Coronavirus : comment les PME affrontent la crise ?
Frappés par la pandémie de Covid-19, les dirigeants des TPE et PME ont subi une nette détérioration de leur trésorerie au cours du second trimestre. Cependant, une grande partie de ces structures pensent pouvoir affronter la crise grâce aux mesures de soutien gouvernementales mises à leur disposition.
Sans surprise. Les résultats du dernier baromètre de Bpifrance Le Lab et de l’institut Rexecode traduisent les craintes des entreprises, quant à leur activité. Publié le 13 mai dernier, celui-ci repose sur une enquête réalisée entre le 20 et le 27 avril, auprès d’environ 1 579 PME et dont 615 réponses ont été traitées.
La trésorerie nettement détériorée
La situation de la trésorerie inquiète les dirigeants des PME : 82% d’entre eux s’attendent à une dégradation encore plus sensible dans les prochains mois et 47% confirment qu’elle se trouve dans un état difficile. A l’inverse, 10% annoncent que leur trésorerie est aisée et 43% la qualifie de normale.
En ce qui concerne leur chiffre d’affaires annuel, 91% des chefs d’entreprise anticipent un recul de leur activité en raison de la crise. Dans ce sens, 41% prévoient une baisse comprise entre 10% et 30% et 41% s’attendent à une chute supérieure à 30%. Pour justifier cette tendance, 45% des dirigeants évoquent un manque de débouchés et 36% pensent qu’elle est due à la fermeture réglementaire qui leur a été imposée. Seulement 5% des entrepreneurs estiment que l’impact de la crise sera neutre ou positif sur leur activité. Les contraintes de demande qui ont fortement augmenté suite aux mesures de confinement constituent bien un frein majeur à la croissance des PME.
Les dispositifs de soutien fortement mobilisés
Pour pallier les conséquences de la crise, les PME mobilisent largement les dispositifs de soutien qui leur sont dédiés. Ainsi, selon le baromètre, 79% de ces dernières ont recours à l’activité partielle, 58% font appel au report des charges, 44% ont demandé un Prêt garanti par l’État (PGE) et 27% prévoient de le faire. Compte tenu de ces dispositions, 30% des chefs d’entreprises estiment que leur trésorerie est suffisante pour affronter la crise et 49% trouvent que les difficultés rencontrées sont surmontables. Seulement 7% se jugent incapables de faire face à leurs problèmes de trésorerie. Autre constat, 19% des sociétés ayant contracté un crédit ont rencontré des difficultés à financer leur exploitation courante et 17% pour le financement de leurs investissements.
Après la levée du confinement, 59% des chefs d’entreprise estiment que la reprise sera difficile, 40% pensent que le retour à la normale se fera rapidement, mais sans rattrapage des pertes accumulées durant la crise pour 29% d’entre eux. Par contre, moins de 1% des dirigeants prévoient une liquidation de leur entreprise.
Les investissements fléchissent
En termes d’investissement, un net recul est attendu en raison du covid-19. Parmi les 81% de PME qui avaient des projets d’investissement avant la crise, près d’un tiers comptent les maintenir, 46% les reporter, tandis que 22% d’entre elles prévoient de les annuler complètement. Parmi les responsables qui envisagent d’annuler leurs projets, 81% le feraient principalement à cause des nombreuses incertitudes relatives à l’environnement économique, 49% pour des contraintes liées à la trésorerie et 27% pour insuffisance de débouchés. Par ailleurs, d’après les anticipations des chefs d’entreprise, 37% comptent investir cette année, contre 55% trois mois auparavant. Ces dépenses sont principalement motivées par le besoin de renouvellement et/ou de modernisation des équipements, un objectif confirmé par, respectivement, 71% et 62% des dirigeants.
Concernant les projets d’embauche qui étaient prévus (77% des PME), ces derniers seront conservés par 36% des dirigeants, tandis que 41% comptent les reporter et 23% les annuler.
L’activité économique atteint un niveau particulièrement bas
Selon le point de conjoncture publié le 12 mai par la Banque de France, l’activité économique en France a plongé de 27% au mois d’avril, suite aux mesures de confinement. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie est passé de 77% en février à 56% en mars, puis à 46% en avril : le niveau le plus bas jamais enregistré auparavant Avec des disparités selon les secteurs : le taux varie de 77% dans l’industrie pharmaceutique à 8% dans l’automobile. Par ailleurs, les secteurs les plus impactés par la stratégie de confinement, à savoir l’industrie hors agroalimentaire, la construction, et les services marchands, ont subi une baisse d’activité estimée à 40% en avril, contre 50% courant la deuxième quinzaine de mars. Pour le mois de mai et l’après-confinement, les entreprises prévoient un début de reprise de l’ensemble des activités, à l’exclusion de l’hébergement et de la restauration. Cependant, cela ne permettrait pas de rattraper les pertes accumulées durant les deux mois précédents, prévient la Banque centrale.
Aicha BAGHDAD et B.L