Deux jours après le décès d'un enfant, nouvel homicide sur fond de trafic de stupéfiants à Nîmes

A peine plus de 48 heures après la mort de Fayed, 10 ans, victime collatérale de la guerre entre trafiquants de drogue, un adolescent de 18 ans a été abattu jeudi à Nîmes, sur un point de deal du quartier...

Des policiers patrouillent le 22 août 2023 dans le quartier de Pissevin à Nîmes © NICOLAS TUCAT
Des policiers patrouillent le 22 août 2023 dans le quartier de Pissevin à Nîmes © NICOLAS TUCAT

A peine plus de 48 heures après la mort de Fayed, 10 ans, victime collatérale de la guerre entre trafiquants de drogue, un adolescent de 18 ans a été abattu jeudi à Nîmes, sur un point de deal du quartier de Pissevin, où Gérald Darmanin est attendu vendredi.

Appelés un peu avant 04h00 du matin dans cette cité à l'ouest de Nîmes, les secours ont découvert le jeune homme blessé par balles à l'abdomen, sans pouvoir le ranimer, a précisé le parquet de Nîmes, soulignant que les faits ont eu lieu sur "un point de deal".

Des douilles de deux calibres différents, dont du 7.62 --correspondant à celui des fusils d'assaut comme les Kalachnikov--, ont été retrouvées à proximité.

Selon plusieurs témoignages auprès des enquêteurs, le ou les auteurs des tirs ont pris la fuite à bord d'une voiture noire. Peu de temps après, un véhicule volé, qui "pourrait correspondre" à ce véhicule, a été retrouvé incendié au nord-ouest de Nîmes.

Déployée depuis mardi après-midi sur place, la CRS 8, une unité spécialisée dans les violences urbaines, "était présente", a précisé Gérald Darmanin, en marge d'un déplacement dans le Finistère jeudi: "Mais elle avait arrêté sa vacation à 03h00 du matin, et on en a tiré les conséquences", a expliqué le ministre de l'Intérieur, assurant que la police sera désormais "présente nuit et jour sur les trois lieux qui seraient des lieux de deal" à Nîmes, ces quartiers de Pissevin, du Chemin Bas et du Mas de Mingue.

La victime, qui vivait à Béziers (Hérault), était "connue des services de police et de justice", selon le parquet. La police judiciaire de Montpellier a été "saisie des faits de meurtre en bande organisée".

Une CRS supplémentaire

C'est non loin de l'endroit où le corps de ce jeune homme a été retrouvé, dans cet ensemble de tours qui voit le taux de pauvreté des habitants culminer à plus de 70% et le trafic de drogues prospérer, qu'un enfant de dix ans était décédé lundi soir, après avoir essuyé des tirs, dans la voiture de son oncle, blessé dans la fusillade.

Le jeune garçon et son oncle sont "indéniablement" des victimes collatérales, avait insisté mardi la procureure de Nîmes Cécile Gensac, dénonçant "une tragédie des plus absolues". "La famille de la victime n'est absolument associée d'aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale", elle "a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment", avait-elle expliqué.

Depuis mercredi, l'enquête sur cette première fusillade est menée sous la direction du parquet de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, qui suit les dossiers de grande criminalité sur l'arc Sud-Est.

Gérald Darmanin, qui a prévu de se rendre à Nîmes vendredi, avait fait déployer mardi la CRS 8 à Pissevin, pour tenter de rassurer les habitants. "Cette après-midi la police a su interpeller un certain nombre de trafiquants de drogue" à Nîmes, a affirmé M. Darmanin jeudi dans le Finistère.

Le Raid, une unité d'élite, va être envoyé prochainement à Nîmes, ainsi qu'une compagnie de CRS supplémentaire, qui devait elle être sur place dès la journée de jeudi, a par ailleurs indiqué l'entourage du ministre.

En janvier, un homme de 39 ans avait été abattu à Pissevin, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

Selon des chiffres de l'ex-procureur de Nîmes, Eric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu à Pissevin, au Chemin Bas et au Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d'immeubles et de tours.

Plusieurs villes du sud-est de la France dont Marseille, Avignon, Nîmes, dans un arc entre l'Espagne et l'Italie, sont touchées depuis plusieurs années par des assassinats liés au trafic de stupéfiants, une violence qui fait désormais des victimes collatérales.

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