Début d'année compliqué pour le maire de Saint-Etienne

Convocation judiciaire, nouveaux appels à démissionner, vernissage d'une exposition sur les 125 ans du groupe Casino en pleine déroute... Englué depuis plus de seize mois dans une affaire de chantage à la sextape, le maire de Saint-Etienne Gaël...

Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, au cours d'une marche de salariés du groupe en difficulté Casino, le 17 décembre 2023 © OLIVIER CHASSIGNOLE
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, au cours d'une marche de salariés du groupe en difficulté Casino, le 17 décembre 2023 © OLIVIER CHASSIGNOLE

Convocation judiciaire, nouveaux appels à démissionner, vernissage d'une exposition sur les 125 ans du groupe Casino en pleine déroute... Englué depuis plus de seize mois dans une affaire de chantage à la sextape, le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau (ex-LR) débute l'année avec un agenda compliqué.

"En dépit des pressions que je subis, des injures qui me sont adressées et des déceptions que je vis, je me battrai pour démontrer mon innocence",  a déclaré le maire et président de la métropole de Saint-Etienne, dans un communiqué publié cette semaine après l'annonce de la mise en examen supplétive de son ancien directeur de cabinet pour "association de malfaiteurs".

Déjà mis en examen pour "chantage" en avril dernier, l'élu de 51 ans est attendu le 19 janvier prochain chez les juges d'instructions de Lyon chargés d'enquêter sur le tournage et l'utilisation d'images compromettantes destinée à faire chanter l'adjoint municipal centriste Gilles Artigues, selon des sources concordantes à Saint-Etienne. 

Exclu du parti Les Républicains, M. Perdriau a toujours refusé de démissionner de ses fonctions électives, tout en se mettant en retrait de la métropole. Ces derniers mois, il a dû alléger ses activités de représentation. Mardi, pour la traditionnelle cérémonie de vœux aux agents de la ville, "l’ambiance risque de ne pas être à la fête", estime Sylvain Valla, de la CGT municipaux. Hasard du calendrier, l'audience de rentrée solennelle des institutions judiciaires de Saint-Etienne est prévue le jour de sa convocation devant les juges d’instruction.

Sans attendre ce rendez-vous, de nouveaux appels à sa "démission immédiate" ont fusé cette semaine après l'annonce d'une nouvelle mise en examen de Pierre Gauttieri, qui fut son bras droit à la mairie et à la métropole depuis 2014 jusqu'à son licenciement pour "rupture de confiance" fin 2022 en lien avec le scandale de la sextape. 

M. Gauttieri a déjà été mis en examen pour "chantage" en même temps que M. Perdriau, qu'un ancien adjoint municipal Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet dans le cadre de l'enquête menée à Lyon.

Durant sa dernière audition par les juges d’instruction, l'ancien directeur de cabinet, qui avait jusque là nié toute responsabilité dans le tournage de la vidéo compromettante, a mis en cause son ancien patron affirmant qu'il avait donné son "feu vert" à l'opération destinée à neutraliser politiquement le centriste Gilles Artigues et en avait réglé le financement, selon Mediapart.

Tourmente

L'affaire a éclaté fin août 2022 après que M. Rossary-Lenglet a révélé à Mediapart l'existence d'une vidéo tournée en janvier 2015 dans laquelle on voit M. Artigues se faire masser par un escort-boy dans une chambre d'hôtel. Il affirmait avoir participé à ce "barbouzage de moeurs" à la demande du maire et de son entourage et assurait avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales subventionnées par la mairie. Les deux responsables d'une de ces associations ont été mis en examen début décembre pour "complicité de détournement de fonds publics" dans ce volet financier. 

Fin septembre, M. Rossary-Lenglet a aussi remis à la justice et à Mediapart une nouvelle vidéo prouvant son implication dans un projet de chantage visant à piéger l'ancien maire de Saint-Etienne, Michel Thiollière (UMP-Rad) en le filmant avec une prostituée mineure. Ce plan n'a jamais abouti mais le champ de l'enquête a été élargi au chef "d'association de malfaiteurs en vue de préparer le délit de chantage".

Les derniers rebondissements de l'affaire devraient figurer au menu du bureau des adjoints, puis du conseil de majorité que doit présider Gaël Perdriau lundi. Un de ses trois derniers adjoints encore encarté LR, Claude Liogier, figure parmi les signataires d'un appel à la "démission immédiate" réunissant les principaux élus LR de la Loire en réaction aux "aveux de Pierre Gauttieri confirmant qu’il est le commanditaire du Kompromat".  

Pour les élus écologistes aussi, "le départ est la seule issue". "Dans la tourmente qui s'annonce avec l’effondrement du groupe Casino, notre territoire a pourtant plus que jamais besoin d’une gouvernance solide et crédible", insiste un communiqué des élus PS et DVG.

La semaine prochaine, M. Perdriau doit inaugurer à l'Hôtel de ville une exposition de photographie intitulée "Casino, une histoire de famille". Programmé de longue date, cet événement a été conçu pour célébrer les 125 ans du groupe emblématique de l'histoire locale, désormais en voie de démantèlement.

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