Commande publique
Clause d’insertion pour les marchés publics : un levier pour l’emploi qui a fait ses preuves
Les clauses sociales dans les marchés publics existent depuis plus de 13 ans dans le Saint-Quentinois. Elles prévoient une obligation pour les entreprises qui répondent à une commande publique d’inclure des heures de travail pour des personnes éloignées de l’emploi.
« Ça m’a permis de me mettre le pied à l’étrier », s’enthousiasme Ludovic Lejeune. Le Gabonais de 24 ans, vit en France depuis trois ans. Il a bénéficié d’un contrat de quatre mois l’année dernière, en tant que manœuvre polyvalent, sur le chantier de l’ancien cinéma Casino de Saint-Quentin, qui deviendra une Maison de services à la population.
« J’ai appris beaucoup de choses, j’ai été formé aux règles de sécurité et à utiliser les machines, car en Afrique, le bâtiment, c’est surtout manuel », ajoute-t-il. Ce premier contrat a été un véritable tremplin pour le jeune homme, qui depuis, effectue des missions intérimaires, toujours dans le bâtiment. « Avant, c’était difficile, car je n’avais aucun contact, je ne savais pas où chercher du travail », admet-il.
Lutte contre l’exclusion
Comme Ludovic Lejeune, ce sont plus de 500 personnes qui ont bénéficié de 1 178 contrats de travail, depuis que le principe de la clause d’insertion pour les marchés publics a été mis en place dans le Saint-Quentinois, en 2007. Cette clause est un dispositif qui, dans le cadre d’un marché public lancé par une collectivité territoriale, permet à des personnes éloignées de l’emploi de bénéficier d’heures de travail. Une partie du travail généré par le marché leur est réservée, et les entreprises qui répondent aux appels d’offre doivent en tenir compte. Et le principe de la clause d’insertion est désormais entré dans les mœurs. Les entreprises, qui auparavant pouvaient se montrer réticentes, ont pris le pli.
« Ces clauses concernent toutes les personnes au chômage longue durée, ou bénéficiaires des minimas sociaux », détaille Florent Mahu, chargé de la mise en œuvre des clauses d’insertion à la Maison de l’Emploi et de la Formation du Saint-Quentinois, « avec des profils divers, des travailleurs handicapés, des jeunes sans qualification ou sans expérience professionnelle, des femmes en reconversion, des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans, etc. ». Cet outil de lutte contre l’exclusion favorise le retour à l’emploi.
Le bâtiment, principal secteur pour la clause d’insertion
« 90 % de ces clauses sont faites dans le secteur du BTP, même si on essaie de diversifier à d’autres secteurs, comme l’entretien ou les espaces verts », ajoute Florent Mahu. Ainsi, les gros chantiers de l’agglomération ont permis d’insérer ces clauses. « Le nouveau programme de rénovation urbaine dans la ville qui concerne deux quartiers, Europe et Neuville, va représenter environ 20 000 heures d’insertion par an pendant sept ans, cela va doubler nos heures d’insertion. Il y aura aussi le gros chantier du Canal Seine Nord », explique le chargé de mission, désormais à temps plein sur les clauses d’insertion, pour pouvoir répondre à la demande. « Je fais donc beaucoup d’informations et de rencontres métiers en ce moment sur tout le territoire, pour essayer de capter le public qui pourrait en bénéficier et le préparer ».