Des doléances et une implantation plus locale du réseau de la CMA
L'assemblée générale de la chambre des métiers et de l'artisanat s'est tenue le 12 juin, dans une ambiance quelque peu fébrile. Michel Lalande, préfet de Région, était présent, pour prononcer un discours devant les élus de la Chambre. Lesdits élus ont profité de l'occasion pour lui adresser quelques doléances...
L’ambiance, sans être tendue, était tout de même sacrément mouvementée à l’assemblée générale de la Chambre des métiers et de l’artisanat. Alain Griset, président de la Chambre régionale des métiers et de l’artisanat, avait au préalable prononcé un discours sur le maillage du territoire par les élus de la CMA, qui veut mettre un point d’honneur à rencontrer les artisans de la région le plus possible afin de prévenir les problèmes sur le territoire. Le contrat de mandature a été voté. Ce dernier contient cinq engagements, pour 25 leviers si l’on en croit la communication officielle de la CMA. Ces cinq engagements, dans l’ordre, sont de placer les artisans au cœur des préoccupations de la Chambre d’artisanat, renforcer leur présence territoriale – qui est un point primordial –, innover pour une communication centrée sur les clients, développer la formation tout au long de la vie et réussir la fusion Hauts-de-France.
Fusion. Sur ce point, si la fusion a d’ores et déjà été votée par les anciens élus de la CMA, le président Alain Griset a précisé : «Il y a deux ans, la Somme, l’Aisne, l’Oise et le Nord – Pas-de-Calais ont voté la fusion. Mais comme il y a eu de nouveaux élus en octobre, nous allons faire en sorte que chacune des chambres se prononce. Nous sommes prêts à mettre en route cette fusion le 1er janvier 2018, mais ce n’est pas une obligation. Chacun pourra se prononcer en son âme et conscience.»
La mission relation entreprises. La mission relation entreprises a donc été lancée, elle contient notamment la susmentionnée campagne annuelle «100 % proches de vous», qui consiste en une campagne d’appels téléphoniques afin d’évoquer les projets des chefs d’entreprises artisanales et les éventuels accompagnements de la Chambre des métiers. D’autre part, les rendez-vous «A l’écoute des artisans» seront eux aussi mis en place dans le cadre de ce plan, chaque élu s’engageant par ce dispositif à rencontrer au moins dix chefs d’entreprise, «prioritairement des dirigeants qui ne connaissent pas (ou mal) la CMA». D’autres dispositifs seront mis en place dans ce cadre, comme les petits déjeuners «Réseau local d’artisans», réunissant les différents élus et artisans d’un territoire, les Focus groupes, des groupes de chefs d’entreprise constitués pour que la Chambre des métiers s’adapte aux demandes et besoins de ces dirigeants, la participation des élus aux stages préparatoires à l’installation (des stages obligatoires avant de démarrer une activité afin d’éviter les erreurs classiques des chefs d’entreprise débutants), les permanences de terrain, les remises de médailles ou encore les kits de démarrage…
Travailleurs détachés. Le préfet de Région Michel Lalande, lors de son intervention, a mis en avant la question des travailleurs détachés et de la concurrence déloyale. Michel Lalande a déclaré que l’Etat devait être «particulièrement vigilant» sur la question : «C’est un enjeu de mobilisation, comme peut l’être, au même titre, le travail illégal.» Intervention sur la question de Max Vandermalière, élu de la CMA, marbrier et frontalier : «À cause des abus des grosses boîtes, on ne pourra plus travailler sereinement.» L’artisan marbrier travaille à la frontière belge et les obligations sur chaque chantier alourdissent profondément les démarches qu’il a à faire à chaque chantier. Un discours à rebours de ce qu’on a l’habitude d’entendre… «Les contrôles sont difficiles sur certains petits chantiers, répond d’abord Michel Lalande sur la question du travail illégal. L’URSSAF et la Direccte ont des effectifs très légers pour les contrôles, c’est compliqué pour ces services d’être pleinement efficaces pour les chantiers les plus petits. D’autre part, il ne faut pas stigmatiser le recours aux travailleurs détachés. La France est le troisième fournisseur européen de travailleurs détachés, il ne faut pas l’oublier», conclut le préfet de Région, mentionnant, à l’échelle nationale, le cas des frontaliers franco-suisses.
Droit à l’erreur. L’autre question que le préfet de Région tenait à mentionner lors de cette assemblée générale, c’est le droit à l’erreur. Interpellé sur la question par une élue de la CMA qui avait eu son compte bloqué «un jour de paie» pour un arriéré de 365 euros dû à l’URSSAF : «Mon compte a été bloqué à hauteur de 25 000 euros par an, je ne pense pas que ce soit normal…» Réaction de Michel Lalande : «C’est ce genre de cas dont je parle. L’URSSAF est indépendante de l’Etat, mais il ne faut pas que ce genre de choses arrive sans qu’il y ait concertation au préalable avec le dirigeant.»
Fermeture hebdomadaire, taxis, VTC, auto-entrepreneuriat… La concurrence déloyale était décidément au cœur des débats lors de cette assemblée générale. La question de la fermeture hebdomadaire de certains rayons des grandes surfaces – «pas respectée» selon un élu de la CMA, appuyé par Alain Griset –, mais aussi la question des VTC sont arrivées sur la table. L’auto-entrepreneuriat est alors entré en jeu, le président Macron ayant promis de doubler le plafond requis pour conserver le statut de micro-entreprise ainsi que ses avantages. Réaction de Michel Lalande : «Il ne faut pas non plus que les micro-entreprises soient ultra favorisées par rapport à d’autres structures…»
Encadré :
La place de l’artisanat dans les Hauts-de-France en chiffres
• 78 182 entreprises artisanales sont présentes dans la région.
•10 836 entreprises ont été immatriculées en 2016, dont 94,1% de créations et 5,9% de reprises, soulignant l’évident problème qu’ont certains artisans à trouver un repreneur lorsqu’ils arrêtent leur activité.
• 8 481 radiations ont eu lieu en 2016.
• 130 entreprises pour 10 000 habitants dans la région.
• 37% des entreprises sont dans le secteur du bâtiment, 36% dans le secteur des services, 15% dans la production, 12% dans l’alimentation.
• 84 658 dirigeants d’entreprise, dont 74% des dirigeants sont des hommes.
• L’âge moyen des dirigeants est de 45,6 ans.
• 151 554 emplois salariés sont artisanaux.
• Une entreprise artisanale compte un peu moins de 5 salariés en moyenne, soit une densité de 253 salariés pour 10 000 habitants.
• 11 869 contrats d’apprentissage sont en cours, dont 34% dans l’alimentation, 31% dans le bâtiment, 29% dans les services, 7% dans l’artisanat de production.