Courtage et achats groupés pour le gaz et l’électricité

En créant son entreprise en 2013, Olivier Tainmont estime avoir réalisé une première en France : se positionner en intermédiaire et négociateur vis-à-vis des fournisseurs au bénéfice notamment de collectivités et des entreprises.

De gauche à droite : Elodie Wacquier (négociation avec les fournisseurs), Laetitia Leclercq (gestion relation clients), Abdelhamid Chaouch (communication marketing) et Olivier Tainmont (fondateur et gérant)
De gauche à droite : Elodie Wacquier (négociation avec les fournisseurs), Laetitia Leclercq (gestion relation clients), Abdelhamid Chaouch (communication marketing) et Olivier Tainmont (fondateur et gérant)
D.R.

De g. à dr. : Elodie Wacquier (négociation avec les fournisseurs), Laetitia Leclercq (gestion relation clients), Abdelhamid Chaouch (communication marketing) et Olivier Tainmont (fondateur et gérant).

Olivier Tainmont, Valenciennois, 39 ans, n’a pas inventé le métier de courtier mais, par contre, il affirme avoir été le premier en France à l’exercer dans le domaine des énergies… « Créer mon entreprise en faisant de l’innovation, confie-t-il, c’était un vieux projet, et je cite toujours en référence l’émission « Capital », celle des débuts, qui me passionnait… ». Aujourd’hui, ce projet, il est en train de le réaliser, avec son équipe, puisque, dit-il, le chiffre d’affaires de sa SAS, créée en 2013, est passée de 10 000 euros en 2014 à 425 000 euros en 2015. Il est de l’ordre de 550 000 pour 2016. S’il a démarré seul, à la ruche d’entreprises de Denain, Olivier Tainmont dirige, en 2017, une entreprise de dix salariés, rayonnant sur tout le pays. Elle est installée dans un immeuble de bureaux à Orsinval, dans l’Avesnois, entre Le Quesnoy et Jenlain…

 

Un marché à prendre. La libéralisation du marché de l’énergie et l’éclatement des monopoles, en 2006, ont créé, explique-t-il, les conditions de ce nouveau métier d’intermédiaire mais, curieusement, pas tout de suite. « À la différence des Anglo-saxons et des Belges, le principe de l’achat groupé d’énergies ne s’est pas imposé en France. Des comparateurs de prix ont bien vu le jour mais il manquait un opérateur… » Pour Olivier Tainmont, ce « retard » viendrait de la culture française du monopole, plus simple à comprendre, et du service public : « Les consommateurs restent souvent attachés à un fournisseur ou bien ne savent pas comment s’y prendre pour en changer, négocier, mettre en concurrence… »

Précisons qu’avant de se lancer (avec le soutien notamment du réseau Entreprendre Hainaut dont il a été lauréat), il avait bien observé l’évolution du marché, ses coulisses, sa logique, grâce à quinze ans de travail dans le génie climatique au sein de deux groupes allemands. « Le principe des achats groupés s’est développé dans les pays que j’ai cité parce que le prix des énergies y avait bien augmenté… »

 

Collectivités locales. La première année, raconte-t-il, il a prospecté les particuliers en direct. Très vite, il s’est cependant rendu compte que pour faire vivre l’entreprise et développer le CA, il fallait contacter les collectivités locales, en leur proposant un modèle correspondant à celui des mutuelles. Première réussite : Petite-Forêt et 300 premiers foyers, avec les honneurs du journal municipal et des médias locaux. Trois ans plus tard, par le jeu du bouche à oreille, des conventions ont été conclues avec une trentaine de communes du Nord, Pas-de-Calais. Olivier Tainmont est très optimiste pour 2017 qui devrait voir aboutir deux années de contacts avec la Communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut et se concrétiser également des prospections du côté des bailleurs sociaux.

 

2000 entreprises de toutes tailles. Ce qui a fait décoller encore plus le chiffre d’affaires, ce sont les achats groupés pour des entreprises. Olivier Tainmont reconnaît que l’effet réseau a bien fonctionné dans son cas. Il cite Hainaut Entreprendre et des clubs d’entreprises qui lui ont permis de nouer de précieux contacts. Tout a commencé dans la zone d’activités de Sars-et-Rosières où il a réalisé une première opération avec 20 entreprises.

Chemin faisant, il a été surpris de constater que les chefs d’entreprise consacraient peu de temps à ce poste de l’énergie pourtant coûteux et stratégique et qu’ils avaient du mal à s’y retrouver. D’où l’intérêt de disposer d’un intermédiaire pour réaliser un diagnostic, des études, mettre en concurrence, négocier, conclure, assurer la veille… Le jeune chef d’entreprise constate que son activité amène aussi à repérer des incohérences : formules d’abonnement pas adaptées, locaux inutilisés mais dotés de compteurs avec abonnement coûteux, clauses de contrats mal lues et pénalisantes, puissances installées inappropriées…

Maintenant, “placedesenergies.com” compte environ 2000 clients professionnels, très variés : TPE, hôtels et campings, filiales de grands groupes, enseignes connues (qui lui servent de carte de visite) et aussi comités d’entreprise ou centrales d’achats.

Le jeune chef d’entreprise ajoute qu’il a noué, très vite, des contacts avec les CCI Grand Hainaut et de l’Artois, le groupe IRD à Marcq-en-Baroeul, Grand Hainaut Expansion et Nord Transmission… Toujours l’effet réseau grâce à ces prescripteurs !

 

Sa méthode. Comment fonctionne-t-il ? Olivier Tainmont explique que la phase d’études (consommation, installations, contrats…) est gratuite et que son entreprise se rémunère avec la commission demandée aux fournisseurs. Il est en relation d’affaires avec une quinzaine d’entre eux, des noms connus, d’autres moins, y compris dans le domaine de « l’énergie verte. ». Et pas tous français. Il ajoute : « La mutualisation est collective mais les contrats, dont on assure le suivi, sont individuels ». Il compare la logique du marché de l’énergie, devenu complexe, à celle des cours de la bourse. « Vu l’augmentation prévisible des coûts et l’importance de ce poste de dépenses, le principe des achats groupés a de l’avenir », résume-t-il. Parfois, note-t-il, ce sont des fournisseurs d’énergie, attirés par la perspective d’une clientèle nouvelle, qui l’ont contacté.

Avec quels résultats ? Il cite le cas d’un logeur social dont la facture de gaz est passée de 900.000 euros à 700.000 euros.