Dix ans d’investissements

L’entreprise spécialisée dans le laminage circulaire a subi la crise bien sûr, mais son nouveau patron explique que le repreneur italien a investi 70 millions dans l’outil de travail depuis 2002 et qu’un programme de formation a été mené ces deux dernières années avec le personnel.

Fin mars, Jean- François Bedu, 44 ans, a été nommé président de la SAS Forgital Dembiermont, à Hautmont, dans le Val de Sambre. Il en était auparavant le directeur financier. “Avant, racontet- il, je travaillais dans un cabinet d’expertise comptable dans le Douaisis mais je voulais exercer dans une entreprise. Je suis arrivé chez Dembiermont, en 1992, comme chef comptable, et j’y suis resté.”

Au passage, il reconnaît que ce n’est pas fréquent qu’un groupe italien, Forgital en l’occurrence, le repreneur de l’entreprise en 2002, nomme un Français à la tête d’une de ses filiales.

Le bout de la crise ? Le président de la SAS ne cache pas que l’entreprise a souffert de la crise après avoir connu une belle progression entre 2002 et 2008. “En rachetant Dembiermont, Forgital entendait s’orienter vers l’aéronautique. Le groupe a investi 70 millions, en deux fois, dans l’outil de travail. On peut donc dire qu’en dix ans, le parc de machines a été entièrement renouvelé et modernisé.” Forgital voulait aussi multiplier le chiffre d’affaires par cinq. L’effectif a connu aussi une progression, passant de 170 personnes en 2002 à 320 salariés au meilleur de 2008.

Et puis la crise est arrivée. “En 2009, le chiffre d’affaires est tombé à 70 millions, puis à 40 millions en 2010, alors qu’il était de 110 millions en 2008 ! Les effectifs sont redescendus pour se stabiliser à 220 aujourd’hui, dont une vingtaine d’intérimaires.” Il souligne que durant cette période difficile, un “gros travail a été mené sur les recettes et dépenses” et qu’un effort a été entrepris dans la formation du personnel. L’investissement s’est en outre poursuivi dans le domaine de l’usinage. Aujourd’hui, l’entreprise compte recruter dans le cadre d’un projet mené en commun avec d’autres entreprises du Val de Sambre en recherche de salariés qualifiés.

Il insiste sur une particularité de l’entreprise, la transmission des connaissances en interne, et reprend à son compte le célèbre adage selon lequel “c’est en forgeant qu’on devient forgeron”, bien en vigueur dans l’entreprise. Autre particularité de Dembiermont, ajoute-t-il, le haut niveau de ses ingénieurs, qu’ils soient spécialisés dans les matériaux, les alliages, le rapport résistance/légèreté ou la mise en forme des métaux. “Dans notre domaine de la transformation des métaux

– la réalisation de couronnes laminées à chaud de grande dimension –, on ne se connaît pas de concurrent en France.”

Projets. A l’écouter, l’année 2011 a bien commencé et les investissements réalisés dans les machines et la formation des hommes ces dix dernières années devraient constituer de bons atouts. Jean-François Bedu explique que fin avril, l’entreprise d’Hautmont a appris que Fly, une autre filiale du groupe Forgital, avait signé un contrat de 20 ans, d’1,6 milliard de dollars, avec le motoriste Rolls-Royce. Il espère que ce contrat, qui concerne l’A 350, aura des retombées directes ou indirectes pour l’usine d’Hautmont… Le président de la SAS compte maintenant s’attaquer au bâtiment de la rue Jules-Campagne : “Il fait vieillot et contraste trop avec l’intérieur. Nous voulons qu’il soit digne d’une usine aéronautique.” Cet été, le chantier a commencé. Le bardage actuel va disparaître. Jean-François Bédu souhaite aussi une meilleure intégration de l’usine dans une ville elle-même en pleine rénovation de son urbanisme.