Bâtiment 57
Crise des matériaux : Émilien Gangemi, président de la Capeb Moselle, monte au créneau
Dans une situation très tendue pour les professionnels du bâtiment, face aux malentendus pouvant survenir entre clients particuliers et artisans, le président de la Capeb Moselle, Émilien Gangemi, a formalisé une note écrite pouvant être utilisée par les professionnels. Le propos a le mérite de la clarté.
Avec la reprise économique mondiale, la demande de certains matériaux de construction est devenue supérieure à l’offre. Sur un chantier, ce sont par exemple des centaines de tonnes d’acier qui sont utilisées pour les fondations ou les cloisons. Or, bois, acier, aluminium voient leur prix grimper en flèche depuis plusieurs mois. Les professionnels du bâtiment commencent à ressentir cette onde de choc.
Une situation préoccupante
Ces dernières heures, le président de la Capeb Moselle, Émilien Gangemi, a rédigé un courrier que les artisans du BTP peuvent utiliser en le joignant à leurs devis ou correspondances avec leurs clients pour lesquels le chantier est en cours. Émilien Gangemi resitue le contexte : «À notre grand regret, nous, professionnels du bâtiment, sommes confrontés à la plus grave crise d’approvisionnement en matières premières et en matériaux que nous n’ayons jamais connue (…) Nous constatons des augmentations de prix d’un jour à l’autre sur la plupart de nos fournitures. Selon les produits, ces augmentations vont de 5 à 300 % ! Plus grave, pour certains produits, nous passons des commandes dont les prix ne seront connus qu’à la livraison ! Dans le même temps, nos fournisseurs nous annoncent des délais de livraisons à rallonge, des ruptures de stock ou sont incapables de garantir le moindre délai.» Le président de la Capeb Moselle poursuit en expliquant les causes : «Pourquoi une telle situation ? La crise Covid a provoqué l’arrêt d’usines, des retards de fabrication et la désorganisation des livraisons dans une économie mondialisée et globale. Dans le même temps, la demande mondiale s’est envolée notamment en Chine et aux USA entraînant des besoins supérieurs aux capacités de production et donc amenant de la spéculation.»
Problématique mondialisée
Citant quelques exemples : «Les États Unis sont prêts à payer 2 à 3 fois plus cher le bois de structure européen, en raison des taxes TRUMP qui renchérissent le bois canadien. Du coup, des bateaux entiers de bois changent de destinataire au dernier moment pour aller vers l’acheteur le plus offrant et nos scieries peinent à trouver des arbres français à débiter aux risques de disparaître. Même si la chaudière ou la fenêtre que vous avez choisie est fabriquée en France, il est possible qu’une seule usine à l’autre bout du monde fournisse un composant indispensable et ce fournisseur ne livre plus pour l’instant. Le carrelage est livré mais le fournisseur de colle est en rupture.» Émilien Gangemi liste les conséquences : «Alors bien sûr, cela impacte votre chantier ou vos projets. C’est pour cela que nous, artisans, nous devons vous informer de ces difficultés qui s’imposent à nous, perturbent très fortement le fonctionnement de nos entreprises, voire peuvent les conduire au chômage partiel ou à la faillite. En effet cela peut nous amener : à arrêter nos travaux sur votre chantier et éventuellement empêcher l’intervention des autres collègues qui devaient intervenir après nous, à ne plus pouvoir garantir les délais, à être dans l’obligation d’augmenter les prix initialement envisagés ou de vous proposer de changer de matériaux ou de solution technique pour tenir les délais ou les prix, à réaliser des devis avec des durées de validité plus courtes pour nous permettre d’être «au juste prix», à mettre des réserves sur le coût des travaux.» De conclure : «C’est dans un échange transparent et respectueux des possibilités des uns et des autres qu’artisans et clients pourront ainsi trouver ensemble un juste équilibre qui vous permettra de voir aboutir vos projets de travaux et dans le même temps permettre à nos entreprises de traverser cette crise. Après avoir tenu bon tout au long de ces mois de crise, nos chefs d’entreprise ont besoin de ce dialogue serein. Je compte sur vous.»
«Nous agissons pour que cette situation inédite disparaisse et ne cessons d’alerter le Gouvernement depuis plusieurs mois. Mais il s’agit de sujets de géopolitique difficiles à gérer et même l’État semble désarmé.»
Émilien Gangemi, président de la Capeb Moselle.