Défense: mobilisation chez Thales, Dassault et ArianeGroup pour le "partage des richesses"
Plus d'un millier d'employés de l'industrie de la défense, mobilisés près de Bordeaux depuis plusieurs semaines, ont manifesté jeudi pour un meilleur "partage des richesses" créées par Thales, Dassault et ArianeGroup, et reçu le...

Plus d'un millier d'employés de l'industrie de la défense, mobilisés près de Bordeaux depuis plusieurs semaines, ont manifesté jeudi pour un meilleur "partage des richesses" créées par Thales, Dassault et ArianeGroup, et reçu le soutien du ministre des Armées Sébastien Lecornu.
Environ 1.500 manifestants, selon la préfecture et l'intersyndicale, ont défilé près de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac contre le "mépris" des propositions d'augmentation des salaires au sein de ces grands groupes, qui bénéficient pourtant d'un regain de commandes aéronautiques et militaires sur fond de réarmement européen.
"L'an dernier, on avait 4% de revalorisation salariale. Et cette année où les résultats sont historiques, on n'a plus que 2%" proposés, a déclaré à l'AFP Rémy Crouzat, représentant CFDT au sein de Thales.
Les salariés de Thales, mobilisés mi-janvier avec une "grève perlée" pour peser sur les négociations annuelles obligatoires (NAO), ont basculé fin mars en grève quotidienne reconductible, avec 80% de la production du site de Mérignac bloquée selon eux et l'interruption, notamment, de la production du radar RBE2 qui équipe les avions de chasse Rafale de Dassault.
A Toulouse, près de 500 employés de Thales Alenia Space (TAS), branche spatiale détenue aux deux-tiers par l'entreprise française et le reste par le groupe italien Leonardo, ont par ailleurs rejoint ce mouvement de grève reconductible lors d'un vote jeudi en assemblée générale.
"La décision a été prise de rentrer à notre tour en grève reconductible", a indiqué à l'AFP le délégué CGT Thomas Meynadier. Les revendications portent aussi "sur les salaires, bien sûr, mais aussi sur l'emploi, puisqu'on est dans une situation où notre direction veut continuer son plan de suppressions de postes, alors que tous nos collègues sont surchargés", a-t-il ajouté.
Le site toulousain de TAS, qui produit surtout des équipements pour les satellites de télécommunications, de navigation et d'observation, compte 2.700 salariés dont 780 sont concernés par ce plan de redéploiement annoncé en mars 2024. Ainsi que quelque 330 employés des 1.800 du second site, à Cannes.
"La direction présente ça comme des redéploiements mais, concrètement, ce sont des suppressions de postes dans le spatial, au moment où les carnets de commandes sont pleins et où il y a un enjeu de souveraineté", a souligné Thomas Meynadier.
"Quand les entreprises ont un carnet de commandes à 10 ans, elles devraient repartager", a estimé Rémy Crouzat. "On a vraiment un gros problème de partage des richesses" face à des "marges extraordinaires", lui a fait écho Laurent Gaborit, délégué CGT chez Thales.
Interrogé mercredi par la commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a apporté son soutien aux salariés mobilisés à Bordeaux.
"Sur l'effort de défense, il ne peut pas y avoir de doute sur la juste répartition de cette richesse", a déclaré le ministre, s'étonnant que le "dialogue social" avec les salariés ne soit pas à la hauteur des "rachats d'actions" décidés en faveur des actionnaires.
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