Comment s’organise la continuité de service

Cela fait maintenant plus de quinze jours que le gouvernement a décidé la fermeture des commerces non essentiels et que l’activité économique tourne au ralenti, les Français devant trouver une nouvelle organisation pour continuer de travailler.

Dès la détection des premiers cas dans l’Oise et le Haut-Rhin, le milieu médical s’est organisé afin d’absorber l’afflux de patients. En parallèle, les nombreuses activités liées à l’agroalimentaire, mais aussi les grands groupes assurant la fourniture de l’énergie, la gestion et l’entretien des réseaux d’eau potable et d’assainissement ou encore la collecte des déchets ménagers, recyclables et médicaux mettent tout en œuvre pour assurer la continuité des services malgré la pandémie. Une nécessité pour la population et pour les entreprises et commerces qui restent ouverts.  

Organisation 

À l’échelle régionale, dès les premières alertes, le groupe Veolia, prestataire de service dans le domaine des déchets, a mis en place des mesures préventives pour protéger au mieux ses salariés. «Nous ramassons les déchets aux cœurs de la zone où les premiers cas de Coronavirus ont été détectés dans les Hauts-de-France. Nous avons donc dû réagir très vite pour assurer la qualité de service tout en protégeant nos hommes», souligne Stéphane Gorisse, directeur régional Nord-Normandie Veolia propreté. 

Même discours chez Veolia eau et assainissement : le directeur régional, Didier Benard, évoque «un modèle organisationnel spécifique et dédié à la situation de crise». Un maximum de salariés des activités supports ont ainsi été mis en télétravail afin d’assurer la continuité des services. Pour les métiers où ce n’est pas possible, «nous avons mis nos hommes en astreinte, avec une rotation plus fréquente du personnel. Personnel qui est  dans le même temps invité à se laver les mains encore plus fréquemment et qui doit porter, lorsque cela s’avère nécessaire, les équipements de protection appropriés». 

Veolia continue à assurer un acheminement 24 heures sur 24 de l’eau et déploie les moyens nécessaires pour le bon fonctionnement des installations.

Priorisation

L’accueil du public étant impossible en raison du confinement, le groupe a mis en place un système automatisé invitant les usagers à effectuer les démarches courantes par l’intermédiaire de la plateforme Web dédiée. «Nous traitons encore les demandes les plus urgentes et avons décidé de prioriser nos interventions sur le terrain», précise le directeur régional. 

En cas de fuites sur un compteur ou de bouchon sur le réseau d’assainissement, une intervention d’urgence est programmée. «Les usagers ne le savent pas, mais les lingettes qu’ils utilisent pour désinfecter les objets et leurs mains doivent être mises à la poubelle», rappelle Laurent Kosmalski, directeur de territoire Artois. 

En effet, les lingettes jetées dans les toilettes bouchent les réseaux et nécessitent une intervention spécifique. Même constat au niveau des poubelles. «Il ne faut surtout pas mettre les mouchoirs en papier, les masques et gants usagés avec les déchets recyclables, mais dans un sac fermé avec les déchets ménagers», précise Cécile Sauer,  responsable communication externe pour Veolia propreté.  

Dans le domaine des déchets, l’organisation est différente. «Nous ne pouvons pas ne pas ramasser les déchets ménagers et nous avons dû nous organiser en conséquence», indique Stéphane Gorisse. Le ramassage des ordures ménagères se fait donc par des équipes réduites à deux personnes, au lieu de trois en temps normal, afin d’assurer la distance barrière minimale d’un mètre entre le chauffeur et le ripeur pendant le trajet en camion. 

Autre point important, l’organisation dans les centres de tri : «Ceux qui ne permettent pas d’assurer la sécurité de nos hommes ont été momentanément fermés.» Les déchets sont  donc, lorsque c’est possible, envoyés vers d’autres centres de tri. Ils peuvent également être temporairement stockés, comme c’est le cas notamment des déchets de la collecte sélective que l’on retrouve dans les poubelles jaunes. 

Au niveau local

L’organisation du groupe au niveau local est calquée sur l’organisation régionale, chaque directeur de territoire gérant ses effectifs pour parer aux nécessités des différents services. 

«Dès l’annonce du confinement des enfants, collégiens, lycéens, nous avons dû nous organiser, une partie de notre effectif ayant utilisé le dispositif Ameli pour garder leurs enfants. Dès l’annonce du confinement total, nous avons mis en place le télétravail», explique Laurent Kosmalski. Ainsi, sur les 200 salariés que compte le territoire Artois-Douaisis, 45 ont été mis en télétravail ; 75 sont réservistes et peuvent intervenir au plus vite. 

«Les hommes et les femmes du groupe ont très bien accueilli les mesures mises en place. Ils se mobilisent quotidiennement pour assurer la continuité et la qualité du service.» Et Didier Benard de conclure : «Nous imaginons toujours des situations de crise et sommes préparés. Cependant, la situation que nous vivons actuellement est inédite…»