Des plaisanciers sont arrivés, d’autres attendent…
Si le port est ouvert, la liaison vers l’Oise est toujours coupée. Sa réouverture dépend de la remise en état de deux ponts-canaux du nord de l’Aisne, elle-même liée à un accord sur la future gestion de la Sambre.
La Sambre n’est toujours pas redevenue un «petit fleuve tranquille». La voie d’eau, qui relie l’Europe du Nord à l’Ile-de-France, n’a toujours pas retrouvé sa vocation de plaisance et de tourisme. Depuis mars 2006, la navigation est en effet interrompue au niveau des ponts-canaux de Vadencourt et de Macquigny, deux communes du nord de l’Aisne. Les Voies navigables de France ont interdit le passage en raison de la vétusté des ouvrages d’art (voir plus loin). Ce contexte défavorable n’a pas empêché le port en eau d’Hautmont de s’ouvrir aux plaisanciers en novembre 2013.
Port à sec en attente. Autre péripétie pour les plaisanciers impatients : le chantier voisin du port à sec (pour hivernage et réparations) a connu un coup d’arrêt avec la fusion des intercommunalités du 1er janvier 2014. La CC Sambre-Avesnois, porteuse du dossier, ayant été absorbée par l’Agglomération Maubeuge Val de Sambre, la gestion a d’abord changé de mains. Ensuite, le nouveau président de l’AMVS a très vite décidé de geler tous les investissements, le temps de remettre la trésorerie en ordre de marche. Mi-novembre, la situation s’est cependant débloquée. Les élus de l’AMVS ont décidé de confier la conduite du dossier à la Ville d’Hautmont afin d’éviter la perte des subventions européennes accordées. Tout arrêter aurait constitué un gâchis.
Un site industriel transfiguré. L’impossibilité pour les amateurs de promenade en bateau de descendre vers la région parisienne par la Sambre a donc freiné la navigation de transit mais n’a pas empêché le port d’Hautmont d’attirer les plaisanciers (dont certains à demeure), ainsi que les amateurs de croisières courtes. La Sambre, même en impasse, reste en effet praticable.
Pierre James s’en félicite. Et il est bien placé pour en parler puisqu’il est à la fois président de Hautmont bateaux, association de dix ans d’âge chargée d’animer le port, président du Yacht Club d’Hautmont, dirigeant de la capitainerie et plaisancier lui-même depuis une quinzaine d’années. “Avant, mon port d’attache, c’était Mons. Maintenant, c’est Hautmont. J’en connais beaucoup qui attendent la réouverture de la Sambre.“
Cet ancien cadre de la grande distribution s’est complètement investi dans le projet qui présente deux particularités : être en centre-ville et avoir permis la métamorphose d’un site industriel abandonné. Des voiries ont été créées, une aire pour camping-cars a été aménagée, de même qu’un plan incliné pour les mises à l’eau. Il y a même une plage.
Des plaisanciers satisfaits. Fin 2014, les travaux étaient pour l’essentiel terminés. En tout, 70 places ont été réalisées dans ce port creusé dans la berge. S’y ajoutent trois emplacements de 38 mètres, le long de la Sambre, destinés aux péniches de plaisance de plus de 15 mètres. Pierre James constate que les plaisanciers disposent de tout le confort : eau, électricité, pompe mobile pour les eaux noires, wifi, enceinte sécurisée avec badges d’accès, capitainerie, sanitaires provisoires, agitateurs d’eau pour lutter contre les algues et le gel. “Avantage certain, souligne-t-il, les plaisanciers peuvent faire leurs courses très facilement.” Bilan positif donc : cet automne, 26 bateaux avaient pris une location à l’année et, en juillet et août, 25 nuitées avaient été enregistrées.
Et l’avenir ? Sans rentrer dans les détails, disons qu’en décembre la somme nécessaire aux travaux de réhabilitation des ponts-canaux était acquise (12 millions). Les deux Régions (qui n’en forment plus qu’une maintenant) ainsi que les départements de l’Aisne et du Nord avaient convenu d’en financer une moitié et VNF, l’autre. En revanche, le démarrage des travaux restait suspendu à un accord sur la future gestion de la voie d’eau entre VNF et les différentes intercommunalités riveraines. Les frais de fonctionnement, partagés en deux, étaient évalués à 3,6 millions. Mais, sur ce point, les négociations entre collectivités se poursuivaient.