De l’industrie automobile… au pain

Mario Buscemi a, comme on dit, un “parcours professionnel atypique”. En 2008, il a abandonné l’industrie pour l’artisanat. Boulanger convaincu, il a en outre choisi le 100% bio, un sacré défi à relever.

Mario Buscemi dans la partie fabrication. Un matériel neuf et une ancienne grange entièrement rénovée en coeur de village.
Mario Buscemi dans la partie fabrication. Un matériel neuf et une ancienne grange entièrement rénovée en coeur de village.

 

Mario Buscemi dans la partie fabrication. Un matériel neuf et une ancienne grange entièrement rénovée en coeur de village.

Mario Buscemi dans la partie fabrication. Un matériel neuf et une ancienne grange entièrement rénovée en coeur de village.

Le 2 avril, Mario Buscemi, 48 ans, a ouvert une boulangerie 100% bio au coeur du village de Féron. De mémoire d’habitant, cela faisait bien 40 ans qu’il n’y avait plus de fabricant de pain dans cette petite commune rurale du Sud-Avesnois. Située pas très loin de Fourmies, Féron s’est fait notamment connaître par son festival des Féron’arts et le slogan “L’art et la matière” qu’elle décline depuis quelques années.
Ce n’est sans doute pas un hasard si le Fourmisien a pu donner vie à son projet à Féron.

Le sentiment d’être un pionnier. Sur son projet, son aventure, ses mésaventures, Mario Buscemi est intarissable, volubile, passionné. Sa vocation de boulanger lui est venue sur le tard, en 2008, lorsqu’il a décidé de quitter l’industrie automobile (cf. encadré) et de passer un CAP de boulanger. “Que dire sinon que j’aime le pain. Dans ma famille, en Italie, on le faisait, comme souvent, soi-même. C’est un symbole du quotidien et un aliment de base. Je ne pouvais pas imaginer de faire autre chose que du bio : un vrai pain doit avoir du goût, être nourrissant et se conserver plusieurs jours. C’est simple, je voulais de la qualité, du début à la fin… Les gens ont perdu de vue beaucoup de choses et c’est pour cela que je suis content d’avoir des personnes âgées parmi mes clients : elles se souviennent et ça me fait plaisir !
Les boulangeries biologiques artisanales sont encore rares et Mario Buscemi – qui n’ignore rien de l’environnement économique, artisanal ou industriel dans lequel il évolue – reconnaît qu’il a le sentiment d’être un “pionnier”.

Plusieurs variétés de pains et pâtes fraîches. Le boulanger de Féron a des projets mais, pour l’instant, comme il vient d’ouvrir, il s’attaque à fabriquer et vendre plusieurs variétés de pains confectionnés avec des farines choisies chez des fournisseurs qu’il connaît. “Ce sont des paysans boulangers de la région. Je leur achète du froment, du seigle, de l’épeautre, de la complète, de la demi-complète… La farine de blé dur vient, elle, de l’Italie du Nord ; elle a été réalisée à partir de blé de Sicile.” Le beurre de ses brioches vient, lui, de Wignehies, pas loin, et les oeufs, de Saint-Hilaire-sur-Helpe, également dans l’Avesnois. En Italien qu’il est, il propose également des pâtes fraîches. “Après, à chacun de préparer la sauce et l’accompagnement qu’il veut”, précise-t-il. Ses clients sont des particuliers des environs mais il a commencé à livrer des magasins spécialisés bio de l’arrondissement, à Maubeuge, Avesnessur- Helpe et Fourmies. Pour l’instant, son rayon de travail c’est 30 km autour de Féron. “C’est parce que je tiens à faire du frais”, indique-t-il, en ajoutant que la Belgique, toute proche, l’intéresse.

Une SARL locataire. L’activité s’est constituée en SARL, baptisée Les Mangeurs de pain. En font partie son épouse Marie-Pierre et des représentants d’un club Cigales du territoire (épargne solidaire au service de la création) qui ont apporté une partie du capital. Le bâtiment, une ancienne grange, appartenait à la mairie qui l’a cédé à la communauté de communes Action Fourmies et environs. Et celle-ci l’a réhabilité avec diverses aides publiques. La SARL est aujourd’hui locataire de l’intercommunalité et s’acquitte d’un loyer par le biais d’un bail commercial. Et l’effectif ? “A l’ouverture, j’étais seul à la fabrication avec deux personnes en CDD à mi-temps. Maintenant, Céline travaille avec moi, à mi-temps, au magasin”. Céline Gadeyne est par ailleurs restauratrice de tableaux, installée depuis quelques années dans ce village qui réserve bon accueil aux créateurs et artistes.