Des progrès et de la marge

GDF Suez a fait mener par l’Ifop une enquête nationale d’observation auprès des particuliers consommateurs d’énergie (échantillon de 3 409 personnes interrogées en janvier dernier). L’énergéticien national a ciblé plus particulièrement Rhône-Alpes, l’Ile-de-France et le Nord-Pas-de- Calais. Opinions, évolution des comportements, motivations, l’enquête montre les Français sensibles et volontaires pour faire baisser leurs factures. Mais au prix d’un certain confort : si 68% ont une motivation financière quand ils pensent économie d’énergie, ils sont seulement trois sur dix à mettre l’environnement au premier rang de leurs motivations.

La synthèse de l’étude tient en 20 pages. Elle donne les points saillants des problématiques abordées avec un échantillon de 1 006 personnes sur les 3 409 interrogées. D’abord, on note l’existence de “perceptions et attitudes générales à l’égard de l’environnement et des économies d’énergie”. Les prix, le discours sur la raréfaction des ressources fossiles et le changement climatique ont fait leur oeuvre depuis une décennie. En second lieu, le public espère des “solutions en matière d’économies d’énergie”. Troisièmement, il convient d’apporter plus d’éléments pour élever “le niveau et le souhait d’informations”. Ensuite, il faut considérer “les implications des économies d’énergie en termes de confort”. Enfin, il y a une “typologie des Français face aux économies d’énergie”.
Les raisons qui poussent à procéder à des économies d’énergie sont évidentes : 68% de ceux (moyenne nationale) qui veulent en faire (soit 97% des personnes interrogées) déclarent vouloir faire des économies f inancières. Ils sont 67% en Ile-de-France, 70% en Rhône-Alpes et 77% dans le Nord-Pas-de-Calais. Ceux qui veulent préserver les ressources (en eau, gaz naturel et électricité) ne sont plus que 16% (moyenne nationale)… Les Franciliens sont les plus attentif à la préservation de ces ressources (18%) tandis que les Nordistes ne sont que 12%. Les économies d’énergie sont motivées par le souci de réduire les émissions de gaz à effet de serre, “et ainsi à préserver les générations futures”, pour 14% des Franciliens et des Rhônalpins. Les gens du Nord sont à peine 10% à penser de même. Les priorités ne sont pas les mêmes, le niveau de vie, l’échelle des revenus, le poids du chômage n’étant probablement pas étrangers à ces variations.

Des pratiques vertueuses. Les Français sont entrés dans la gestuelle des économies d’énergie. Leur pratique se fonde sur plusieurs niveaux de représentation : à 97%, ils disent que les gestes économisant l’énergie sont “nécessaires” ; 96% d’entre eux pensent qu’ils sont “faciles à mettre en oeuvre” ; 94% sont d’avis que ces gestes sont “efficaces”. A rebours, 22% des personnes interrogées pensent que ces gestes constituent “un obstacle au bien-être, au confort”. La même proportion dit que ces gestes sont “contraignants” et “prennent du temps”. D’une part, l’écrasante majorité des Français suivent une logique raisonnable : les économies sont nécessaires. D’autre part, ils sont plus d’un cinquième à considérer que l’économie est une contrainte et une perte de confort. La profusion de la dépense énergétique faisant écho avec le confort. Concrètement, les gestes les plus pratiqués pour économiser sont de fermer la lumière quand on quitte une pièce et de préférer la douche au bain pour plus de 80% des personnes interrogées. Mais ils ne sont plus qu’une moitié à croire en l’efficacité de ces pratiques. On peut en déduire que cette pratique est inscrite depuis longtemps dans les habitudes des Français et que les questions environnementales les remettent au centre des préoccupations. Les autres actions couvrent un large éventail de la vie quotidienne : au hit-parade des gestes pratiqués, on trouvera : attendre que les appareils électroménagers soient pleins avant de les faire fonctionner (en mode basse température…), ne pas laisser couler l’eau quand on se brosse les dents, éteindre l’ordinateur quand on quitte son domicile, faire de même au bureau, décongeler les aliments à l’air libre plutôt qu’au four à micro-ondes, choisir les heures creuses pour faire fonctionner l’électroménager, éteindre le chauffage la nuit, ou encore mettre de l’eau chaude dans une casserole pour que l’ébullition soit plus rapide…

Des attitudes qui peuvent progresser dans le bâtiment. Autre chapitre relatif aux économies d’énergie, les travaux d’aménagement donnent une occasion de plus de faire mieux. Les propriétaires ont procédé à divers travaux en 2011, certains optimisant leur consommation, d’autres restant neutres, d’autres encore étant mûrs pour y procéder. Ainsi, 71% des personnes interrogées déclarent avoir changé de fenêtres (en double et en triple vitrage) tandis que 15% envisagent de le faire. Et 57% ont veillé à améliorer l’isolation thermique de leur logement ; 22% s’apprêtent à le faire. Moins de la moitié des Français ont installé une ventilation mécanique (contre 11% qui souhaitent le faire) et moins d’un tiers de nos compatriotes sont passés de la chaudière à la pompe à chaleur et ils sont 18% à vouloir s’y mettre. L’installation d’un système solaire thermique n’a concerné que 1% des personnes interrogées ; 72% n’envisagent pas de le faire. En France, la consommation des bâtiments représente 43% de l’énergie totale consommée et 22% des émissions de gaz à effet de serre. Les Français ont consommé près de 20% d’énergie en plus entre 1985 et 2008 : taux d’équipement en électroménager, accroissement de la construction de logements en sont les raisons. Comme 70% de la consommation d’énergie des logements provient du chauffage, les règles de la construction ont été modifiées (notamment en renforçant la réglementation thermique). Les dispositifs fiscaux et de larges campagnes de communication ont agi sur la thématique. Le résultat est timide mais présent : depuis le début des années 2000, la consommation des ménages pour le chauffage a diminué. D’autre part, la part budgétaire consacrée par les ménages aux dépenses d’énergie domestique a baissé de 3 points en 20 ans. Reste que l’investissement dans des installations à fort potentiel d’économie est une voie qui reste dispendieuse pour la majorité des Français… et qui ne bénéficie plus beaucoup d’incitations fiscales.