Chantage à la vidéo intime: nouvelles mises en examen pour le maire de Saint-Etienne
Le maire de Saint-Etienne, l'ex-LR Gaël Perdriau, a été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage" et "détournement de fonds publics" vendredi, a annoncé...
Le maire de Saint-Etienne, l'ex-LR Gaël Perdriau, a été mis en examen pour "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre un chantage" et "détournement de fonds publics" vendredi, a annoncé le parquet de Lyon dans un communiqué.
Ces mises en examen supplétives interviennent "sur la base des indices graves et concordants recueillis par les magistrats depuis le dernier interrogatoire du maire de Saint-Etienne", en avril dernier, précise le communiqué du parquet.
Au cœur du dossier, son rôle éventuel dans le tournage, l'utilisation et le financement via des détournements de fonds publics de cette vidéo tournée en janvier 2015 dans laquelle on voit M. Artigues se faire masser par un escort-boy dans une chambre d'hôtel.
L'élu de 51 ans "conteste toujours l'intégralité des faits" qui lui sont reprochés en lien avec l'existence de cette sextape destinée à neutraliser politiquement l'ancien adjoint centriste Gilles Artigues, ont pour leur part indiqué à l'AFP Me Christophe Ingrain et Jean-Felix Luciani.
Le maire et président de la métropole de Saint-Etienne avait déjà été mis en examen pour chantage le 6 avril dernier dans le cadre de cette affaire qui secoue sa ville depuis sa révélation en août 2022. Il avait alors été placé sous contrôle judiciaire, avec une caution de 60.000 euros.
Son contrôle judiciaire n’a pas été modifié et Gaël Perdriau "peut toujours exercer ses mandats", ont assuré ses avocats à l'AFP. Ils comptent faire "dans les tous prochains jours des demandes de confrontation qui démontreront la véracité des déclarations de (leur) client".
- "Sursaut de dignité" -
Exclu du parti Les Républicains, isolé, vilipendé par ses opposants mais aussi par certains de ses anciens amis politiques, M. Perdriau a toujours refusé de démissionner mais a dû réduire ses fonctions représentatives et se mettre en retrait de la métropole.
"Plus que jamais, sa démission s’impose comme une évidence: nous appelons solennellement la majorité municipale à un sursaut de dignité", a immédiatement réagi l'opposition municipale PS-DVG en dénonçant "un système mafieux généralisé".
Début janvier, l'annonce de la mise en examen supplétive de son ancien directeur de cabinet pour "association de malfaiteur" avait déjà suscité une vague d'appels à la démission. Pierre Gauttieri, qui fut son bras droit à la mairie et à la métropole de 2014 jusqu'à son licenciement fin 2022, s'est défaussé sur le maire en affirmant qu'il avait donné son "feu vert" à l'opération de chantage et en avait réglé le financement, selon des extraits de procès-verbaux publiés par Mediapart.
M. Gauttieri, qui avait jusque là nié toute responsabilité dans l'affaire, avait déjà été mis en examen pour "chantage" en avril dernier en même temps que M. Perdriau, qu'un ancien adjoint municipal Samy Kéfi-Jérôme et l'ex-compagnon de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet.
L'affaire a éclaté fin août 2022 après que M. Rossary-Lenglet a révélé l'existence de la vidéo tournée en janvier 2015. Il affirmait avoir participé à ce "barbouzage de mœurs" à la demande du maire et de son entourage, et assurait avoir été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations locales subventionnées par la mairie.
Au fil des mois, les enquêteurs ont récupéré plusieurs enregistrements audio et vidéo étayant ses confessions. Parallèlement, des auditions et des perquisitions accompagnées de saisies de documents, d'ordinateurs et de téléphones, ont nourri le dossier.
Les responsables des deux associations incriminées dans sa rétribution illicite ont été mis en examen en décembre 2023 et en janvier 2024 pour "complicité de détournement de fonds publics" et "abus de confiance", avec pour deux d'entre eux, un chef additif "(d')altération de document".
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