A Libercourt

De l’entreprise Philippe MTP au groupe Yamat

Plusieurs dirigeants de la région sont allés dans les locaux de l’entreprise Philippe TP (à sa création, Philippe MTP) à Libercourt, afin de comprendre les secrets de la longévité des entreprises familiales. Rencontre avec Bernard et Yannick Matton, père et fils.

Bernard et Yannick Matton ont raconté l’histoire de leur entreprise, devenu un groupe, devant des dirigeants du territoire. © Aletheia Press / L.Péron
Bernard et Yannick Matton ont raconté l’histoire de leur entreprise, devenu un groupe, devant des dirigeants du territoire. © Aletheia Press / L.Péron

En France, trois entreprises sur quatre sont détenues par des capitaux familiaux. C’est une bonne nouvelle corroborée par plusieurs études qui démontrent que la durée de vie moyenne d’une entreprise familiale est de soixante ans, contre vingt ans pour une entreprise au montage classique. «C’est pour cela que ce soir, nous avons décidé que notre afterwork se déroulerait au sein de l’entreprise Philippe TP à Libercourt, introduit Olivier Talbert, président du réseau de clubs d’affaires Business O2. Cette entreprise du groupe Yamat est détenue par Yannick Matton, qui a succédé à son père, il y a de ça quelques années». L’objectif de cette soirée : comprendre les leviers qui permettent aux entreprises familiales d’être si pérennes.

Une histoire de famille

L’histoire débute en 1987, quand Bernard Matton rachète avec trois associés, l’entreprise Philippe MTP. «À cette époque, notre dirigeant est décédé d’un cancer foudroyant du pancréas. En trois mois, il nous a quittés. Nous avions une boîte qui tournait bien. Nous ne voulions pas qu’elle ferme alors, tout simplement, nous avons décidé de la racheter à sa femme», relate Bernard Matton. À cette époque, 20 salariés travaillaient pour l’entreprise.

«Je n’ai jamais voulu être dirigeant, mais quand il y a un train qui passe, il faut savoir monter dedans», poursuit le cadre, qui a peu à peu pris du galon, racheté d’autres entreprises, avant de confier les rênes à son fils. «J’ai légué, à parts égales, ce que je possédais à mon fils et mes deux filles», assure Bernard Matton. C’est pourquoi, Yannick, qui est entré dans l’entreprise en 2007, a contracté des prêts pour ensuite racheter les 66 % que détenaient ses deux sœurs. Sept ans ont été nécessaires pour tout rembourser. «Moi, j'ai eu de la chance dès le départ, donc je remercie mon père qui a œuvré pour me léguer cette belle boîte», lance Yannick Matton.

L’entreprise Philippe MTP a évolué, pour devenir un groupe : le groupe Yamat. «Yamat, c’est la holding que j’ai créée pour racheter l’ensemble des parts», relate le jeune homme. Aujourd’hui, le groupe est composé de quatre sociétés qui disposent de six agences en Hauts-de-France qui emploient une centaine de collaborateurs. L’ensemble développe un chiffre d’affaires avoisinant les 35 millions d’euros par an. «Dans le groupe Yamat, il y a l’entreprise Philippe TP, anciennement Philippe MTP, qui est concessionnaire d’engins du BTP pour la marque JCB, tandis que l’entreprise Philmat est concessionnaire pour la marque Kubota et les sociétés Dymat Loc et L’avenir louent et font la maintenance d’engins de BTP», liste l’actuel dirigeant.

Les clés d’une transmission réussie

«Nous ne nous sommes jamais engueulés» affirme Yannick Matton. La communication est essentielle pour qu’une entreprise familiale soit pérenne. «Il faut aussi être bien entourés et bien accompagnés. Notre expert-comptable et notre avocat ont été essentiels pour que la transmission se fasse dans les règles» ajoute Bernard Matton, qui a transmis sa boîte jeune, alors qu’il n’avait qu’une petite cinquantaine d'années. «C’est bien aussi de ne pas léguer trop tard, comme ça, vous avez encore des idées et vous pouvez accompagner votre successeur», poursuit Bernard Matton.

L’actuel dirigeant du groupe Yamat ne sait pas si ses enfants lui succéderont, mais une chose est sûre en ce qui concerne la transmission : il suivra les pas de son père. «Lorsque je voudrais léguer, transmettre ou revendre, je le ferais bien entouré», conclut Yannick Matton. Mais ce n’est pas pour tout de suite… Le dirigeant a encore du temps devant lui, pour faire évoluer et pérenniser son groupe.