Coup de pouce aux agriculteurs sans terre

Les agriculteurs bio ont enfin accès à la terre. Avec l’ouverture de la nouvelle Zone maraîchère et horticole de Wavrin le 7 septembre 2017 dernier, ce sont 47,7 hectares  qui sont dédiés à l’agriculture bio. Un moyen de contourner l’opacité de certaines pratiques.

Zone maraîchère et horticole de Wavrin
Zone maraîchère et horticole de Wavrin

Les professionnels du secteur n’y croyaient plus. On en parlait depuis une quinzaine d’années. C’est maintenant fait : le 7 septembre 2017 dernier, la Zone maraîchère et horticole de Wavrin était inaugurée. Située au bord de la RN41, entre Lille et Béthune, on la repère assez vite avec son grand hangar rouge qui protège les matériaux agricoles et ses nombreuses serres.

Damien Castelain président de la MEL, Bernard Délaby vice-président de la MEL, et Marine Bardon agricultrice bio.

Damien Castelain, président de la MEL, Bernard Delaby, vice-président de la MEL, et Marine Bardon, agricultrice bio.

Bernard Delaby, vice-président de la MEL (Métropole européenne de Lille) en charge de l’agriculture, a porté le projet, en collaboration avec la Chambre d’agriculture, du Gabnor, de la FRcuma, de la Région, l’Agence de l’eau et la commune de Wavrin. Il explique l’originalité de l’initiative : «C’est peu commun qu’une collectivité vienne soutenir le monde agricole en installant des maraîchers sur du foncier public, et ce, dans les mêmes conditions que sur une propriété privée.» Les sept agriculteurs bio retenus ont en effet signé des baux environnementaux agricoles avec la MEL. Ils louent également le bâtiment, ont créé l’association La Voix des champs bio des Weppes, ainsi qu’une CUMA pour acheter du matériel. Le projet de 3 millions d’euros (foncier, investissement et fonctionnement) a été co-financé par la Région et l’Agence de l’eau.

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Lutter contre l’opacité du marché

Cette initiative répond à deux besoins. Le premier est d’aider les agriculteurs sans terre à trouver du foncier. Cela fait des années que ce marché agricole opaque est dénoncé. C’est un vrai problème de trouver quelques hectares à acheter, surtout pour ceux qui n’ont pas d’héritage familial agricole. Et ce, même si des associations comme Terre de liens se sont emparées de cette problématique. Marine Bardon a 5 hectares sur la Zone de Wavrin et cultive avec son conjoint des légumes, des plantes aromatiques et des fleurs comestibles. Pour elle, qui a cherché pendant des années du foncier, ce projet est un véritable tremplin : «On est beaucoup en quête de terre. Mais il y a des pratiques de dessous-de-table qui font grimper le prix du foncier.» Sans parler de la pression immobilière et de la concurrence  belge comme l’explique Pierre-Olivier Boursigaux, qui cultive des plants de légumes bio avec son épouse sur 3,5 hectares : «Les Belges viennent investir facilement par ici, car notre terre est très bonne et chez eux elle est encore plus chère. Ils organisent des flambées de prix.»

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Une stratégie agricole et alimentaire

L’autre raison de la création de la Zone de Wavrin est stratégique. La MEL est la première métropole agricole de France avec 44% de terres cultivées et 800 agriculteurs sur son territoire, avec de petites surfaces. Une stratégie agricole et alimentaire a été votée en juin 2016, pour accompagner notamment les pratiques agricoles durables.

Ce projet, très attendu, doit maintenant trouver sa rentabilité avec le développement de son circuit de distribution bio (auprès du Marché d’intérêt national, des coopératives, particuliers, restaurants…). Ce dernier point est fondamental. Car si cette zone publique agricole résout l’accès à la terre, elle ne résout pas la rentabilité du projet. Aujourd’hui, un certain nombre de ses agriculteurs, aussi motivés soient-ils, n’arrivent pas à se rémunérer. Ils espèrent toucher le SMIC d’ici trois à quatre ans. Une des raisons :  la faiblesse des circuits de distribution du bio.

La nouvelle Zone maraîchère et horticole de Wavrin est encore à la recherche de deux autres agriculteurs bio. La MEL compte demain proposer son ingénierie à d’autres communes pour dupliquer ce modèle.

 

Phrases à mettre entre guillemets dans le texte

«Il y a des pratiques de dessous-de-table qui font grimper le prix du foncier.»

«C’est peu commun qu’une collectivité vienne soutenir le monde agricole en installant des maraîchers sur du foncier public.» 

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Chiffres clés de la Zone maraîchère et horticole de Wavrin

  • 47,7 hectares, dont 41,35 bio
  • 7 agriculteurs déjà installés sur 9
  • Parcelles entre 2,5 et 6 hectares
  • Budget d’investissement  : 3 millions d’euros
  • MEL : 1ère métropole agricole de France avec 44% de terres cultivées

Reportage photos :

Zone maraîchère et horticole de Wavrin

Zone maraîchère et horticole de Wavrin.

Les 7 agriculteurs bio autour du Président de la MEL.

Les sept agriculteurs bio autour du président de la MEL.

Zone maraîchère et horticole de Wavrin

Zone maraîchère et horticole de Wavrin.