Des pistes pour décarboner le transport routier dans l'industrie

Organisée à l'initiative du groupe Blondel, une table ronde réunissant experts et acteurs majeurs de l'industrie a eu lieu à la CCI de Saint-Quentin pour évoquer la décarbonation du transport routier. Le transporteur Blondel mais aussi le constructeur Iveco et un grand donneur d'ordre comme l'Oreal étaient présents pour débattre des mesures concrètes à adopter pour accélérer la transition vers une industrie décarbonée.

Une table ronde sur la décarbonation du transport routier a eu lieu à Saint-Quentin, organisée par le groupe Blondel.
Une table ronde sur la décarbonation du transport routier a eu lieu à Saint-Quentin, organisée par le groupe Blondel.

Les entreprises sont confrontées à l'urgence de développer des solutions innovantes et collaboratives pour atteindre l’objectif de zéro émission d’ici 2050, conformément à la loi Climat Énergie de la Commission Européenne. Une table ronde sur la décarbonation du transport routier à horizon 2050 était organisée à Saint-Quentin. « Décarboner, c'est notre âme d'entrepreneur qui nous demande de le faire, on veut faire attention à notre planète et c'est quelque chose qui nous tient à cœur quand on sert nos clients, expose Jérôme Juteau, Directeur général du groupe Blondel. Sur l'approche de notre organisation, nous optimisons nos transports, nous veillons à avoir le taux de remplissage le plus élevé possible et nous facilitions l'aspect multimodal du transport. Sur l'approche de la technologie, nous veillons à avoir un mix énergétique avec des camions au gaz et électriques. Le tout en associant le besoin et l'envie qu'on a de décarboner avec l'enjeu économique. »

Un travail collaboratif nécessaire

L'importance de collaborations indispensables entre chargeurs, transporteurs et constructeurs a été mentionnée mettant en avant la nécessité d'une approche collective pour réduire les émissions de CO2. Parmi les pistes explorées figurent des technologies prometteuses comme l’électrification, le GNV et les carburants de synthèse. « Le chargeur veut émettre moins de CO2, le transporteur veut être un pionnier et offrir une palette de services bas carbone et nous en tant que constructeur, on doit produire ces véhicules, illustre Clément Chandon, Responsable Propulsion Alternative chez Iveco France. Des émission de CO2, il y en a lors de la production du véhicule, lors de son utilisation et lors du recyclage, nous devons nous occuper de ces aspects. »

Les intervenants représentant l'Oréal, Blondel et Iveco, ont évoqué les pistes pour décarboner.

Sortir du gasoil, disponible partout, très dense en énergie et en puissance, mais énergie fossile, nécessite de faire des compromis. « Pour sortir du camion au diesel qui a une autonomie de 5000 km et passer à de l'électrique qui a une autonomie de 500 km, il faut l'envie de chacun de faire un compromis et un geste pour la planète, souligne Clément Chandon d'Iveco. L'industrie est très compétitive, l'Oreal a des concurrents, Blondel aussi et nous constructeur également, il faut donc trouver des technologies satisfaisantes avec des coûts maîtrisés. Un transporteur n'a pas le droit à l'erreur lorsqu'il renouvelle sa flotte de véhicules. » Le groupe Blondel investit par exemple chaque année 15 millions d'euros pour renouveler sa flotte de véhicules. « 100% des véhicules qu'on achète aujourd'hui sont compatibles énergie verte, explique Jérôme Juteau de chez Blondel. Il faut aussi que les pouvoirs publics soient clairs dans leurs intentions de soutenir telle ou telle énergie parce que si on se trompe sur nos investissements, nous n'existons plus. »

La piste du biogaz

Si l’électrification et l’hydrogène représentent des solutions d’avenir, le biogaz se présente comme une alternative particulièrement prometteuse, notamment pour les territoires agricoles comme les Hauts-de-France. En effet, la production locale de biogaz pourrait offrir une double opportunité : décarboner le transport tout en soutenant l’agriculture régionale. « Il y a aussi un enjeu de souveraineté technologiqiue et industrielle à prendre en compte parce que si on va trop vite sur l'électrique, on joue sur le terrain de la Chine qui aujourd'hui a une bonne dizaine d'années d'avance sur nous, note Clément Chandon d'Iveco. Par contre si on joue sur les biocarburants, on a un leadership technologique et on a toute la filière chez nous avec l'agriculture. »

L'engagement des futurs ingénieurs de la région

Réalisée devant un public d’étudiants saint-quentinois afin qu’ils prennent conscience des enjeux de demain, cette table ronde a également permis de souligner les enjeux de formation des futurs ingénieurs. Mickaël Rędzioch, Directeur pédagogique d'ELISA Aerospace, a apporté son témoignage : « Il est important de former nos jeunes afin qu'ils puissent s'insérer efficacement dans l'industrie. Il est fondamental d'établir un lien fort avec l'industrie et d'envisager la co-construction de programmes de formation. Il est nécessaire de sensibiliser les futurs diplômés aux enjeux du développement durable. Cela implique de les former pour qu'ils intègrent dès le départ les contraintes environnementales dans leur pratique et leur approche des problèmes. »

Clément Chandon d'Iveco a également assuré que le transport représentait de nombreux défis à l'avenir pour les ingénieurs en termes d'adaptations et d'innovations qui restent encore à imaginer.