Cinq collectivités régionales montrent comment être concret

A une petite encablure du Sommet de Rio sur l’environnement et de ses retombées (ou plutôt son manque de retombées), le salon Environord a mis à l’honneur cinq écoréalisations territoriales. Malicieux pied de nez de la concordance des temps qui fait côtoyer action réelle locale et sempiternels palabres sous les tropiques…

Les récipiendaires réunis sur le plateau d’Environord 2012.
Les récipiendaires réunis sur le plateau d’Environord 2012.

 

Les récipiendaires réunis sur le plateau d’Environord 2012.

Les récipiendaires réunis sur le plateau d’Environord 2012.

Chloro’Villes 2012 – ou le “Prix environnement, développement durable et territoires” – et son jury composite (Région, Ademe, etc.) ont mis en avant et récompensé, lors du récent Environord, cinq actions concrètes de collectivités territoriales en faveur du développement durable. Quelques jours après, une forte délégation de la région se rendait à Rio de Janeiro pour le Sommet mondial sur l’environnement qui, de l’avis général, a accouché d’une souris. Ce qui rend le pragmatisme et l’esprit de décision des élus primés encore plus estimable puisque tout commence en matière de développement durable par l’action locale concertée.

Urgence ! Dans quatre catégories (préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources naturelles ; production et consommation responsables ; mobilité et transports alternatifs ; urbanisme et bâtiments durables), cinq collectivités sont montées sur le podium où Myriam Cau, vice-présidente du Conseil régional, a rappelé dans quel contexte cette cérémonie survenait : “Depuis le premier Chloro’Villes, le contexte écologique mondial s’est encore aggravé, nous sommes en difficulté. Il nous faut tous agir encore plus vite : 48% des climats vont disparaître. C’est la troisième fois que nous envoyons au Sommet mondial une délégation du Nord-Pasde- Calais, plus forte à chaque fois. Ensuite, nous aurons un an pour débriefer et préparer une grande charte.
Beaucoup de projets régionaux ont été présentés au jury, cinq ont été primés.

Des chauves-souris et des arbres. Marquette-lez-Lille pour la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources naturelles, via une réalisation en écopâturage. “Quand chauvessouris, animaux de la ferme et habitants tissent des liens” : l’opération ainsi nommée remonte à 2002 et consiste à faire entretenir des espaces verts urbains par des animaux avec le double avantage de refamiliariser l’habitant avec l’animal et de préserver l’environnement grâce à des méthodes on ne peut plus naturelles. Transhumance nocturne urbaine, Bat’Night, mini-fermes dans les crèches…, ces actions ont, par exemple, provoqué la disparition des chironomes, ces petites mouches qui empoisonnent la vie des citadins, chassées par les chauvessouris revenues nicher dans la ville. La population et quelques associations ont massivement participé et le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter.
La communauté d’agglomération de l’Artois dans les projets territoriaux de développement durable pour son opération “1 000 arbres et arbustes par commune”. De 2010 à 2015, 60 hectares dans la trame Verte et Bleue sont en cours de replantation, après deux autres opérations, “Plantons le décor” avec les parcs naturels, et le reboisement compensatoire lié au chantier du Louvre-Lens. Les 59 communes ont massivement approuvé et participé à la création de nouveaux corridors biologiques et au reboisement. En 2011, un hectare a été replanté. A ce rythme, 10 hectares par an le seront malgré une certaine diff iculté à retrouver des espaces où faire repousser une forêt. Associations d’insertion et écoles se sont mobilisées, l’intercommunalité envisage même la possibilité future de créer une filière bois.

Consommer et bouger durablement. Linselles a brillé dans la production et la consommation responsables avec son projet “Consommer durablement dans une collectivité”. Tous les aspects de la collectivité linselloise seront bientôt dans un Agenda 21. La ville s’est lancée dans une démarche d’achats responsables en concertation avec son personnel avec, pour corollaire, un dialogue régulier avec les fournisseurs. Un guide, “Auto-produit”, en est résulté ainsi qu’un suivi permettant de vérifier et de mesurer le bien-fondé de la démarche. Tous les domaines d’activité sont concernés : restauration de bâtiments, fournitures de bureaux et scolaires, produits d’entretien et phytosanitaires, etc. La population est informée de chaque pas en avant fait par la municipalité via les supports de communication habituels.
La Madeleine, lauréate dans la mobilité et les transports alternatifs. Son projet “Des voies, des arceaux, des vélos” a été primé parce qu’il répond de façon pertinente et durable à l’une des principales problématiques de cette ville très passante : les déplacements des populations. Quelques chiffres suffisent à comprendre : 14% d’émission de gaz à effet de serre sur son territoire, 85% des déplacements effectués en voiture malgré la présence de bus et du tramway, des axes de circulation à retravailler, créer des espaces pour accueillir 20 contresens cyclistes et 300 places de stationnement. Tout a été repensé grâce notamment à la collaboration avec l’association “Droit au vélo”. Il s’est aussi agi d’encourager les habitants à ressortir leurs vélos du garage, financer l’achat d’antivols performants, distribuer des kits d’éclairage ou formaliser des itinéraires cyclables. Tout cela a été mené à bien sans gêner l’automobiliste dont l’espace n’a pas été rogné. Ce qui fait dire au maire qu’on peut encore aller plus loin pour équilibrer les différents usages de la voirie pour enfin désengorger la circulation à La Madeleine.

Un bâti environnemental. La communauté de communes de l’Atrebatie primée dans l’urbanisme et le bâtiment durable. Dans la ville de Tincques, l’EPCI a logé sa plate-forme multiservice (un hôtel d’entreprises toutes déjà engagées dans le développement durable) dans un bâtiment conforme à la réglementation thermique 2012, basse consommation (41 kW/m2), charte chantier Vert. C’est-à-dire que des liens ont été tissés entre un chantier “apprenant” et un lieu appelé à devenir un pôle de formation autour de la qualité environnementale du bâti. Ce genre de réalisation va d’ailleurs être étendu au parc immobilier communal et intercommunal. Une centaine d’entreprises vont participer prochainement à des sessions commandées par un bailleur social. Qu’il s’agisse du bâti ou de l’écorénovation, les personnels du territoire sont appelés à se familiariser avec ces techniques. De plus est né un outil financier via le plan éolien qui doit permettre de dégager des ressources abondant un fonds qui permettra ces mises aux normes énergétiques des bâtiments communaux. C’est ainsi que l’EPCI a étendu à des vestiaires de football et des locaux associatifs ces techniques novatrices par un bâtiment en BC avec chaudière à granulés bois. C’est ainsi que 40% des coûts énergétiques ont été gommés des factures.