Culture - Innovation : Les start-up immergent le public dans la culture
Se retrouver nez-à-nez avec un koala, mettre ses pas dans ceux des artistes de street art à Paris ou acheter un château… Au salon Museum Connections, des start-up proposent des innovations dans le champ culturel. Les changements d’usage priment sur ceux technologiques.
S’immerger dans la réalité virtuelle pour découvrir et se laisser convaincre, contribuer à financer la rénovation d’une abbaye ou accéder à une visite guidée originale… Une trentaine de start-up présentaient leurs nouveautés, le 15 et 16 janvier, à Paris, dans le cadre de la 25e édition de Museum Connections, salon professionnel consacré à l’équipement et à la valorisation des musées et des lieux culturels.
À première vue, rien de spectaculaire, dans le petit carré consacré aux jeunes pousses… En fait, c’est parce que pour accéder au spectacle, il faut d’abord chausser des lunettes spécifiques. Ou alors, parce que l’innovation se niche aussi souvent dans les usages, voire dans le projet même d’entreprise. Chez Wild Immersion, par exemple, c’est un peu tout cela à la fois. Le spectateur, une fois chaussé des lunettes qui permettent d’accéder à un contenu en réalité augmentée, est catapulté au milieu de la steppe, et, levant les yeux au ciel, se rend compte qu’il se trouve… sous une girafe ! «Notre mission est d’éduquer à la biodiversité en proposant des voyages émotionnels et contemplatifs, pour que les spectateurs aient ensuite envie de s’engager», explique Nathalie Bouché, directrice commerciale de l’entreprise. Laquelle est spécialisée dans le tournage de films en réalité virtuelle, avec les animaux, réalisés dans une centaine de pays. «Nous ciblons des musées qui voudraient avoir une exposition temporaire, mais nous pouvons aussi développer des projets spécifiques, par exemple pour des collectivités locales», poursuit Nathalie Bouché. Déjà, le Jardin d’Acclimatation à Paris et la Cité des Sciences à Bordeaux se sont équipés. C’est également le cas de plusieurs cinémas. Mais Wild Immersion n’est pas une entreprise à but uniquement lucratif : «nous essayons aussi d’avoir un impact social», précise Nathalie Bouché. L’entreprise, née en 2017, est parrainée par la primatologue Jane Goodall, et Adrien Moisson, son fondateur, s’est engagé à reverser une partie du chiffre d’affaires en faveur de la biodiversité.
Des visites touristiques très originales
À quelques pas du stand de Wild Immersion, Hanna Feyler et son associée présentent leur toute jeune start-up, Karacal, créée à la fin de l’année dernière. «Karacal est une application mobile, qui propose une visite audioguidée au format podcast», explique Hanna Feyler. Un touriste peut ainsi déambuler dans une ville ou un lieu culturel en écoutant un commentaire original sur le lieu. Les contenus ont été conçus par l’un des 60 guides touristiques, professeurs ou passionnés autodidactes, sélectionnés par Karacal. Une centaine de podcasts, courts et longs – jusqu’à une quarantaine de minutes – sont déjà disponibles. Par exemple, «une archéologue spécialisée dans les rites funéraires nous a fait des podcasts sur le musée du Louvre et celui du quai Branly», illustre Hanna Feyler. Au catalogue, également, la visite des rues de Paris, en suivant les traces laissées par les artistes du street art. «Le lancement est parisien, mais nous allons étendre l’application sur la France. Elle est particulièrement adaptée pour valoriser le patrimoine des petits villages», précise la responsable. De fait, l’entreprise, suivie par l’incubateur de Rodez agglomération, est actuellement en train de rencontrer des acteurs culturels de la région, potentiellement intéressés par l’outil. Ce dernier entend constituer une solution alternative aux audioguides actuels, pour les institutions culturelles ou patrimoniales. «Le contenu des audioguides est figé, alors que des musées, comme le Centre Pompidou, font évoluer en permanence leur accrochage. Notre solution leur permet de changer les parcours à l’envie», ajoute Hanna Feyler.
Un peu plus loin, se trouve une start-up… qui n’en est presque plus une. Créée en 2015, Dartagnans, spécialiste du financement participatif dans le domaine de la préservation du patrimoine, a déjà gagné une belle notoriété. Elle a fait l’objet de nombreux reportages télévisuels, grâce à ses opérations de rachats -participatifs- de châteaux, comme celui, particulièrement féerique, de la Mothe Chandeniers, sis dans la Vienne, entre Angers et Tours. Dans le domaine du financement participatif, depuis sa création, la plateforme a déjà collecté 8 millions d’euros et accompagné 400 projets. «Nous sommes connus essentiellement pour le financement participatif et l’achat de châteaux. Venir sur le salon nous permet de présenter nos nouvelles activités, Dartngo, une billetterie en ligne, et la Nuit des châteaux, dont la première édition a été un grand succès», explique Héléna Gobin, directrice de projets. L’entreprise compte une dizaine de salariés.