Création/reprise d’entreprise : comment rebondir après un échec ?
Des entrepreneurs témoignent de leur expérience dans ce domaine et donnent les clés de leur rebond professionnel.
La Lilloise Loren Armbrust a tenté l’aventure de la création pendant un an, sous statut d’auto-entrepreneur. “Après quelques années comme responsable marketing-web chez Petit Bateau et Maison du monde, et passionnée de couture, je me suis mise à mon compte : fabriquer moi-même et commercialiser sur mon site marchand (www.enpassantparlaloren.fr), des pochettes textiles pratiques ou chics pour sortir, ranger ses dossiers, son ordinateur portable…” Malheureusement, face à un revenu suffisant Loren Armbrust reprend un job salarié, tout en
continuant en parallèle cette activité. “Cela reste une expérience positive. Le fait d’avoir réussi à créer une activité par mes propres moyens a renforcé la confiance en moi. Et les recruteurs ont été très intéressés par mon profil d’entrepreneuse. Lorsque j’étais à mon compte, j’étais la MacGyver de l’entreprise sans budget, la reine de la débrouillardise !” Témoigner, se faire conseiller. D’autres ont profité d’une première tentative de création d’entreprise pour réussir la seconde. C’est le cas de Christian Bodier, cofondateur de Levacomm. Après plus de 20 ans chez Cap
Gemini (conseil et service informatique) puis Protravel (voyage d’affaires), il crée en 2003 une agence de voyages thématiques sur le web. Trois ans après, il doit liquider l’affaire. “En parallèle, ma compagne, Christine Lecomte, avait développé un blog sur le tourisme responsable. Six mois après la liquidation, nous avons alors proposé à mon ancien fournisseur Marmara de lui créer et gérer un blog sur ce thème. Ce premier client nous a permis de fonder Levacomm en 2007.” Depuis, l’entreprise basée à EuraTechnologies s’est complètement dédiée à l’ensemble des médias sociaux. Elle vend aujourd’hui une solution appelée PoolMédias, qui permet aux entreprises de gérer leur présence sur les médias sociaux (blog, site, Facebook, Twitter…). Mais mettre fin à l’agence de voyages n’a pas été simple comme l’explique Christian Bodier : “Je souffrais beaucoup mais il me fallait tirer quelque chose de ce vécu. Je suis alors reparti dans l’action, avec de nouveaux projets, en me tournant vers les autres. J’ai témoigné de cette expérience sur un blog, et auprès d’étudiants à la demande de Didier Gesp d’Audace. Et j’ai pu compter sur ma compagne et sur les conseils d’Entreprendre Nord et LMI, déjà présents lorsque j’étais voyagiste, pour repartir dans la création d’entreprise.”
Réactiver les réseaux. Maxime Couvreur, directeur délégué au développement économique de la Plaine Images à Tourcoing, a vécu aussi cette période de transition. Ancien consultant chez Ernst & Young, il reprend en 2005, à 28 ans, une affaire sur Lille, la développe. Mais, trois ans après, elle est revendue à la barre du tribunal. “Mon conseil de surveillance m’a aidé à gérer la cessation d’activité. Je ne me sentais pas seul. Je n’ai donc pas vécu cette expérience comme un traumatisme bien que ça ait été difficile.” Et de préciser : “Par la suite, j’ai pris un temps personnel pour me retrouver, comprendre pourquoi j’en étais arrivé là. C’est nécessaire pour se reconstruire. Puis j’ai réactivé mes anciens contacts, pour échanger sur cette expérience de façon franche et directe. Ils m’ont renvoyé vers d’autres personnes qui m’ont aidé à mieux définir mes nouvelles envies professionnelles. C’est comme ça que l’on m’a proposé début 2009, fort de cette expérience de reprise, de m’occuper des entreprises de la Plaine Images.”
Capitaliser sur l’expérience. Même si ce fut difficile, les entrepreneurs interrogés ne regrettent pas leur parcours, jugé extrêmement formateur. “Tenter de créer ou reprendre une entreprise vaut le coup si on anticipe le risque financier et personnel que l’on prend. D’où l’importance de protéger son patrimoine pour limiter les dégâts”, souligne Maxime Couvreur. Le tout, ensuite, est de digérer cette première expérience, d’en tirer certains enseignements et de donner une cohérence à ses choix professionnels, tout en évitant le repli sur soi. “Le rebond est comme un acte sportif. Il ne faut pas avoir peur du néant. Au contraire, il faut repartir avec de nouveaux projets, être dans l’action, tout en étant dans l’écoute et en allant vers les autres, explique Christian Bodier. Et le rebond doit capitaliser sur cette première expérience, en s’appuyant sur ces aspects positifs et en renouant avec des contacts existants.”