Dans le Soissonnais, une prévention accrue face aux coulées de boue
Le Soissonnais touché ces derniers mois par des phénomènes climatiques violents et par des coulées de boue dont une mortelle à Courmelles, souhaite «passer la seconde» dans la prévention. Le syndicat du bassin-versant de l'Aisne navigable se mobilise sur cette question pour identifier les zones à risques et prévoir des travaux.

Le Soissonnais souhaite prendre à bras-le-corps le sujet de la lutte contre les ruissellements et coulées de boue. Une réunion autour de la sous-préfète Carine Roussel, d'institutions comme la DDT et du syndicat du bassin-versant de l'Aisne navigable a eu lieu le 26 février à ce sujet en mairie de Mercin-et-Vaux. L'occasion de faire le point sur les projets en cours et à venir, d'autant que le sujet inquiète les habitants. Pour rappel, une coulée de boue dévastatrice ayant coûté la vie à une habitante s'était produite à Courmelles en mai dernier. Et le Soissonnais avec ses vastes plateaux agricoles et ses versants pentus, est un secteur géographique particulièrement exposé avec 18 arrêtés de catastrophe naturelle liés aux coulées de boue pris en 2024.
Un territoire particulièrement exposé
«Ces phénomènes climatiques n'ont plus de saisonnalité, ils peuvent se produire à tout moment et à n'importe quel endroit», relève Carine Roussel, la sous-préfète de l'arrondissement de Soissons. Et les habitants souhaitent des réponses rapides sur un sujet qui par nature prend du temps pour prévoir les travaux, les réaliser et les financer. Cela dans un contexte de multiplicité des acteurs et des compétences. «Les gens sont extrêmement tendus sur cette question, ils attendent de nous des actions très rapides, confirme Laurent Caudron, maire de Mercin-et-Vaux. Sauf que cela demande du temps pour faire les études et dimensionner les ouvrages».

Si pendant de nombreuses années, le sujet de la prévention du ruissellement et des coulées de boue n'intéressait pas foncièrement les élus impliqués dans les syndicats de rivière, la prégnance du risque et les catastrophes récentes ont fait bouger les lignes. Le moment est idoine pour «passer la seconde» sur ce sujet selon Nicolas Gérault, président du syndicat du bassin-versant de l'Aisne navigable qui regroupe 110 communes et cinq EPCI (GrandSoissons agglomération, Lisières de l'Oise, Retz-en-Valois, Val de l'Aisne et Oulchy-le-Château) répartis sur les deux départements de l'Aisne et l'Oise.
L'exemple des aménagements de Mercin-et-Vaux
Le syndicat s'appuie sur l'exemple des aménagements réalisés à Mercin-et-Vaux en 2015. Cette commune et celle de Saconin-et-Breuil ont connu plusieurs événements orageux notables en 1986, 1992, 1993 et 2006 avec d'impressionnantes coulées de boue ayant déferlé dans les rues, causant d'importants dommages. Une étude visant à lutter contre le ruissellement et l'érosion a alors été menée par le syndicat sur ce bassin versant du ru de Voidon, caractérisé par un fort encaissement de sa vallée avec des versants très pentus, favorisant la genèse de ruissellements à vitesse élevée. L'étude globale et hydraulique a préconisé divers aménagements : du simple enherbement à des ouvrages plus conséquents tels qu'une prairie inondable. Ces aménagements ont été concertés avec les agriculteurs locaux qui ont mis en place de leur côté des bandes enherbées et modifié leurs pratiques culturales.

«Nous avons conventionné avec les trois agriculteurs de la commune afin qu'ils mettent en place des cultures qui permettent de maintenir les sols, de freiner l'eau et favoriser son infiltration, témoigne Laurent Caudron, maire de Mercin-et-Vaux. En bordure de plateau, il a été préconisé de planter des graminées comme de l'orge d'hiver, du blé, de l'orge printemps qui retiennent l'eau, plutôt que des betteraves ou du maïs, des cultures qui mettent à nu le sol au printemps».
Les aménagements réalisés à Mercin pour un total de 385 000 euros HT peuvent donc faire figure d'exemple pour l'ensemble du territoire. Le syndicat financé par les cotisations des intercommunalités (3 euros par habitant en moyenne soit au total 128 000 euros à l'année) souhaite élaborer un Programme d'action de prévention des inondations (Papi) afin d'accéder au fonds Barnier, une source de financement importante de la politique nationale des risques naturels. Une démarche stratégique et administrative qui prendra plusieurs années mais ne doit pas empêcher d'agir concrètement en attendant.
