David Lisnard, le maire de Cannes qui aspire au premier rôle
Il devrait être réélu cette semaine à la tête de l'AMF, l'influente association d'élus. Le maire LR de Cannes David Lisnard, 54 ans, cache de moins en moins ses ambitions: incarner le meilleur...
Il devrait être réélu cette semaine à la tête de l'AMF, l'influente association d'élus. Le maire LR de Cannes David Lisnard, 54 ans, cache de moins en moins ses ambitions: incarner le meilleur espoir masculin de la droite pour 2027.
Adoubé par son prédécesseur, François Baroin, un homme de réseau du même parti, David Lisnard a décroché il y a deux ans la présidence de l'Association des maires de France (AMF) face à une liste soutenue en catimini par la majorité présidentielle.
Un premier fait d'armes à l'échelon national et face à la Macronie qui a donné l'occasion au maire de Cannes de tenter de combler son déficit de notoriété à l'échelon national, en sillonnant le pays depuis 2021, d'une réunion de maires à une autre.
Si sa réélection cette semaine pour trois ans à la tête de l'AMF est pratiquement acquise, la conclusion de ce second mandat, après les municipales de 2026, alimente les spéculations sur une candidature à l'Elysée dans la foulée.
"J’essaie de peser et de compter, de monter en puissance", reconnaît l'intéressé, qui vient de donner une dimension nationale au mouvement "Nouvelle énergie" qu'il avait créé pour conquérir la mairie de Cannes il y a dix ans.
Il récuse d'ailleurs le qualificatif de "micro-parti" pour cette formation, assurant qu'elle se déploie sur le territoire national, tout comme il conteste les clichés bling bling sur sa ville et revendique des origines modestes, rappelant que ses parents étaient commerçants.
Bien entouré, une bombe!
Pour 2027, il assure que "personne n'a tué le match" à droite et exige des primaires, Laurent Wauquiez, président d'Auvergne-Rhône-Alpes et candidat potentiel de LR, ne décollant pas dans les sondages.
"Bien entouré et bien accompagné, ce mec-là est une bombe", reconnaît un conseiller Les Républicains, qui tempère immédiatement ses éloges en regrettant que le maire soit "un solitaire".
Une image qu'il s'est forgée notamment en partant en voiture en Ukraine quelques jours seulement après le début de l'invasion russe, mais dont il tente de se défaire.
Il s'est affiché aux côtés de près d'un millier de personnes à Paris lors de l'inauguration du siège parisien de "Nouvelle énergie". Parmi elles, des personnalités de droite comme la présidente de la fédération LR de Paris, la sénatrice Agnès Evren, et les anciens ministres Hervé Novelli et Gérard Longuet.
De formation classique - droit, Sciences-Po Bordeaux -, il a frappé le centriste Hervé Morin, qui figure parmi ses soutiens, "par la profondeur de sa réflexion et sa culture".
Père de trois enfants, amateur de punk rock, avec un téléphone qui vivre au son des riffs acérés des Clash ou des Stranglers, David Lisnard est aussi un adepte de la digression, art qui l'éloigne souvent du texte de ses discours, pour le plus grand désespoir parfois de ses équipes.
Des discours parsemés de petites phrases mémorables qui vont du "on n'est jamais à l'abri d'une victoire" lancé il y a un an pour justifier sa décision de ne pas se présenter à la présidence de LR, au récent "il faut résister à sa propre narration de récit narcissique" pour éviter de parler de 2027.
"Ce n'est pas un one man show, mais un discours politique", s'est-il cru obligé de rappeler devant une assistance qui riait aux éclats tandis qu'il multipliait micro en main les anecdotes kafkaïennes sur le mille-feuilles administratif français.
Les charges du maire contre la bureaucratie sont récurrentes, tout comme ses appels à la libéralisation de l'économie qui renvoient aux positions de l'ancien député Alain Madelin, mais agacent certains de ses collègues à droite qui les estiment dépassées.
"Il demande aussi plus d’Etat sur l’autorité, sur la justice", rétorque Hervé Morin, qui assure que les propos de M. Lisnard "ont été repérés par les milieux économiques".
M. Morin fait partie d'une "bande de copains", pour reprendre ses propres termes, composée "d'une petite dizaine de personnes", dont l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy.
Une équipe qui invite chaque mois des intellectuels et des universitaires pour "travailler des sujets"... et peut-être plancher sur un scénario pour 2027.
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