Décélération attendue de l’activité en 2019
Après deux ans de forte croissance, l’activité des travaux publics devrait suivre un rythme plus modéré en 2019. Une conjoncture qui s’explique par la combinaison de trois facteurs : l’accélération de la reprise de l’investissement local, le ralentissement à court terme de l’investissement privé et le retour de la hausse des coûts de production, selon la Fédération nationale des travaux publics, qui s’inquiète du financement public des infrastructures de transport.
La dynamique s’est poursuivie en 2018. Le chiffre d’affaires du secteur des travaux publics a progressé de 7 %, par rapport à l’année précédente, pour atteindre 41 milliards d’euros, selon le bilan de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), présenté le 10 janvier. Depuis 2017, les travaux publics suivent un cycle de hausse, soutenu, en grande partie, par la reprise des investissements menés par les collectivités locales. Représentant 41 % de l’activité du secteur, celles-ci devraient encore investir «significativement» en 2019, dernière année pleine du mandat municipal et intercommunal. Un optimisme justifié : les collectivités disposent de nouveau de marges de manœuvre financières et sont dans la phase la plus dynamique du cycle électoral. Selon les estimations du projet de loi de Finances 2019, l’investissement local (hors Grand Paris) devrait poursuivre sa progression sur un rythme d’environ + 5 %. Pour 2020-2021, la situation deviendrait plus instable, car conditionnée à différentes mesures qui pourraient entraver cette dynamique. La réforme de la fiscalité locale et le comportement des collectivités au regard de la trajectoire budgétaire décidée par l’État, pourraient vraisemblablement inverser la tendance. Selon la FNTP, «l’investissement local pourrait se stabiliser en 2020, avant une baisse en 2021.»
Grand Paris et Plan Très Haut Débit
Pour 2019, la FNTP prévoit pour l’ensemble du marché des travaux publics une croissance de + 5,5 % en valeur et de + 3 % en volume. L’accélération des chantiers du Grand Paris Express en sera la principale locomotive : les investissements de la Société du Grand Paris, qui les pilote, vont encore s’accentuer en 2019 et 2020, avant de se stabiliser à hauteur 4 milliards d’euros par an. Les grands opérateurs œuvrant dans les domaines des mobilités, de l’énergie et surtout celui du très haut débit, avec le déploiement du plan France Très Haut Débit jusqu’en 2020, constitueront des moteurs de l’activité, pour les prochaines années.
Incertitudes autour de l’engagement de l’État
Si la tendance reste bien orientée, au niveau étatique, la FNTP alerte sur le financement des projets d’infrastructures de transport. De nombreuses incertitudes pèsent, en effet, sur le budget attendu de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), en raison du report du vote de la loi d’orientation des mobilités (LOM), qui fixe les priorités de l’État sur cinq ans. Selon cette dernière, ce budget devrait atteindre 2,7 milliards d’euros en 2019, soit + 300 millions d’euros par rapport à 2018. Mais la FNTP redoute des coupes, après les mesures adoptées en réponse aux Gilets jaunes.
Baisse de l’investissement privé et inflation des coûts
À court terme, ce sont principalement les investissements privés, en particulier les travaux de VRD (voiries et réseaux divers) liés au bâtiment, qui montrent de réels signes de ralentissement, en lien avec le coup d’arrêt des mises en chantier et des permis de construire dans le logement neuf. Ainsi, la hausse du secteur privé est estimée à + 3 % en valeur en 2019 et sera portée quasi uniquement «par une hausse des coûts plutôt que par les volumes de travaux», selon la Fédération. Les coûts de production devraient poursuivre leur tendance à la hausse en 2019, en raison d’une forte pression à la fois sur les prix des matériaux et des salaires. Selon la FNTP, «les tensions inflationnistes seraient, dans une estimation basse, de l’ordre de + 2,5 % en 2019, pour le secteur.»
Opportunités d’emploi et tensions
En matière d’emploi, l’année 2019 devrait être, selon la FNTP, la deuxième année consécutive, depuis huit ans, de créations nettes d’emplois permanents pour les travaux publics. Les entreprises du secteur devraient embaucher 40 000 collaborateurs, soit 10 000 créations nettes d’emplois. Mais les difficultés de recrutement touchent de nombreuses régions, en particulier, les grandes métropoles, et constituent désormais le principal «goulot de production», avant l’insuffisance de la demande. Dans ce contexte, la profession a décidé d’augmenter de moitié le nombre de jeunes accueillis en apprentissage, d’ici cinq ans.