Damien Guermonprez expérimente le management collaboratif chez Buy Way en Belgique

Cet ancien DG de la Banque Accord (Groupe Auchan) a racheté avec un fonds d'investissement, en 2010, le spécialiste du crédit à la consommation belge, Buy Way, et innove en termes de management pour retrouver un esprit start-up.

Damien Guermonprez, DG de Buy Way : « Le processus de Vision partagée permet davantage d'alignement entre actionnaires, managers et collaborateurs. On est davantage dans le côte à côte que dans le face à face. »
Damien Guermonprez, DG de Buy Way : « Le processus de Vision partagée permet davantage d'alignement entre actionnaires, managers et collaborateurs. On est davantage dans le côte à côte que dans le face à face. »

 

Anne Henry-Castelbou

Damien Guermonprez, DG de Buy Way : « Le processus de Vision partagée permet davantage d'alignement entre actionnaires, managers et collaborateurs. On est davantage dans le côte à côte que dans le face à face. »

Damien Guermonprez est un manager aux mille projets, aimant les challenges et l’innovation. Depuis deux ans, il dirige Buy Way, une PME belge leader du crédit à la consommation sur les lieux de vente en Belgique : 250 salariés, 500 000 clients, 43 millions d’euros de produit net bancaire et 10 millions d’euros de résultat net en 2011 qui devrait être en hausse de 50% fin 2012. Diplômé de l’Essec puis de Harvard, c’est un spécialiste des services financiers. Il a notamment passé neuf ans comme DG de la Banque Accord, dont il a multiplié la taille par cinq en suivant Auchan dans une dizaine de pays. L’expérience la plus longue dans son parcours professionnel et certainement la plus formatrice. Il n’hésite pas à dire qu’il y a découvert un esprit entrepreneurial, un respect de la personne humaine et surtout une vision unique avec un projet de développement à long terme.

 

ADN de l’entreprise. Damien Guermonprez est très attaché à cette notion de vision, véritable projet interne de l’entreprise qui touche à son ADN même. Elle reflète sa capacité à se mettre en mouvement, en s’appuyant sur ses collaborateurs, tout en tenant compte de contraintes qui l’entourent. Elle est donc au cœur de la stratégie de l’entreprise, qui communique d’ailleurs rarement à ce sujet. Damien Guermonprez l’a expérimentée chez la Banque Accord. Il a souhaité la mettre en œuvre à l’occasion du rachat de Buy Way en 2010. «A l’époque, l’entreprise s’appelait Cetelem Belgique, faisait partie du Groupe BNP Paribas et était en perte. Nous avons changé de nom et en devenant indépendant, nous devions changer de culture. Pour relancer cette entreprise de 35 ans et retrouver un esprit start-up, j’ai commencé par abattre les cloisons des bureaux, lancer de nouveaux produits et, surtout, j’ai mis en place un processus de vision partagée.» 

Ce processus de vision partagée est pratiqué selon lui dans de nombreux groupes nordistes comme Leroy Merlin, le Groupe Auchan mais aussi Netco. C’est un exercice qui consiste à redéfinir et construire avec l’ensemble des collaborateurs l’entreprise de demain. En amont, pendant un an, la direction invite les collaborateurs à imaginer la société dans dix ans en termes de positionnement de marché, d’évolution des produits, de relation clients et fournisseurs, de management humain, d’image d’entreprise, d’évolution des parcours professionnels. Mettre en place une vision suppose aussi d’identifier les signaux faibles qui affectent le groupe et trouver des voies pour qu’il s’adapte au changement, avec 100% des collaborateurs impliqués. Des défis transverses à l’entreprise sont également créés dans lesquels les salariés vont devoir s’engager. Des ambitions chiffrées sont ensuite définies ainsi que les valeurs qui animeront le management de l’entreprise.

 

Implication du quotidien. Une fois la vision définie, elle est restituée lors d’une journée de lancement, charge aux salariés ensuite de se l’approprier. Ainsi, lors de cette journée chez Buy Way, Damien Guermonprez évoquait dans son discours les enjeux de cette démarche : «Il y a un enjeu collectif : c’est important pour nous tous car nous nous engageons les uns envers les autres. Il y a un enjeu individuel : c’est important pour chacun de vous. C’est une chance à saisir pour chacun de nous car ce projet va créer des opportunités de s’investir dans des défis transverses.»

 Aujourd’hui, chez Buy Way, les collaborateurs sont répartis dans 11 défis différents, s’impliquant ainsi dans un métier qui n’est pas le leur. Exemple de défi : «Comment créer une communauté internet entre Buy Way et ses clients ?». Au lieu de confier ce projet à une équipe marketing dédiée, ce sont des collaborateurs aux profils divers qui y consacrent volontairement une demi-journée par semaine. Certains pourraient y voir une économie de coûts. Pour Damien Guermonprez, «ce management collaboratif décentralisé permet que les collaborateurs s’impliquent ensuite naturellement dans le devenir de l’entreprise, au quotidien.» Notre manager se souvient d’ailleurs comment a été choisi le nouveau logo de Buy Way, toujours dans un esprit de management collaboratif. A l’époque, sa préférence allait vers un logo rond : «Les collaborateurs ont préféré un logo carré, plus stabilisant à leur goût; 250 têtes valent mieux qu’une !» En plus de ces défis, un comité de pilotage de la vision a été créé pour s’assurer que tout ce qui est entrepris par l’entreprise s’inscrit bien dans la vision. Damien Guermonprez est convaincu que cette nouvelle manière de manager peut intéresser d’autres entreprises : «Le processus de vision partagée permet davantage d’alignement entre actionnaires, managers et collaborateurs. On est davantage dans le côte-à-côte que dans le face-à-face.» Une manière de se faire dépasser par la force du collectif.