Des policiers en garde à vue après le décès d'un homme en marge des émeutes à Marseille

Nouveaux soupçons de violences policières à Marseille: trois policiers du Raid, une unité d'élite, restent placés en garde à vue mardi dans une enquête sur la mort d'un homme de 27...

Rassemblement en hommage à Mohamed Bendriss, mort en marge des émeutes, le 6 juillet 2023 à la cité Air Bel à Marseille © CHRISTOPHE SIMON
Rassemblement en hommage à Mohamed Bendriss, mort en marge des émeutes, le 6 juillet 2023 à la cité Air Bel à Marseille © CHRISTOPHE SIMON

Nouveaux soupçons de violences policières à Marseille: trois policiers du Raid, une unité d'élite, restent placés en garde à vue mardi dans une enquête sur la mort d'un homme de 27 ans en marge des émeutes début juillet.

Au total, cinq policiers avaient été placés en garde à vue mardi matin. Dans la soirée, le parquet de Marseille a indiqué que les gardes à vue de deux d'entre eux étaient levées.

Décédé dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, Mohamed Bendriss est le seul mort recensé à ce jour en marge de cet épisode de violences urbaines qui s'était déclenché dans plusieurs villes de France et sur plusieurs jours à la suite du décès du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre fin juin.

Le parquet estimait fin juillet "probable" que le décès de cet homme ait été "causé par un choc violent au niveau du thorax causé par le tir d'un projectile de +type Flash-Ball+" (autre nom du LBD). 

"Ces gardes à vue interviennent sur commission rogatoire du juge d'instruction", a expliqué le parquet de Marseille, ajoutant que d'autres policiers ont également été convoqués pour être entendus comme "témoins".

Début juillet, alors que le centre de Marseille était en proie à des dégradations et pillages, Mohamed Bendriss, 27 ans, avait perdu la vie après un malaise alors qu'il circulait à scooter.

C'est lors de l'autopsie du corps de cet homme marié, père d'un enfant et dont la veuve attend un deuxième enfant, qu'avait été repérée sur sa poitrine la trace de ce qui pourrait être l'impact d'un tir de LBD (lanceur de balle de défense).

Coups mortels

Le 4 juillet, une information judiciaire était ouverte pour "coups mortels avec arme" et confiée à la police judiciaire et à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. 

Quelque 200 personnes s'étaient rassemblées pour une marche blanche le 6 juillet à la cité Air Bel, à Marseille, au pied de l'immeuble où vit la veuve de Mohamed.

"La famille de Mohamed est dans l'espoir que les policiers soient identifiés et poursuivis", a déclaré à l'AFP Arié Alimi, avocat de la femme de M. Bendriss.

"Il est incontestable aujourd'hui que ni Abdelkarim (un jeune homme éborgné à Marseille, NDLR) ni Mohamed aient commis des dégradations ou violences qui puissent justifier ces crimes de policiers sur eux", a-t-il ajouté.

Jusqu'ici, peu d'éléments avaient filtré concernant le décès de Mohamed Bendriss et son cas était passé dans l'ombre d'une autre affaire survenue la même nuit en marge des émeutes, celle d'Hedi.

Darmanin à Marseille

Après avoir reçu lui aussi un tir de LBD, mais au niveau de la tête, ce jeune homme de 22 ans avait été passé à tabac à Marseille et une partie de son crâne a dû être amputée.

Le 21 juillet, quatre policiers de la brigade anticriminalité de Marseille avaient été mis en examen du chef de "violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours" aggravées par trois circonstances en ce qu’elles ont été "commises en réunion, avec usage ou menace d’une arme et par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions".

Trois avaient été placés sous contrôle judiciaire et un placé en détention provisoire, où il se trouve encore après le rejet de son appel début août. 

Cette détention provisoire avait déclenché une fronde dans certains commissariats, des policiers se mettant en arrêt maladie ou n'effectuant qu'un service minimum. 

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est d'ailleurs discrètement rendu mardi dans un commissariat de Marseille pour échanger avec les fonctionnaires, a appris l'AFP de source policière. Il a félicité les fonctionnaires pour une saisie de cannabis, ce qui a été "bien reçu" dans les rangs, selon le syndicat SGP Unité FO à Marseille. Il a ensuite "de manière informelle" échangé durant une heure avec une soixantaine de policiers, selon la source.

Une troisième affaire concernant une plainte à l'encontre de policiers est toujours en cours d'instruction à Marseille: Abdelkarim Y., 22 ans, se dit victime d'un tir de LBD de policiers dans la nuit du 30 juin au 1er juillet. Cousin de Mohamed Bendriss, il a perdu l'usage de son oeil et présente "une fracture du nez très importante", selon M. Alimi, qui défend aussi son cas.

Le parquet a ouvert une enquête préliminaire du chef de "violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme".

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