Coup de chaud sur les entreprises…
2020, annus horribilis. Le scénario s’écrit depuis des mois et suit son linéaire d’incertitudes pour les mois futurs. Comme si la crise sanitaire et ses impacts socio-économiques aux horizons encore insondables ne suffisaient pas, voilà qu’une canicule vient s’inviter cet été. Avec au passage, cette désagréable sensation que cet épisode de chaleur extrême va se répéter. On le sait, canicule et activité économique ne font pas bon ménage, la productivité en pâtissant. En 2003, le coût de la canicule avait été évalué entre 15 et 30 milliards d’euros par un rapport du Sénat, soit entre 0,1 et 0,2 % de la croissance française. Le lien entre températures élevées et productivité fait l’objet de plusieurs études de l’Organisation mondiale de la Santé, dont on parle tant actuellement dans le contexte du coronavirus. Ligne cardinale de ces recherches : pour avoir une croissance optimale, la température idéale et constante serait de 15 degrés. À défaut, les experts appellent cela «l’inertie thermique.» Le thermomètre grimpant, ce sont la concentration, le dynamisme, la force physique qui s’étiolent. La recherche de fraîcheur, les pauses se multipliant, les temps de récupération se rallongeant et les mauvaises nuits finissent par avoir un impact sur le fonctionnement des entreprises et de l’économie en général. Au niveau de la planète, les prévisionnistes avancent le chiffre de 2 000 milliards d’euros évacués tous les ans, à l’horizon 2030, sous l’effet du réchauffement climatique. Au-delà de la productivité individuelle, certains secteurs sont directement impactés par la canicule. On pense à l’agriculture, les fortes chaleurs entraînant la sécheresse. Récoltes, moissons, production de lait s’en ressentent, mettant à mal les marchés agricoles. Le BTP est aussi une victime d’une chaleur peu supportable : les chantiers sont au ralenti, difficile de couler du béton ou de travailler sur les toits en plein soleil. En outre, l’arrêt partiel ou total de certains réacteurs nucléaires grève les capacités de production d’EDF, impactant le chiffre d’affaires à l’exportation. La SNCF est contrainte de ralentir les trains. Avec la chaleur, les rails peuvent se dilater, se déformer et les fils caténaires se détendre. Et des trains freinant, ce sont des salariés arrivant en retard au travail. Toujours cette question de productivité. Ou quand l’activité humaine doit s’adapter. Cela vaut pour maintenant et encore plus pour les années à venir.