De bons résultats malgré la perspective du Brexit

 

Pour les actionnaires de Getlink, les nouvelles sont bonnes : le dividende 2019 pour les actions Getlink a progressé de 14% avec un rendement de 2,5%. Quant au Brexit, au cœur des préoccupations au cours des dernières années, il se serait mué en opportunité. Les Stop and Go du Brexit ? Ils ont juste amené plus de creux et de pics de fréquentation. Pour Jacques Gounon, son PDG, «c’est juste ce qui se produit en cas de tempête ou de vacances ! On sait rajouter des navettes au bon moment». L’entreprise a investi sur les nouvelles installations de façon à créer une frontière “agile” en misant sur l’échange des données informatiques dans les deux sens. Le parking export est la plus grande réalisation. Quand un camion se présente, la transmission digitale permet un passage fluide des marchandises : «flèche verte, c’est Ok ! ; flèche orange, il faut passer par la case douane pour compléter les formalités». Quant aux passagers, un e-gate rend les passages fluides.

Pour Eleclink, par contre, un retard a été pris pour les multiples formalités administratives. L’avis de la commission de sécurité est annoncé pour avril. D’une capacité de 20 gigawatts en courant continu, ce câble doit permettre d’augmenter de 25% les échanges d’électricité entre la France et la Grande–Bretagne. «Le décalage, dû à des procédures très tatillonnes, est en train de grignoter notre avance concurrentielle»,note Jacques Gounon, qui reste cependant confiant sur la mise en place du câble avant l’été. Ce câble utilisable dans les deux sens servira l’augmentation attendue de la consommation électrique. Une fois mis en service, la rentabilité d’Eleclink (Ebitda) attendue est de 80 M€ par an.

Prêt pour le transport green !

La performance RSE de Getlink a été améliorée pour le service aux clients (87,7% de satisfaction) et pour l’environnement. «C’est le moyen le plus vert de traverser la Manche, indique le PDG. On est très attentif à l’égalité homme/femme et chaque salarié a d’emblée 125 actions gratuites.» Quant à la gouvernance, Jacques Gounon prendra du recul en juillet 2020 et deviendra président du conseil d’administration non exécutif tandis que Yann Leriche sera nommé directeur général.

Concernant les résultats financiers, le chiffre d’affaires 2019 est stable (+ 0%) et le résultat net (159 M d’euros) est en hausse de 20% et la dette de 3,8%. Rappelons que 33 M d’euros sont versés sur trois ans par la Grande-Bretagne pour le Brexit. En 2019, ce sont surtout les grèves des douaniers (du 5 mars au 15 avril 2019) qui ont eu le plus d’impact. Le yield (taux de remplissage) a malgré tout augmenté de 3% pour les camions et les passagers. Europorte a fait une année positive (24 M d’euros d’Ebitda), et ce, malgré les grèves. Malgré les augmentations de tarifs, Eurostar a totalisé en 2019 plus de 11 millions de passagers. L’augmentation d’Eurostar Amsterdam a compensé l’effet des grèves de fin d’année en France.

Quant aux perspectives de l’entreprise, elles restent très bonnes avec un Ebitda prévisionnel de 580 M€. Pour demain, Getlink a en ligne de mire un TGV encore plus vert avec le projet Green Speed d’Eurostar/Thalys, mais aussi le joint-venture 50/50 avec la RATP qui permettrait d’allier leurs compétences et de répondre à l’ouverture du rail à la concurrence.