "révélations" de M. Geffroy. "Ses infos n'étaient pas utiles. Il a cherché à noyer le poisson", a-t-elle estimé.
Mme Chadli a expliqué à la cour qu'elle était partie en Syrie car elle ne pouvait pas se "séparer de (son) mari".
Avant son interpellation, Mme Chadli n'était jamais venue en France. Issue d'une famille marocaine attachée aux traditions, elle a vécu en Egypte avec Jonathan Geffroy avant d'aller en Syrie.
En France, elle a repris ses études, a trouvé un travail. "J'aspire à une vie normale", a-t-elle résumé. "J'ai beaucoup travaillé sur moi", a-t-elle dit saluant le travail d'accompagnement dont elle a bénéficié en France.
"Maintenant, c'est moi qui décide pour moi-même. L'intérêt de mes enfants passe en premier et cela ne changera jamais", a-t-elle souligné.
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