De la scène à la ferme

Chloé Pimont a délaissé les scènes de théâtre pour assouvir sa passion de la laine. Pour vivre son rêve, elle s’est lancée dans l’élevage de brebis et a bénéficié du soutien de la foncière FEVE.

Chloé Pimont a changé de vie pour devenir éleveuse de brebis en Saône-et-Loire, un projet soutenu par l’association FEVE grâce à l’épargne populaire. (@FEVE)
Chloé Pimont a changé de vie pour devenir éleveuse de brebis en Saône-et-Loire, un projet soutenu par l’association FEVE grâce à l’épargne populaire. (@FEVE)

Depuis avril 2024, Chloé Pimont est à la tête de la ferme des Cheminots, à côté d’Autun, qui compte 45 hectares et un cheptel de 160 brebis. Son élevage est dédié à la production de laine transformée en pelotes, chaussettes et autres mitaines grâce à des partenariats avec des entreprises françaises, une activité pour le moins atypique dans le département. « Je réalise moi-même des pulls mais uniquement sur commande » explique la quarantenaire passionnée par le travail de la laine. Des savons à base de lait de brebis et de la viande d’agneau sont également commercialisés sur des marchés et dans un magasin de producteur proche. Actuellement en agriculture conventionnelle, l’éleveuse entend se convertir à l’agriculture biologique. Elle projette également d’atteindre une autonomie alimentaire, avec une production de foin et de méteil sur environ cinq à six hectares.

Une installation idéale

Locataire, Chloé Pimont a la possibilité de devenir propriétaire dans les prochaines années. Si son installation se fait dans des conditions idéales, elle aurait pu n’avoir jamais lieu. A la recherche d’une exploitation en Saône-et-Loire, Chloé Pimont apprend la ferme des Cheminots est à reprendre. « Je devais attendre que l’exploitant prenne sa retraite pour louer à mon tour. Finalement, en 2023, le propriétaire non-exploitant me fait savoir qu’il préfère vendre que louer », se souvient-elle. Mais l’obtention d’un prêt est hors de portée.

C’est là qu’elle découvre l’association FEVE (Fermes En ViE). « C’est une foncière dans laquelle des particuliers et des entreprises investissent », résume la quadragénaire. Son projet séduit l’association qui le trouve solide grâce à la valeur ajoutée par la transformation et l’expérience de Chloé Pimont. La localisation proche d’Autun et de la gare TGV du Creusot et les circuits de commercialisation proches sont deux autres aspects positifs. « FEVE voulait aussi encourager des femmes à s’installer » rebondit la jeune femme. C’est donc l’association qui se porte acquéreuse et loue l’exploitation à l’éleveuse.

Un long parcours semé d’embûches

Un soulagement pour l’agricultrice qui cherchait à s’installer depuis quatre ans et qui s’est confronté à de nombreuses désillusions. « Soit, je trouvais 100 hectares, ce qui est trop grand pour moi, soit on me reprochait de ne pas être issue du monde agricole ou encore d’être une femme. ». Pourtant, Chloé Pimont a une expérience de sept ans dans le domaine. Sa passion pour l’agriculture débute en 2012. A l’époque, la jeune femme, actrice, rencontre son compagnon dans le Morvan et devient mère de famille. Les aller-retours entre Paris et la province compliquent sa vie personnelle. « Ça devenait difficile de travailler dans le théâtre donc j’ai arrêté. J’ai par ailleurs fait une rencontre qui m’a marquée avec Marie-Georges Ryan, feutrière du Morvan » se souvient-elle. Décédée depuis, cette femme lui a transmis son savoir-faire autour de la laine, une matière dont Chloé Pimont tombe amoureuse.

Elle commence par vendre des objets de sa création sur les marchés mais veut aller plus loin dans la démarche. « Mon compagnon avait une ferme de 20 hectares qu’il n’utilisait pas en totalité. Je voulais en profiter pour fabriquer ma propre laine. » Pendant un an, elle suit une formation pour obtenir son brevet agricole et bénéficier des aides européennes à l’installation. En août 2018, elle débute avec 30 brebis et monte jusqu’à 90 animaux. « Malheureusement, la laine ne suffisait pas à obtenir une rémunération donc j’ai voulu ajouter le savon de lait de brebis et la viande d’agneau. » La sécheresse qui frappe la région met en lumière son manque d’autonomie par rapport à l’eau. « Je ne pouvais plus donner à boire aux brebis. Je devais aller à la rivière, à l’ancienne, et c’était très difficile. » C’est le déclic pour chercher une exploitation plus viable et qui la conduira jusqu’à la ferme des Cheminots. C’est probablement ce virage à 360 degrés qui a offert à Chloé Pimont le rôle de sa vie, loin des scènes sur lesquelles elle est montée des années durant.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert