Comment mieux accompagner la création d'entreprise en France ?

C'est la question primordiale que s'est posée le Labex Entreprendre. Pour y répondre, ce laboratoire de recherche a rédigé un «Livre Blanc sur les structures d'accompagnement à la création d'entreprises en France». Le point sur le constat et les recommandations de cette première analyse du genre.

Chambres de commerce et d’industrie, technopoles, pépinières et couveuses d’entreprises, etc., les structures pour accompagner la création d’entreprise ne manquent pas actuellement en France. Notre pays est d’ailleurs champion de cette discipline en Europe : en 2013, plus de 538 185 entreprises ont vu le jour.

Mais derrière ce tableau idyllique se cache une autre réalité révélée par le Labex entreprendre. En effet, en 2010 seulement 28% des entreprises créées sont accompagnées par une structure spécialisée. De plus, l’instauration du régime d’auto-entrepreneur depuis janvier 2009 vient biaiser ces chiffres1.

Face à ce constat, une analyse approfondie des structures d’accompagnement à la création d’entreprise paraît nécessaire. C’est ce qu’a fait le Labex entreprendre, laboratoire spécialisé en entrepreneuriat de l’université de Montpellier dirigé par Karim Messeghem, avec une étude développée au sein du programme de recherche «Management et évaluation des structures d’accompagnement à entrepreneuriat». Son objectif : mieux comprendre la galaxie complexe des structures d’aide à la création d’entreprise en France.

Une enquête nationale a ainsi été lancée par le Labex entreprendre, de juin 2012 à avril 2013, sur les principaux réseaux français impliqués dans l’accompagnement entrepreneurial. Ainsi, 135 structures ont été passées au crible, soit un dixième de l’ensemble des organismes mis en place dans l’Hexagone.

En s’appuyant sur ce bel échantillon, trois profils types de structures ont été dégagés : les “structures généralistes”, avec pour objectif principal le développement économique d’un très grand nombre d’entreprises ; les “structures technologies” visant l’accompagnement de quelques entrepreneurs qui désirent créer des entreprises innovantes ; et enfin les “structures de l’économie sociale” favorisant un développement social des territoires et l’accompagnement économique d’un nombre important d’entreprises de petite taille.

Au-delà de cette typologie, le Labex entreprendre met en avant le double challenge de ces structures, devant améliorer le taux de pérennité des nouvelles entreprises et les soutenir lors de leur démarrage, mais aussi, répondre aux attentes des pouvoirs publics qui veulent des sociétés à fort potentiel de croissance et créatrice d’emploi.

Pour relever ces défis, le laboratoire formule des préconisations claires. Il prône en effet une meilleure gouvernance de cette “galaxy accompagnant”, la Région apparaissant, selon l’analyste, comme l’acteur le mieux placé pour le faire, en association avec la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi). Il faut aussi encourager la collaboration d’acteurs en compétition sur le marché de l’accompagnement, pour éviter les doublons ainsi que le gaspillage de ressources.

Le livre blanc met également en avant le rôle central des chargés d’affaires. Investir dans le capital humain de ces derniers et valoriser leur travail, telles sont les recommandations du document. En conclusion, le Labex souligne que les profils des porteurs de projet sont de plus en plus diversifiés, les outils d’accompagnement doivent suivre cette évolution et s’y adapter.

La remise à niveau des structures d’accompagnement en création d’entreprise préconisée par le Labex entreprendre paraît plus que jamais nécessaire, dans un contexte économique difficile mais aussi un environnement institutionnel et fiscal instable.

1. 51,1% des entreprises créées en 2013 sont des auto-entreprises d’après l’INSEE (janvier 2014).