Comment sauver une salle des fêtes «remarquable» sans passer par les banques ?
L’argent se fait rare, les subventions incertaines, le patrimoine encombrant. A Wallers, la superbe salle des fêtes construite par les Mines d’Anzin en 1907 tente de survivre grâce à plusieurs expédients financiers parfois originaux. Mais la crise dope l’imagination…
La très sourcilleuse DRAC (Direction régionale des affaires culturelles)1 dit qu’elle est «remarquable», elle figure aux Monuments historiques, TF1 est venue en mars et elle a servi pour le casting de Germinal. La Compagnie des mines d’Anzin en 1907 en fut la génitrice, mais à cette époque l’argent coulait à flots entre Denain et Quiévrechain… Aujourd’hui, le plancher gonfle, le plafond tombe, les murs se lézardent, on a dû la fermer. Le maire, Salvatore Castiglione, ouvre maintenant la boîte à idées. D’abord des travaux d’urgence juste pour rouvrir : c’est donc trouver 1,7 M€ sur les 3,5 estimés nécessaires en bout de course. A 100 m du site minier d’Arenberg, à 200 m de la tranchée d’Arenberg (Paris-Roubaix) et à 300 m de la mare à Goriaux chère à George Sand, cela mérite un effort, non ?
Recherche mécènes… Mais cette première phase, comment la financer ? La salle n’est que municipale donc l’Agglo (la CAPH) ne peut faire d’exception financière juste pour elle. Des pistes existent : entrer dans l’enveloppe 2014-2030 des Fonds territoriaux du bassin minier (FTBM) passant par la Région. La DRAC a octroyé une subvention de 30 à 40% de ce 1,7 M€. Avec le FTBM, 80% seraient ainsi couverts. L’Etat mettrait 200 000 €, et Jean-René Lecerf, 20 000 € (sur ses fonds de réserve de sénateur du Nord). Mais la Ville devrait ensuite actionner 66% du total en fonds propres. Beaucoup trop… Elle cherche des mécènes donc. L’Oréal, le Crédit agricole et la Fondation Total seraient sur les rangs. Le but, c’est de ne pas demander d’emprunt bancaire. D’autant que la seconde phase (l’ouverture au public, donc aux normes) coûterait 800 000 € et que ce ne serait sans doute pas fini.
Arrive le messie, inattendu comme tous les messies contrairement à ce que prétend la Bible : le prince d’Arenberg − oui, il existe un prince d’Arenberg… −, qui partage son temps entre Bourges et la Belgique, et qui a visité les lieux. Enthousiasmé, il a reconnu en cette salle des fêtes une partie du patrimoine de sa famille qui avait investi ici alors qu’il était tout enfant.
Autre piste, le pôle numérique régional dédié à l’image qui est en train de naître dans les immenses bâtiments du site minier, et qui pourrait, pourquoi pas, s’emparer de ce grand vaisseau de briques rouges faïencées pour sa communication ou y loger une de ses structures. Bref, ça cogite sec à Wallers et si la médiatisation du projet est bien menée, sans doute d’autres partenaires financiers pourraient s’inviter au balcon de l’histoire de l’architecture industrielle et minière…