Au coeur des territoires
Communauté de communes des Pays d'Oise et d'Halatte, cultiver l'identité du territoire
Au cœur de la Vallée de l'Oise, avec la moitié de son territoire situé dans le périmètre du Parc naturel régional Oise-Pays de France, la Communauté de communes des Pays d'Oise et d'Halatte (CCPOH) est un territoire rural aux côtés de grands pôles économiques et touristiques du département. Président depuis 2020, Arnaud Dumontier, maire de Pont-Sainte-Maxence, a mis l'ambition au cœur de son mandat grâce à une économie locale résiliente.

Comment définiriez-vous la CCPOH ?
Arnaud Dumontier : Ce territoire a une ressource première que sont ses services et ses agents. Nous sommes une collectivité très forte sur les services à la population qui expliquent l'installation de foyers actifs sur notre territoire. Par exemple, avec le périscolaire que nous co-finançons à Saint-Martin-Longueau ainsi que le projet de crèche que nous portons à Verneuil-en-Halatte. Aussi, le recrutement du personnel que nous avons fait qui a permis d'absorber les listes d'attente des enfants dans le périscolaire. Ensuite, le territoire se définit aussi par son développement économique car nous sommes capables de faire venir des entreprises et de créer de l'emploi. Et nous avons eu la nécessité de développer la mobilité, ce que nous avons fait, d'où l'intérêt d'avoir pris la compétence «Transport» et ne pas l'avoir cédée à la région. C'est aussi une terre culturelle et touristique.
Vous croyez donc à l'identité d'un territoire ?
Je ne crois pas en la représentation selon laquelle les territoires seraient complémentaires les uns avec les autres. Pour moi, il y a vraiment une compétition entre les territoires puisque quand vous développez des zones économiques, vous créez de l'emploi, donc vous avez à cœur que le chômage baisse sur votre territoire. Vous créez des recettes fiscales, et j'ai plutôt envie qu'elles bénéficient à l'intercommunalité. Je ne crois pas non plus en la théorie selon laquelle «plus c'est grand et mieux c'est». Je pense surtout que es gens sont très attachés à l'identité de leur territoire, à leur commune et à leur maire et nous n'avons pas besoin d'être très grand pour être efficaces. Nous devons exister entre Creil, terre industrielle forte, le pôle de Chantilly autour de l'équitation et Compiègne avec sa dynamique économique. Nous devons donc créer notre dynamique propre et notre identité propre, notamment au travers des services et du développement économique dans le but de répondre aux habitants et d'attirer des entreprises, comme GPA 26, qui a choisi Pont-Sainte-Maxence pour s'installer, qui va créer une centaine d'emplois tout en investissant 42 millions d'euros, et engagée dans le grand défi du siècle, la transition écologique.
Comment se dessine l'économie de la CCPOH ?
Elle se dessine autour des trois grandes zones économiques et bientôt autour du sanctuaire antique d'exception, le Champs Lahyre à Pont-Sainte-Maxence, puisque la ville a acquis 28 ha et au regard de l'attractivité du territoire, a cédé 14 ha à la communauté de communes. Je suis assez confiant car je crois en la vertu des contraintes. Je crois que la géopolitique, le contexte politique et budgétaire très compliqués sont des leviers d'action, et il faut savoir être plus créatif et plus dynamique que les autres territoires... c'est ce que nous savons faire parce que nous avons des services qui sont remarquables. Nous avons une personne dédiée au service économique, une autre au commerce et nous avons recruté une personne pour faire le lien entre nos entreprises et les demandeurs d'emploi. Et aujourd'hui, il y a un écosystème autour du développement durable, nous le voyons avec les deux locomotives que sont Paprec et GPA 26. Notre force économique est aussi l'artisanat qui brille notamment à la Zac des Cornouillers à Sacy-le-Grand, qui regroupe des artisans. Nous regroupons beaucoup de petites entreprises et c'est notre force. Par contre, nous ne voulons pas développer la logistique, au sens où nous ne voulons pas d'entrepôts vides qui ne créent pas d'emplois.
L'enjeu est d'être attractif ?
Oui mais aussi ne pas être «mono». Rien ne serait plus dangereux que d'être mono-industriel car si la filière subit un choc cela devient systémique. Durant la crise Covid-19, les communautés de communes qui n'avaient qu'une mono activité ont été frappées de plein fouet, avec des ressources qui ont diminué. Cela n'a pas été notre cas. Il ne faut pas être «mono» et ne pas avoir que de grandes entreprises, d'où l'idée d'avoir des zones d'activités avec de l'artisanat, de grandes entreprises locomotives et il faut penser à se réinventer. Je pense aussi que nous devons porter une réflexion sur l'intelligence artificielle, un sujet porté par le président de la région Xavier Bertrand. Et c'est aussi un enjeu pour les services, car il ne faut pas que les agents et les élus fassent toujours la même chose.
Cette résilience passe aussi par le commerce ?
L'enjeu est de préserver notre tissu
commercial et sur le territoire, il est assez dynamique. Il faut que
nous continuions à tout faire pour la pérennité du petit commerce
en améliorant la qualité de nos rues, la sécurité. Par exemple, à
Pont-Sainte-Maxence, nous préemptons les baux commerciaux et nous
achetons des murs pour installer des commerces. Et puis nous faisons
des opérations comme des bons de fin d'année qui fonctionnent très
bien, ou encore la Cérémonie des créateurs d'entreprise. Nous
sommes une des rares collectivités à avoir soutenu les commerces
dits «non essentiels» en assumant une grande partie des loyers des
commerces quand ils étaient fermés. Le commerce fait vivre une
ville et évite d'être une ville- dortoir même si c'est très
compliqué aujourd'hui, en raison des grandes zones commerciales et
en raison de la mutation que nous vivons avec le commerce en ligne.
Mais il faut aussi que les commerces pensent à se réinventer,
notamment dans leur communication. Dans ce sens, à
Pont-Sainte-Maxence, nous avons lancé le règlement local de
publicité qui vise à améliorer les façades des commerces car cela
fait partie de l'attractivité d'un commerce. Quand il y a une
dynamique globale, les commerces fonctionnent très bien. Nous le
voyons à Pont-Sainte-Maxence où le commerce est vivace.
La CCPOH est-elle une terre
touristique ?
On pourrait croire que notre territoire n'a aucune ressource, enserré entre Senlis, Chantilly et Compiègne, alors même que nous avons de très nombreux atouts touristiques. Alors, nous nous sommes positionnés sur des offres différentes. Nous sommes capables de mettre en valeur la forêt d'Halatte, la rivière Oise avec des croisières notamment, mais aussi les marais de Sacy, une zone labellisée Ramsa qui est une zone humide remarquable. J'ai à cœur de développer le tourisme. Nous n'avons pas une dynamique propre comme Chantilly et Compiègne avec leurs châteaux, mais nous avons nos armes propres. Nous avons des ressources qui sont autres avec un personnel remarquablement dynamique et créatif. Nous avons un projet d'une halte fluviale, à Pont-Sainte-Maxence, qui devrait faire débarquer des bateaux de croisière et des plus petits bateaux dans de meilleures conditions.
La culture est centrale pour vous, pourquoi ?
Jeune, je n'ai pas eu accès à la culture, et je pense que les enfants s'en sortiront aussi par la culture et l'enseignement. C'est pour cela que nous avons mis la jeunesse au cœur de notre programme. Nous portons un projet culturel autour du Conservatoire et de la Manekine, qui fait de la communauté de communes le premier territoire de l'Oise labellisé 100% «Éducation artistique et culturelle». Ce label est pour toutes les actions que nous menons pour ce projet mais pas seulement : les agents de ces deux lieux culturels vont dans les écoles rencontrer les jeunes et les sensibiliser à différents arts. Par exemple, une équipe du Conservatoire effectue des «orchestres à l'école» au collège. Il faut que les enfants touchent les instruments et les découvrent. Nous amenons les jeunes dans les lieux culturels pour qu'ils se l'approprient.
La culture se diffuse dans toute la
CCPOH...
Il n'y a pas un village qui n'ait pas vu les services de la culture. La culture n'est pas élitiste, elle est pour tout le monde et je veux que la culture irradie partout. Nous avons aussi une programmation culturelle ambitieuse. La culture crée également l'identité d'un territoire. Nous sommes aussi reconnus territoire de création artistique : nous avons des compagnies en résidence qui créent les pièces à la Manekine et nous sommes largement subventionnés par la DRAC. D'ailleurs, nous avons un projet de rénovation de la Manekine, et ce lieu doit symboliser l'importance de la culture sur notre territoire.
Finalement, quelle est votre
philosophie d'actions ?
Je dirai : toujours plus. Vous ne m'entendrez
jamais me plaindre. J'ai une conception prométhéenne de la vie. Je
crois en la vertu des contraintes qui nous obligent à agir. Je pense
qu'il faut toujours se réinventer. Je ne suis pas de ceux qui
pensent que c'était mieux avant : nous avons une chance
extraordinaire d'influer sur le cours de la vie des gens, je pense
donc que nous avons toujours les ressources pour s'en sortir. Je ne
suis pas inquiet pour la CCPOH, il y aura des choix à faire, mais
nous sommes capables de se projeter et d'anticiper. Quand on est la
CCPOH, on se doit d'être ambitieuse.
En chiffres
1 400 entreprises
17 communes
35 000 habitants