Dans l’antre du mastodonte de l’événement
La veille du phénomène Euroskills (voir notre papier en rubrique Région), Lille Grand-Palais nous a ouvert ses portes, ou plutôt ses coulisses. C’est au cœur de cette fourmilière savamment orchestrée que nous nous sommes plongés, découvrant au fil de la visite que chaque détail est réglé au millimètre près et qu’un événement n’est réussi qu’avec le concours de toute une équipe.
Certains événements nécessitent la mobilisation des 72 salariés (répartis en 15 services et 47 métiers). Euroskills, avec ses 120 000 visiteurs, en fait partie. Lille avait déjà accueilli la finale française en 2011, mais cette année la Région – qui a défendu la candidature lilloise – passe à la vitesse supérieure avec la finale européenne. Depuis un an, Violaine Fareneau, chef de projets, et ses équipes y travaillent d’arrache-pied. Avec une belle montée d’adrénaline les derniers jours ! Mais la dernière minute, Violaine en a fait son affaire. Elle travaille à Lille Grand-Palais depuis 1996, alors l’organisation, elle maîtrise sur le bout des doigts. Elle gère entre quatre à dix dossiers par mois. Pour Euroskills, les chiffres sont impressionnants : six jours de montage, seulement un jour et demi de démontage, 70 hôtes et hôtesses, 200 semi-remorques, 400 bénévoles… Mais aussi : pose de 238 lignes ADSL, 25 points d’eau chaude, installation de six cumulus produisant 1 000 litres d’eau chaude, présence de dix électriciens et huit plombiers…
Anticipation. «On part d’abord des grandes lignes pour réaliser un plan le plus adapté aux besoins du client, avec des zooms sur chaque zone du salon. Mais, surtout, il faut valider la faisabilité avec des contraintes techniques et de sécurité importantes», détaille-t-elle. Car Euroskills, c’est tout sauf un salon classique : durant trois jours, plus de 500 jeunes de 25 pays différents vont venir s’affronter autour d’Olympiades, dans les différentes catégories de métiers liés à l’apprentissage. Autrement dit, le dernier étage de Lille Grand-Palais va se transformer en cuisine géante ; le premier niveau, en ballet de tracteurs, de machines à souder ou autres étalages de fleuriste ; et les salles de commissions deviendront des ateliers de couture. Bref, des contraintes particulières en eau ou en électricité, couplées à des milliers de jeunes qui vont fouler le tapis du Grand-Palais durant trois jours. «On a augmenté notre capacité. Si, pendant trois jours, il y a eu des groupes électrogènes à l’entrée, ce n’est pas parce qu’il n’y pas d’électricité ici, mais parce que les besoins sont supérieurs pour cet événement», précise Cédric Fiolet, directeur général. Ensuite, place à la logistique et au commercial. Un vrai travail de fourmi : «Chaque équipe se réfère au filage. C’est un document interne avec le nombre d’agents, les horaires, le descriptif des fluides (eau, électricité, air comprimé, ndlr). Chacun sait ce qu’il doit faire, à quelle heure et quand», poursuit Violaine Fareneau. Le moindre centimètre carré est donc optimisé. «On est l’interface du client. S’il a besoin de quelque chose, c’est vers nous qu’il va se tourner. Il faut donc gérer les petits détails comme les gros rouages.» Si la tension est palpable quelques jours avant l’événement, elle retombe une fois la manifestation lancée mais revient au démontage ! Car un événement chasse l’autre et les allées doivent rapidement faire place nette…
Les hommes de l’ombre. Thierry Schellaert est un homme pressé. On le comprend. Responsable régisseurs et équipiers, il gère toute la technique. Traçage au sol, pose de la moquette, organisation des fluides, arrivée de machines… il doit gérer ce qui se passe dans l’enceinte de Lille Grand-Palais mais aussi en dehors. «S’il n’y a pas une bonne logistique, le démontage va bloquer les abords de Lille. Il faut tout planifier», détaille-t-il. S’il devait définir son métier ? «Je suis un peu le chef d’orchestre du terrain. Tout le monde s’adresse au régisseur et mon but, c’est de trouver toutes les solutions possibles et inimaginables.» Sa plus grosse crainte ? «Les accidents. Surtout sur un événement comme Euroskills où sont arrivées des machines, des perceuses… Avec plein de jeunes qui courent dans tous les sens !» Heureusement, jusqu’à présent il n’y a jamais eu de gros incidents à Lille Grand-Palais. Pour chaque événement, un plan d’évacuation est bien entendu étudié. Thierry Schellaert avoue parcourir jusqu’à 28 km par jour ! Le calcul est vite fait : près de 120 km durant les trois jours des Euroskills ! “On est tous minces dans le métier“, plaisante-t-il.
Surveillance constante. «Monsieur Sécurité», comme beaucoup le surnomment ici, c’est Patrick Vansteenkiste. Délimitation des aires de livraison ou des issues de secours, respect des normes électriques, gestion des personnalités politiques… Patrick peut gérer jusqu’à 50 agents de sécurité. «Les documents sont ensuite envoyés au SDIS (Service départemental d’incendie et de secours) du Nord. S’il devait y avoir une évacuation, c’est organisé pour qu’une seule partie du bâtiment soit évacuée et non l’ensemble. Sinon, cela créerait de la panique», explique-t-il. Il y a donc une permanence, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, assurée depuis le PC sécurité. «C’est le centre névralgique du bâtiment.» Pour les gros événements, une zone de délestage est louée à Saint-Sauveur pour éviter que les camions ne stationnent trop longtemps et gênent la circulation. «Si on se loupe sur le chargement, toute l’organisation risque d’être décalée», poursuit-il.Un travail de concert avec les services de police est aussi de rigueur, notamment avec la présence de personnalités politiques.
En 2012/2013, Lille Grand-Palais a accueilli 355 événements (dont 147 au Zénith) pour 1 120 000 visiteurs. Le chiffre d’affaires s’est élevé à plus de 19 millions d’euros. Véritable turbine économique, cette société d’économie mixte est aussi une vitrine régionale. C’est donc armés d’une équipe réactive que les événements s’enchaînent sans jamais se ressembler.
Tourisme d’affaires : un premier semestre 2014 positif
+ 24,8% ! La saison hiver 2014 commence bien pour le tourisme d’affaires et marque une augmentation de la part des organisateurs étrangers, notamment venus de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. Même si le nombre de manifestations organisées dans les centres de congrès régionaux est en légère baisse par rapport au premier trimestre 2013, les congrès restent un secteur à fortes retombées économiques et d’image (restauration, hôtellerie, transports, shopping…). «Ces rencontres ne rassemblent pas forcément un grand nombre de participants (-10% par rapport au premier trimestre 2013, ndlr), parfois moins de 50 personnes, mais ciblent des publics comme des comités scientifiques internationaux ou des sociétés savantes. La présence de sept pôles de compétitivité et de quatorze pôles d’excellence renforce notre crédibilité de destination congrès», détaille Laurence Péan-Cousin, directrice du Nord France convention bureau. Les manifestations organisées dans les hôtels avec salles de réunion ont augmenté de 17,4%. «Les nombreux équipements culturels de la région – l’opéra de Lille, le Louvre-Lens, le centre Nausicaà – permettent, en parallèle, de sortir du cadre et restent très attractifs pour l’organisation des soirées événementielles», poursuit-elle.
Chiffres Lille Région – Nord France convention bureau.