Défaillances : vague de résistance...
«Tous les acteurs économiques sont mobilisés pour réduire au maximum les risques de la vague de défaillances que l’on attend toujours.» C’était le 18 janvier dernier à la cité judiciaire de Nancy, Yves Lesage, le président du tribunal de commerce de Nancy lançait l’année judiciaire commerciale 2024 à Nancy.
Quelques jours après, le 26 janvier, Jean-Marie Michel, son homologue du tribunal de commerce de Val de Briey faisait de même en assurant «ressentir une tension dans l’activité économique. Avec le coût de l’énergie, le remboursement des PGE (Prêts garantis par l’État), nous retrouvons devant notre juridiction un certain nombre d’entreprises en cessation de paiements dans les mois qui arrivent, si les assignations de l’État se confirment.» Deux discours avec une inconnue commune. Quelle va être l’évolution dans les mois à venir ?
L’année écoulée a vu 461 défaillances d’entreprises en Meurthe-et-Moselle d’après la dernière étude régionale, parue le 6 février, de la société Altares sur les défaillances et sauvegardes d’entreprises. La Meurthe-et-Moselle affiche une certaine résistance en contenant une hausse de défaillances à hauteur de 17 % tandis que la Moselle affiche un + 48 % avec 674 défaillances. Ce sont les Vosges et la Meuse qui ont réduit le mieux le nombre de défaillances l’an passé. 242 défaillances sont enregistrées dans les Vosges, soit une hausse de «seulement» + 3,4 % après une année 2022 lourde (+ 84 %). La Meuse, elle, fait encore mieux avec une baisse de 4,8 % pour 103 défaillances au compteur. Un retour à une certaine normalité pour certains, les prémices d’une dérive pour d’autres vu le climat général ambiant.
«Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise de la Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase plus structurelle davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu», assure Thierry Millon, directeur des études de la société Altares. Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours haut, le cocktail demeure explosif pour les entreprises aux trésoreries épuisées. Si les TPE demeurent les plus touchées, concentrant l’essentiel des défaillances, les PME et ETI ne sont plus épargnées (hausse de 27 % pour les moins de 50 salariés et de 31 % pour les plus de 50 salariés). Des indicateurs qui ne trompent pas…
«Nous amorçons désormais une nouvelle phase plus structurelle davantage liée aux insuffisances financières des entreprises.»
Thierry Millon, directeur des études de la société Altares.