Des emplois répartis entre locaux et étrangers
Les travaux gigantesques du terminal méthanier, en construction à Loon-Plage, près de Dunkerque, ont très certainement été un facteur clé dans l'inversion de la courbe du chômage du bassin dunkerquois (- 0,5% en décembre dernier). Ce qui ne suffit toutefois pas à masquer l'importance de la main-d'œuvre étrangère et le nombre limité de ceux qui feront tourner les installations (60 personnes).
Emplois ou pas ? C’est une polémique qui dure, la sous-préfecture ayant même organisé un point presse, fin 2013, afin de mettre en avant les retombées de l’emploi dans l’arrondissement. Le chantier du terminal méthanier est au pic de son activité. Les visites de presse se succèdent autour des ouvrages impressionnants qui bordent la côte, à quelques encablures de la centrale nucléaire de Gravelines. Tunnel en cours de réalisation, intérieurs des énormes réservoirs, construction des bâtiments, le méthanier est une ruche où travaillent en ce moment près de 1 400 personnes. «On devrait atteindre le pic à 2 000 dans quelques semaines», indique Marc Girard, PDG de Dunkerque LNG. Les chiffres sont conséquents : depuis le lancement du chantier, 1 007 contrats ont été signés (avec une écrasante majorité de CDD d’une durée moyenne de six mois). Dunkerque LNG indique que 46% de ces embauches concernent des demandeurs d’emploi issus de l’agglomération dunkerquoise. Ils sont 67% issus de la Côte d’Opale, 89% du Nord-Pas-de-Calais. En tout, le chantier nécessite 4 millions d’heures ; 3 millions ont déjà été réalisées (dont 400 000 heures dans le montage du projet). D’autres chiffres relativisent pourtant l’impact sur l’emploi local : si les entreprises étrangères ne sont que 11,4%, elles pèsent «la majorité du montant des appels d’offres» reconnaît Marc Girard. Et 55% des travailleurs détachés sont par ailleurs étrangers (italiens, portugais…).
Cible des entreprises locales : les petits et moyens marchés. Aujourd’hui, 300 salariés du Nord-Pas-de-Calais travaillent sur le chantier. Il reste donc plus de 1 000 étrangers opérant aujourd’hui sur le chantier. L’une des contraintes les plus fortes aura été celle des appels d’offres européens organisés par la CCI Côte d’Opale : les entreprises étrangères (93 à ce jour sur 811 entreprises au total) en ont mieux profité que les nationales et ont, naturellement, amené une grande partie de leurs équipes. «Depuis le début, avec la CCI, l’objectif était d’avoir le plus possible d’appels d’offres petits et moyens pour les entreprises locales» ajoute le PDG. Certains métiers en tension et certains savoir-faire n’ont pu également être trouvés qu’à l’étranger. Pour la sous-traitance, seuls deux rangs ont été tolérés, limitant ainsi d’éventuels dérapages. Sur le plan intérimaire, seuls 11% des emplois sur le site en sont issus, essentiellement avec de grandes enseignes de l’intérim ce qui fait grincer des dents les sociétés intérimaires locales. Pour autant, les retombées sociales ne sont pas inopérantes : Cyrille Rommelaere, le directeur du Pôle emploi de Grande-Synthe − par qui passe “100% des offres” − met en avant le fort taux des demandeurs d’emploi longue durée (51%) et les 18% de ceux au RSA. Le méthanier sert aussi d’insertion avec un dispositif (une convention d’ancrage territorial signée pour l’occasion) dédié aux jeunes, qui seront 50 à entrer en formation alternance sur le chantier pour une année environ. Dunkerque LNG y a affecté 1,7 million d’euros. A Loon-Plage, l’entreprise a aussi contribué presque totalement à la construction d’une piscine «naturelle». Un bon souvenir que partageront probablement les salariés de Bouygues (qui aura réalisé trois des quatre réservoirs), lesquels ont reçu à la fin de leur contrat une clé USB avec les photos de leur chantier.