Dans les décombres ou en montagne, les sapeurs français et leurs chiens se préparent pour sauver des vies

Sauver des vies. Avec cette seule mission en tête, les chiens Nala, Sango ou encore Pumba sillonnent avec leurs maîtres des terrains multiples lors d'exercices intenses de la Sécurité civile française, pour être...

Un secouriste de la Sécurité civile et son chien participent le 26 mars 2025 à Torija, près de Madrid, à un exercice baptisé Swan de recherche de victimes © Thomas SAMSON
Un secouriste de la Sécurité civile et son chien participent le 26 mars 2025 à Torija, près de Madrid, à un exercice baptisé Swan de recherche de victimes © Thomas SAMSON

Sauver des vies. Avec cette seule mission en tête, les chiens Nala, Sango ou encore Pumba sillonnent avec leurs maîtres des terrains multiples lors d'exercices intenses de la Sécurité civile française, pour être parés à être déployés à tout moment.

Aux abords de Madrid ou sur les sommets pyrénéens, dix-huit équipes cynotechniques ont testé la semaine dernière leurs aptitudes à rechercher des victimes, dans des conditions difficiles, pour maintenir une exigence opérationnelle. L'exercice, baptisé Swan, prépare les troupes à répondre immédiatement à une situation d'urgence, comme cela pourrait être le cas avec la Birmanie, durement frappée par un puissant séisme vendredi.

"Pour une opération d'ampleur, c'est 99% d'entraînement pour 1% d'intervention. La phase de préparation est immense. Ca nous permet d'être toujours présent le jour J, ce qui est crucial puisqu'il y a des vies qui sont en jeu", souligne le sergent Charly, chef de chenil au 7e RIISC (régiment d'instruction et d'intervention de la Sécurité civile) et organisateur de l'exercice.

Minuit approche. Nuit noire sur Tojira, à 80 km au nord-est de Madrid. Les équipes cynotechniques françaises - deux sauveteurs du 7e RIISC, deux pompiers de Paris et 14 sapeurs-pompiers volontaires - arrivent après avoir enchaîné durant 48 heures non-stop des exercices dans l'obscurité: dans une mine, sous les tirs dans un parc, suspendus dans le vide...

Le scénario en Espagne: retrouver des survivants sous les décombres d'un hôtel après un séisme, en coopérant avec l'armée espagnole (Unidad Militar de Emergencias, UME).

Dans un froid glacial, sur des gravats de béton, maîtres et chiens partent en quête de victimes. Guillaume et son malinois Pumba s'avancent vers un endroit où des hussards espagnols déblaient à l'aide de marteaux-piqueurs, sous la lumière de deux immenses projecteurs. Dégagement important de fumée. L'ambiance est celle de vrais séismes où une multitude de personnes sont présentes, ce qui peut être un facteur de stress pour les chiens.

Le conducteur Guillaume détache son chien et Pumba file sur les gravats, reniflant et s'activant avec frénésie.

Expérience unique

Les militaires espagnols ont caché de la nourriture pour déstabiliser le travail du chien. "Sur des tremblements de terre, vous avez des frigos ouverts, des odeurs partout. Ils ont aussi mis des vêtements dans des caches. Si le chien leur signale ça, les équipes de hussards vont creuser pour rien alors qu’à cinq mètres à côté, il y a une vraie victime qui attend", explique le sergent Benjamin, adjoint à l'organisation.

Les chiens de la Sécurité civile française ne sont formés que pour la recherche de personnes vivantes. En Espagne, ils sont confrontés aux odeurs de mort, avec des restes humains placés dans des boîtes.

"L'expérience est unique puisqu'en France c'est interdit, mais pas en Espagne. Pour nous, il s'agit d'une vraie plus-value, parce qu'en intervention, malheureusement, on ne trouve pas toujours des personnes vivantes. Etre confronté pour la première fois à quelqu'un de décédé, ça peut être traumatisant et les jeunes conducteurs peuvent ne pas savoir interpréter ce que dit le chien lors d'une telle découverte", explique le sergent Charly.

Sur les gravats, Pumba marque et aboie: il a trouvé une victime. Guillaume le félicite et le récompense en lui donnant, pour quelques minutes, son jouet, un boudin de tissu. Tout n'est que jeu pour le chien, aux qualités olfactives exceptionnelles.

"C'est un gage de réponse opérationnelle très rapide. Avec dix hommes sur un terrain de 500 mètres carrés de décombres, vous allez mettre deux, voire trois heures à trouver une victime. Avec un chien, en une minute, la personne peut être retrouvée et localisée", relève le sergent Charly. 

"Le chien peut discriminer toutes les odeurs, souligne le lieutenant-colonel Christelle, vétérinaire: si on a mal dormi, si on est de bonne ou mauvaise humeur, si on a de la fièvre, si une femme est enceinte, il le sait tout de suite parce qu'on dégage ces odeurs".

Il est 05H30, le soleil ne s'est pas encore levé et les équipes cynotechniques reprennent l'avion de la Sécurité civile pour la station de ski d'Artouste (Pyrénées-Orientales) pour un nouvel exercice d'après-séisme.

38FP763