Crise en Nouvelle-Calédonie: le bilan s'alourdit à huit morts, le couvre-feu prolongé
Un homme a succombé à ses blessures en Nouvelle-Calédonie, portant à huit le nombre de morts depuis le début des troubles dans l'archipel français du Pacifique sud, où le couvre-feu a été prolongé d'une semaine samedi...
Un homme a succombé à ses blessures en Nouvelle-Calédonie, portant à huit le nombre de morts depuis le début des troubles dans l'archipel français du Pacifique sud, où le couvre-feu a été prolongé d'une semaine samedi, à la veille d'élections européennes sous haute sécurité.
L'un des deux hommes qui avaient été blessés par balle par des gendarmes mobiles lundi est décédé vendredi, a annoncé samedi le procureur de la République de Nouméa dans un communiqué, alors que l'archipel traverse depuis mi-mai sa plus grave crise depuis les années 1980.
La personne décédée est un Kanak (autochtone) de 26 ans, mortellement blessé à la tête, selon le procureur.
Les faits s'étaient déroulés lundi à un point névralgique de la route menant de Nouméa, chef-lieu de la Nouvelle-Calédonie, à l'aéroport international, longtemps bloquée par les indépendantistes. Ces derniers protestent depuis plus de trois semaines contre une réforme constitutionnelle qu'ils accusent de marginaliser la population kanak.
Selon la version des gendarmes relayée par le procureur Yves Dupas, ceux-ci, qui n'étaient pas en service à ce moment-là, avaient fait usage de leur arme pour répliquer à des coups de feu.
Toujours d'après ce récit, la voiture de location des gendarmes, qui présente un impact de balle selon les constatations, avait été percutée par un pick-up dans lequel se trouvaient trois hommes, dont les deux blessés par balle.
D'après les premières constatations médico-légales, "la présence dans la boîte crânienne d'un projectile métallique" a provoqué plusieurs fractures ainsi que des lésions cérébrales importantes, a souligné le procureur.
Une autopsie a été ordonnée par le parquet et les investigations se poursuivent, selon le communiqué. Lundi, le procureur avait annoncé avoir ouvert une enquête confiée à la Section de recherches de Nouméa pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique".
La Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) de Païta, indépendantiste, avait donné une autre version des faits. Selon celle-ci, qui accuse "les milices" loyalistes, des automobilistes ont profité du déblaiement de la route par les forces de l'ordre pour passer "à vive allure en ouvrant le feu avec des balles réelles sur nos jeunes positionnés aux abords de la route".
Cette version a été contestée par le procureur, selon lequel elle ne correspond "aucunement aux constatations faites".
Samedi après avoir rendu hommage aux victimes, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie Louis Mapou a appelé à écrire une "nouvelle page" de l'histoire de l'archipel.
Le dirigeant indépendantiste a constaté que "le chemin d'apaisement et de désescalade" convenu avec le président Emmanuel Macron lors de son déplacement le 23 mai "n'a pas encore abouti à un rétablissement de la situation", exhortant le chef de l'État et le Parlement à convenir "que cette loi constitutionnelle est à contre-courant de l'histoire" de la Nouvelle-Calédonie.
Dans ce contexte encore tendu, l'archipel du Pacifique sud sera l'un des premiers territoires français à voter pour les élections européennes à partir de 7H00 dimanche (22H00 samedi à Paris) avec des horaires aménagés pour tenir compte du couvre-feu.
Depuis le début de la crise le 13 mai en Nouvelle-Calédonie, huit personnes ont perdu la vie, dont deux gendarmes.
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