Recyclage des déchets alimentaires
De l’assiette au méthaniseur, Raismes innove
Sélectionnée par le Siaved (Syndicat Inter-Arrondissement de Valorisation et d’Élimination des Déchets) pour mener une expérimentation sur le recyclage des déchets alimentaires des particuliers, la commune du Bassin minier est en période test, forte d’une première expérience auprès des cantines.
Ils sont partout en ville : onze points de collecte qui recueillent les biodéchets déposés par les habitants (déchets alimentaires, plantes, essuie-tout et cartons légers comme les boîtes à œufs à déchiqueter en morceaux) depuis avril 2024. Pour faciliter la démarche, des «bioseaux» ont été donnés aux volontaires, pour transporter leurs déchets. Et en visitant quelques emplacements aux côtés de Jean-Paul Mottier, adjoint à la transition communale en charge des biodéchets, force est de constater l’absence d’odeur et de déchets sauvages à leurs pieds : «Les bacs sont relevés et nettoyés toutes les semaines. Ils sont hermétiques et protégés des rats». Et ceux qui possèdent un jardin ont pu installer un composteur gratuitement chez eux.
Obligation légale
Volontaire auprès du Siaved (Syndicat Inter-Arrondissement de Valorisation et d’Elimination des Déchets), la ville teste une organisation pour répondre à une obligation légale. Depuis janvier 2024, les communes doivent proposer une solution pour le recyclage des déchets alimentaires des particuliers (Loi anti-gaspillage adoptée en février 2020). À Raismes, jusqu’à présent, les camions poubelles ramassaient les déchets verts mais pas alimentaires, et ce tous les quinze jours. Or, l’alimentaire représente 30% des déchets brûlés.
La ville de Raismes (12 000 habitants) n’en est pas à sa première expérimentation en matière de transition écologique : école rénovée selon la technologie «hors site» générant plus de 86% d’économies d’énergie, 600 logements en rénovation thermique dans le Quartier de Sabatier, gestion des espaces verts selon des critères écologiques... La ville a été labellisée «Commune zéro déchets» en 2022.
L'enthousiasme des habitants
Pour mener ce projet, la mairie et le syndicat ont identifié des trames urbaines – lotissements, habitats verticales, maisons de ville – susceptibles d’accueillir ces points de collecte. «Nous nous sommes appuyés sur les bailleurs sociaux, qui logent 40% des habitants, pour trouver des ménages volontaires jusque fin 2024. 130 composteurs et 120 bioseaux ont été distribués, financés à 100% par le Siaved», souligne Jean-Paul Mottier, qui évoque les réunions d’informations sur le projet : «Une forte mobilisation a été enregistrée dans le quartier de Sabatier où 80% des composteurs ont été distribués. Nous avons rencontré des personnes ravies de recevoir un composteur gratuit, sensibles aux enjeux du recyclage».
Une expérimentation qui pourrait s’étendre à toute la CAPH, Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut en 2025. «Mais ça se complique post-collecte. Un pré-tri est réalisé à Oignies, puis tout est envoyé à Blaringhem près de Saint-Omer, à plus de 100 km, pour être soit méthanisé, soit transformé en composte. Nous souhaiterions que ce processus soit provisoire : c’est dommage de mettre des camions sur la route pour transporter de l’eau», regrette la mairie.
Expérimentation 100% locale avec les cantines
Une alternative pourrait être envisagée. Raismes, depuis 2022, recycle les déchets alimentaires des cantines dans le cadre de la démarche «Commune zéro déchet». Et ce hors Siaved. «Nous avons imaginé une solution locale de valorisation. Une aire de 30 composteurs gère les 9 tonnes annuelles de déchets, pour un budget annuel de 16 000 euros. Cette enveloppe finance l’employé municipal qui fait le tour quotidien des six écoles primaires». L’état de maturation des composteurs est ensuite suivi afin d’obtenir un composte pour les espaces verts.
Une solution qui pourrait inspirer d’autres décideurs. «Nous nous sommes rapprochés des Alchimistes, une structure régionale de de l’Économie sociale et solidaire, pour mieux traiter les déchets et faire plus d’économies. En proposant par exemple nos services à d’autres communes et faire des économies d’échelle», imagine Jean-Paul Mottier, fier de préciser que l’ensemble des projets écologiques de la commune n’aurait pu voir le jour sans une chasse efficace aux subventions : «On essaie de tout optimiser, tout en conservant la qualité du service public».