Chauffeur de bus tué à Bayonne: les deux accusés condamnés à 15 et 13 ans de réclusion

Wyssem Manai et Maxime Guyennon ont été condamnés jeudi soir à 15 et 13 ans de réclusion criminelle pour avoir mortellement frappé un chauffeur de bus à Bayonne en 2020...

Véronique Monguillot (C) tient une photo de son mari lors d'une marche blanche le 8 juillet 2020 à Bayonne en hommage à ce chauffeur de bus mortellement frappé pendant son service © Iroz Gaizka
Véronique Monguillot (C) tient une photo de son mari lors d'une marche blanche le 8 juillet 2020 à Bayonne en hommage à ce chauffeur de bus mortellement frappé pendant son service © Iroz Gaizka

Wyssem Manai et Maxime Guyennon ont été condamnés jeudi soir à 15 et 13 ans de réclusion criminelle pour avoir mortellement frappé un chauffeur de bus à Bayonne en 2020 par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques.

Le verdict, rendu après cinq heures de délibéré, est proche des réquisitions de l'avocat général, qui avait demandé 15 ans de réclusion pour les deux accusés, et rejette la demande de la défense de Maxime Guyennon de requalifier les faits en "violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours".

"On a réclamé une justice exemplaire on ne peut pas dire qu'on l'ait eue. Pour moi une justice exemplaire, ça aurait été 30 ans de prison", soit la peine maximale encourue pour les faits reprochés, a réagi Véronique Monguillot, la veuve de la victime, à la sortie de la salle.

Les deux hommes, âgés de 25 ans, comparaissaient depuis cinq jours pour des violences volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner, de Philippe Monguillot, un conducteur de 59 ans, marié et père de trois filles, qu'ils avaient roué de coups le 5 juillet 2020.

Ce jour-là, après une première altercation liée à un contrôle de billet, une deuxième avait éclaté au sujet du port du masque sanitaire. Après avoir porté un coup de tête à l'un d'eux, le chauffeur avait été passé à tabac et laissé en état de mort cérébrale à côté du bus. Il avait succombé après cinq jours de coma à l'hôpital.

Survenu au début d'un été post-confinement, ce drame avait déclenché une vague d'émotion nationale, une marche blanche réunissant des milliers de personnes à Bayonne.

Coup de tête

"Philippe Monguillot ce jour-là n'avait rien demandé à personne, il faisait son travail", a dit l'avocat général, évacuant une "quelconque responsabilité" de la victime: "Le coup de tête est une réalité et alors ? Il ne justifie rien, il ne pourrait jamais justifier ce déferlement de violences".

Plaidant pour les proches du défunt, Me Alexandre Novion a fustigé de "mauvais comédiens" qui ont "voulu faire de ce coup de tête un point névralgique du dossier".

Le déroulé des violences, filmées par des caméras de vidéosurveillance, a été retracé durant les débats, la cour interrogeant des témoins encore choqués. "C'est la première fois que je vois des témoins fondre en larmes devant une cour d'assises trois ans après les faits", a souligné jeudi l'avocat général, qui avait requis la même peine à l'encontre des deux accusés.

L'avocat de Maxime Guyennon s'est employé, lui, à découper la scène, se concentrant sur les violences dont Philippe Monguillot se relève avec "une commotion cérébrale", de l'avis du médecin légiste, passible de "15 jours d'ITT".

Son client aurait ensuite "tenté de rattraper" Wyssem Manai, "pour empêcher ce dernier coup de poing", a plaidé Me Frédéric Dutin qui avait demandé, en vain, de requalifier les faits reprochés à Maxime Guyennon en "violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours".

Dangereux

Me Thierry Sagardoytho, qui défend Wyssem Manai, avait enjoint les jurés de laisser "le bruit et la fureur à la porte de cette salle d'audience".

Pour lui, "l'essence de ce procès" tient dans les propos tenus par un témoin à la barre: "Cet homme-là ne méritait pas ça et ces garçons ne méritaient pas ça."

Il a salué jeudi soir une "décision harmonieuse", "loin des appels qui parfois confinaient à la haine" et qui "permet à ce garçon d'envisager un avenir" et ne fera pas appel du verdict.

La veille, les magistrats avaient peiné à faire reconnaître aux accusés leur responsabilité dans ce drame, après qu'un expert psychiatre qui les avait rencontrés quatre mois après les faits eut pointé leur "absence d'empathie et de sentiment de culpabilité".

"Tant que vous ne serez pas capable d'articuler +Je suis responsable de la mort de Philippe Monguillot+, vous n'aurez pas progressé", a lancé l'avocat général à l'adresse de Wyssem Manai lors de son réquisitoire. "Tant qu'il n'aura toujours pas compris les règles, il sera dangereux", a-t-il insisté.

Avant que la cour ne se retire pour délibérer, les deux accusés ont présenté leurs "excuses" et demandé "pardon pour tout le mal fait" à la famille Monguillot.

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