Déjà isolé sur le Hamas et Israël, Mélenchon s'en prend au Crif

Déjà isolé au sein même de la gauche pour son refus de condamner sans équivoque l'attaque du Hamas, Jean-Luc Mélenchon a ouvert un nouveau front politique lundi soir en s'en prenant au Conseil...

Jean-Luc Mélenchon à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, le 25 août 2023 © JEFF PACHOUD
Jean-Luc Mélenchon à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme, le 25 août 2023 © JEFF PACHOUD

Déjà isolé au sein même de la gauche pour son refus de condamner sans équivoque l'attaque du Hamas, Jean-Luc Mélenchon a ouvert un nouveau front politique lundi soir en s'en prenant au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Le post sur la plateforme X est tombé dans la soirée, quelques heures à peine après le rassemblement de milliers de personnes, dans une atmosphère grave, pour dire leur solidarité avec Israël, près de trois jours après l'offensive du mouvement islamiste qui y a fait au moins 800 morts.

"En obligeant tout le monde à s'aligner sur la position du gouvernement d'extrême droite israélien, en acceptant de manifester avec le RN, en insultant les élus futiles du PS, le Crif a isolé et empêché la solidarité des Français avec la volonté de paix et la demande de cessez-le-feu immédiat. Les morts de tous côtés méritent mieux et notre compassion totale", a-t-il écrit.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise (LFI), est au centre d'une très vive controverse depuis samedi, accusé d’ambiguïtés, voire de complaisance sur l'attaque du Hamas par ses partenaires de gauche et par le gouvernement.

A l'inverse des autres formations de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), LFI n'avait ainsi pas envoyé de représentant à la marche parisienne. 

"Nous allons à tous les rassemblements qui expriment une solidarité avec les victimes israéliennes et palestiniennes et qui demandent un cessez-le-feu et le retour de la paix. Ce n'est pas le cas du rassemblement de ce soir", avait indiqué dans la matinée le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard.

Chez LFI, seul le député de Paris Rodrigo Arenas avait annoncé se rendre à cette manifestation. "La justesse et la justice des causes anticoloniales et du refus des oppressions perdent leur légitimité le jour où elles acceptent les massacres de civils et le terrorisme aveugle comme des stratégies militaires acceptable", a-t-il indiqué dans une lettre à son groupe politique.

Mi-juillet Jean-Luc Mélenchon avait déjà accusé le président du Crif Yonathan Arfi de faire partie de l'extrême droite après avoir été visé par ce dernier. 

"Les porte-voix de la France insoumise font davantage partie du problème que de la solution", avait déclaré M. Arfi, accusant le leader de la gauche radicale de se compromettre "loin du pacte républicain".

Outre Rodrigo Arenas, quelques figures de LFI semblent vouloir marquer leur différence avec Jean-Luc Mélenchon et avec le communiqué initial de leur parti, qui mettait en parallèle l'attaque du Hamas et la politique du gouvernement israélien.

Pour les socialistes, les écologistes et les communistes, l'heure ne pouvait être qu'à une condamnation sans la moindre ambiguïté du Hamas, auteur de massacres et d'enlèvements de civils.

Maladresses

Dans une interview à Libération lundi soir, Clémentine Autain, une des "frondeuses" du mouvement, a reconnu que l'on pouvait reprocher à LFI "un manque de clarté" ou "des maladresses". 

"Les mots sont importants", a-t-elle expliqué, s'indignant par ailleurs que l'on puisse "laisser entendre ou dire sérieusement que LFI soutient le Hamas".

Dès samedi, le député de la Somme François Ruffin s'était distingué en exprimant sa "condamnation totale de l'attaque du Hamas". Des propos appuyés par l'élu de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.

La dernière sortie de Jean-Luc Mélenchon risque de tendre encore les relations entre les Insoumis et les socialistes.

Le patron du PS Olivier Faure, qui a toujours défendu l'union des partis de gauche malgré les crises à répétitions, a estimé lundi que les déclarations de LFI "laisseront des traces", et exigé des "explications".

La veille, le député Jérôme Guedj (PS), autre grand avocat jusqu'ici de la Nupes, s'est dit "dégoûté" par les prises de position des Insoumis. Pire, il a jeté un pavé dans la mare, posant la question du maintien de son parti au sein de cette coalition.

Première action concrète: le groupe socialiste de la région Île-de-France a annoncé lundi "suspendre temporairement (ses) travaux en commun" avec les Insoumis, se disant "choqué par la position nationale du mouvement".

Dans ce climat, les députés de gauche se réuniront mardi pour la réunion hebdomadaire de l'intergroupe de la Nupes.

"Nous allons avoir une discussion franche et peut-être difficile, nous verrons bien", a indiqué à l'AFP le chef de file des socialistes à l'Assemblée, Boris Vallaud.

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