France Travail

Dans la noyonnais et le compiégnois, des partenariats plus forts pour mieux appréhender le retour au travail

Lors d'une conférence organisée le 23 avril, les agences de Compiègne de Lesseps, Noyon et Compiègne-Margny France Travail ont fait le bilan de l'emploi de l'année 2024. Grâce aux témoignages de professionnels, elles ont mis en lumière les nouvelles méthodes de recrutement mises en place, en partenariat avec les entreprises et les acteurs locaux, dans le but de répondre aux besoins des entreprises et de remettre les demandeurs d'emploi sur la voie de la vie professionnelle... dans un contexte où le monde du travail est bousculé par de nouvelles aspirations sociétales.

Les tois agences France Travail du noyonnais et compiéngois ont invité jeune et dirigeant et DRH pour témoigné de leur nouvelle pratique de recrutement, au sein de l'agence de Noyon.
Les tois agences France Travail du noyonnais et compiéngois ont invité jeune et dirigeant et DRH pour témoigné de leur nouvelle pratique de recrutement, au sein de l'agence de Noyon.

Avec 14 692 demandeurs d'emploi, l'année 2024 a été une année de stabilité du taux de chômage sur le territoire du noyonnais et du compiégnois. De 7,5%, ce taux est sensiblement équivalent à celui de la moyenne nationale (7,4%) et très inférieur à celui de la région des Hauts-de-France (9,2%). Cette tendance s'explique par le fait que ce territoire est l'un des plus dynamiques de la région, porté par un marché de l'emploi de la même teneur. «La proximité avec l'Île-de-France est aussi une des raisons, précise Caroline Nuns, directrice de l'agence France Travail Noyon. Les liaisons ferroviaires facilitent l'employabilité dans la région parisienne». Ce dynamisme trouve également ses raisons au cœur de l'économie locale, grâce notamment aux nouvelles installations d'entreprises (Manufacture de Senlis, Gants Maille...) ou encore à des agrandissements de sites de production (Matra, Chanel...). De même, 8 038 personnes ont retrouvé un emploi au cours des trois premiers trimestres 2024.

Si le taux de chômage est stable, la formation enregistre un nombre toujours élevé : en 2024, 2 876 entrées en formation ont été enregistrées, dont 177 préalables au recrutement. «La formation est un fort levier pour le recrutement», note Caroline Nuns. Et les chiffres le prouvent : en 2024, 58,5% des demandeurs d'emploi (deux points de plus que la région) ont accèdé à un emploi dans les six mois qui suivent la fin de leur formation.

Du côté des profils des demandeurs d'emploi, 45% sont inscrits depuis moins d'un an, 12% proviennent des quartiers ciblés par la Politique de la ville et 72% font partie des publics prioritaires (jeunes, RSA, personnes en situation de handicap, demandeurs d'emploi longue durée, quartiers prioritaires et senior). «72% est un chiffre qui paraît important mais nous avons regroupé ces personnes dans une même catégorie dans le but de prioriser nos actions car ces publics ont un réel besoin d'accompagnement pour un retour à emploi», explique Christelle Winter-Abadie, directrice de l'agence France Travail Compiègne-Margny.

Par ailleurs, l'enquête BMO (Besoins en Main-d'Œuvre) de 2025 prévoit une baisse importante en besoin de main d’œuvre à Noyon (-16%) et à Compiègne (-20%) par rapport à 2024.

L'immersion et les formations pour mieux recruter

Derrière ces chiffres, de nouvelles méthodes de recrutement sont mises en place, impulsées par France Travail et suivies par les entreprises. Nécessaires dans certains cas, ces nouvelles méthodes sont autant bénéfiques pour les demandeurs d'emploi que pour les entreprises. Venu témoigné, Tiziano Guichart, 21 ans, a été repéré, puis recruté pour un CDD de six mois, par l'entreprise de TP Degauchy, lors de l'événement "Du stade vers l'emploi". Ce dernier se fait rencontrer demandeurs d'emploi et recruteurs lors de pratiques sportives, de façon anonyme. «J'ai rencontré l'entreprise Degauchy puis j'ai fait une immersion et j'ai trouvé une voie professionnelle», raconte-t-il. Ensuite, il a intégré le dispositif "Engagement Jeune" de France Travail, travaillant ainsi son projet professionnel et découvrant des métiers via l'insertion. «Du stade vers l'emploi a permis de découvrir le savoir-être de Tiziano et son agilité puis nous l'avons accompagné dans le sens de son projet, explique la DRH de l'entreprise Degauchy. Puis, il a trouvé une voie professionnelle et une place chez nous pour une première expérience professionnelle».

L'immersion est aussi un moyen de recrutement qui fonctionne. L'entreprise GGF a entrepris cette démarche en 2023, faisant partie des précurseurs. Et l'expérience est réussie. «Grâce à l'immersion, nous faisons une identification des profils, explique Audrey Duquesne, DRH de GGF. Cela permet aussi de présenter les métiers, de casser les images de certaines professions et de susciter des vocations. C'est important pour nous, qui sommes dans le monde de l'industrie». Ainsi France Travail continue sur le chemin de

Un changement de société

Le taux de chômage exprime aussi un changement profond de la société, dicté par de nouvelles envies personnelles, un nouvel environnement de travail et par une jeune génération cassant les codes de l'entreprise... un virage pris, sans retour, depuis la crise du covid-19. «Nous, chefs d'entreprise, nous devons changer notre vision de voir les choses, témoigne Marc Poullain, dirigeant de la boulangerie Ange à Jaux. Il y a une transformation de la population active et du marché du travail et nous devons nous adapter».

Ce chef d'entreprise mise sur l'insertion de demandeur d'emploi via le dispositif "Préparation opérationnelle à l'emploi individuelle" (POEI). Ce dernier est une aide pour les employeurs au financement d’une formation préalable à l’embauche. «C'est un succès, témoigne-t-il. C'est une bouffée d'oxygène pour préparer sereinement les personnes aux différents métiers et pour aider des demandeur d'emploi à retrouver une voie professionnelle. Et là encore, le chef d'entreprise doit aussi s'adapter aux nouvelles pratiques et prendre le temps de former».

Dans ce sens, France Travail accompagnes les entreprises dans leur recrutement et identifie mieux les demandeurs d'emploi. «Pôle Emploi est devenu France Travail et a opéré un changement majeur, explique Françoise Croissant, directrice de l'agence France Travail Compiègne de Lesseps. Aujourd’hui les bénéficiaires du RSA et les jeunes sont inscrits sur nos listes et connus». De ce changement majeur est également né le Réseau pour l'emploi, distillé au niveau local sous le Comité local pour l'emploi. Présidé par le sous-préfet et Anne-Sophie Fontaine, vice-présidente à la région Hauts-de-France, pour le territoire du noyonnais et compiégnois, ce comité rassemble des élus ainsi que le monde économique et du travail. «Ce comité a été créé pour aller au plus près des besoins des entreprises et pour coordonner les offres de services entre les acteurs, explicite Françoise Croissant. Le but est de créer une feuille de route en commun avec un objectif de résultat».

La première action qui sera menée par ce comité sera destinée au secteur du nettoyage, qui a de fort besoin en recrutement. Cette nouvelle dynamique accentue la voie du «aller vers» et permet un renouvellement des pratiques, plus en phase avec une nouvelle société qui se dessine.

En 2024, France Travail dans l'Oise en chiffre

86,1% d'entreprises satisfaites des services France Travail

1 650 prospections

2 154 immersions en entreprises

605 événements

23,1 jours, le délais de recrutement pour offres confiées à France Travail (vs 35,2 jours)